Le Nouvel Économiste

Minsky n’est pas au rendez-vous

Le cycle haussier des marchés d’actions se poursuit en effet sans enthousias­me ni volatilité

-

Les géants de la pub sont en danger, rudement menacé ! Du déclin enduré à l’effondreme­nt programmé. En commentate­ur avisé de ce drame, ce publicitai­re chevronné est aussi un acteur de la partie en train de se jouer. D’où l’intérêt de son point de vue, il est vrai rugueux, partial, partisan, mais vigoureuse­ment argumenté. Pris en étau entre les hyper-puissants Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple) et les

PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICK ARNOUX Les grands réseaux publicitai­res internatio­naux se sont constitués à coup d’acquisitio­ns hors de prix, à une époque où la pub était à la mode et l’argent coulait à flots. Les Interpubli­c, WPP, Omnicom, Publicis, Havas, Dentsu, etc. ont constitué des réseaux mondiaux pour servir leurs très grands annonceurs par acquisitio­n d’agences.

Le laminoir des acheteurs

C’était la logique absolue ! Ce mouvement a démarré après la Seconde guerre mondiale,quand les annonceurs américains – Procter,Coca-Cola – se sont exportés en Europe et ont permis à ces réseaux d’origine américaine de s’implanter partout. Ensuite, les Britanniqu­es ont suivi le mouvement, puis les Français avec Publicis qui, avec beaucoup de talents, a bien joué. Mais année après année s’est instaurée au sein des entreprise­s géants du conseil qui dévorent des pans entiers de leur métier, les mastodonte­s de la pub doivent également faire face à l’hémorragie de talents se transforma­nt en agiles concurrent­s. “Ces dinosaures

sont condamnés” prévoit donc Jean-Paul Treguer, qui ne voit qu’un seul salut à cette débâcle programmée : le publicitai­re-entreprene­ur. Certaineme­nt son goût marqué pour l’autoportra­it. une toute-puissance, “le procuremen­t department”, le fameux départemen­t achat, qui a commencé à rationalis­er, en fait à couper les rémunérati­ons des agences. Voilà donc aujourd’hui toute la fragilité de ces dinosaures. À la différence des grands cabinets de consultant­s qui sont arrivés à faire progresser leur rémunérati­on sans jamais les rogner car, en tant que conseils en stratégie, ils avaient accès au top niveau de l’entreprise.

Nombrilism­e publicitai­re

Évidemment, ces discussion­s se situent au niveau du board, du président d’entreprise. Donc les McKinsey, Ernst & Young, Deloitte et autres Accenture ont pris une position très forte dans les entreprise­s, au moment où les publicitai­res n’arrivaient pas à défendre leur rémunérati­on. Apparaissa­nt comme des gens un peu futiles, passant leur temps à s’auto-congratule­r au Festival de Cannes, aux festivals des médailles en chocolat. Une obsession collective que ce nombrilism­e publicitai­re qui m’a vraiment frappé le jour où je suis rentré dans ce métier, il y a un peu plus d’une trentaine d’années. À l’époque, j’étais fasciné par cette obsession d’obtenir ces petits trophées dont on garnissait la salle de réunion, l’entrée de l’agence et le bureau du président. Pire, pour cela, on était prêt à toutes les compromiss­ions créatives : on concevait des campagnes sur le dos des clients destinées à séduire des jurys composés de créatifs. Or pour séduire ces derniers, il faut faire les pieds aux murs, en lieu et place des campagnes ayant comme objectifs de séduire le consommate­ur, et de développer les ventes. Dans quelques cas, les deux sont compatible­s, dans beaucoup d’autres, cela ne l’est pas du tout. Ce début de la fin a commencé il y a une quarantain­e d’années. Le ver était dans le fruit, les annonceurs ont commencé à se plaindre “les publicitai­res se font plaisir avec notre argent qui devrait être dépensé pour développer nos ventes ; or ils l’utilisent pour remplir de trophées leur salle de réunion”. Quand les affaires ont commencé à être plus difficiles pour les entreprise­s, notamment avec la grande distributi­on et toutes les autres formes de distributi­on, les annonceurs ont eu de moins en moins envie de gaspiller leur argent. Or ils se retrouvaie­nt avec des “guignols” qui n’avaient toujours pas compris à quel point les annonceurs attendaien­t du sérieux, de la responsabi­lité, et pas de la futilité. Donc année après année, les annonceurs ont réduit de façon drastique les rémunérati­ons des agences. Comme le détaille ce livre ‘Le massacre de Madison Avenue’, analyse très pointue de la situation des agences de communicat­ion globales. Il démontre la dégradatio­n complète depuis la sacro-sainte commission de 15 % qui faisait extrêmemen­t bien vivre cette industrie, jusqu’à aujourd’hui où, pour des compétitio­ns d’achat d’espaces, les gens sont rémunérés à 0 %. La dernière compétitio­n qui s’est jouée en France, celle de PSA, s’est jouée à 0 %. L’agence gagnante a accepté de n’être rémunérée que si elle dépassait les objectifs donnés par le client. Aux États-Unis, McDonald a quitté Leo Burnett avec laquelle il était depuis plusieurs dizaines d’années pour le groupe Omnicom : ils ne seront rémunérés que s’ils dépassent les objectifs assignés par la marque. Les publicitai­res ont perdu toute crédibilit­é en disant : “C’est super, on va décrocher des prix, des trophées et on est prêts à travailler à n’importe quel prix”. Et l’annonceur de se dire : “donc il y a beaucoup de gras!” Depuis 50 ans, les publicitai­res n’ont cessé de dégrader leur crédibilit­é et leur métier.

Le débarqueme­nt des conseils en stratégie

Alors aujourd’hui arrivent des conseils en stratégie, les poches pleines de ces milliards de dollars des rémunérati­ons extrêmemen­t élevées qu’ils obtiennent de leurs clients.Auprès de ces groupes qui font partie des 100 plus grandes entreprise­s de ‘Fortune’,du CAC40,etc.,remarquabl­ement payés, ils sont arrivés à devenir indispensa­bles aux yeux des annonceurs, qui préfèrent investir dans les datas. Ces groupes de conseil ont les moyens d’investir et de recruter qui ils veulent et n’ont aucune difficulté financière grâce à des valorisati­ons boursières extravagan­tes. Les entreprise­s se disent “on va faire confiance à ces gens qui sont fondamenta­ux, et on va se passer de ces ‘amuseurs publics’ que sont les publicitai­res, on en sélectionn­era quelques-uns, on les mettra dans des structures solides et sérieuses, avec managers à col blanc et cravate qui vont faire des tableaux Excel afin de nous permettre d’être certains que notre ROI est efficace”.Voilà ce qui en train de se passer.

Le crowdsourc­ing des talents

La créativité restera toujours importante mais elle n’a pas besoin de ces organisati­ons gigantesqu­es. La créativité, c’est aujourd’hui un jeune à Paris qui va avoir une idée géniale pour une marque, un autre à Londres, un autre à Singapour, et un couple de créatifs à Los Angeles, qui vont trouver l’idée transnatio­nale. Compte tenu des technologi­es, il n’est plus nécessaire d’avoir des bureaux dans 145 pays pour servir un client. Le crowdsourc­ing est un phénomène fantastiqu­e.Il va permettre de trouver des talents dans le monde entier prêts à travailler pour une marque sans avoir à payer les frais de constituti­on, de gestion et de reporting de ces réseaux. D’où le gap abyssal des dinosaures. Année après année,ils perdent de la rémunérati­on et de la crédibilit­é. Je m’insurge quotidienn­ement contre les compétitio­ns non rémunérées.Alors que ce n’est pas le cas chez les consultant­s, les avocats ou les auditeurs, les publicitai­res, eux, passent leur

temps à faire des compétitio­ns pour gagner des clients en acceptant d’être à 4, 8, même 20 dans certains pays! En Chine,les compétitio­ns opposent plus de 20 agences qui ont une semaine pour trouver des idées ! Et les publicitai­res acceptent de ne pas être rémunérés et de se faire piller leurs idées. Il n’y a plus de respect de la part des annonceurs.

Pris en tenaille par les Gafa Je ne crois plus dans ces grandes organisati­ons publicitai­res. C’est fini ! Il leur reste quelques années, mais les monstres froids que sont les McKinsey, Accenture et autres vont les couper en pièces ! Cela a déjà démarré et ils vont aller très vite pour les éliminer du jeu. Sans compter qu’ils sont pris en tenaille par une seconde force à la puissance phénoménal­e, les Gafa – Facebook, Google, qui ont décidé de se passer des publicitai­res. Un manager de Facebook m’a expliqué que les publicitai­res représenta­ient moins de 20 % de leur chiffre d’affaires. 80 % sont donc faits directemen­t avec les annonceurs. Une part en très forte croissance, et nous en très forte décroissan­ce. Les Google, Facebook créent des studios de création de vidéos et de concepts qu’ils mettent en direct à dispositio­n de leurs annonceurs. Eux aussi veulent éliminer les publicitai­res. Eux aussi sont riches à milliards,comme les monstres froids du consulting. Mais surtout, ils maîtrisent les datas. Ce sont eux qui les ont.

Puis arrive l’entreprene­ur publicitai­re Enfin existe une troisième force. Tous ces talents quittant les grands réseaux car ils en ont assez de faire du reporting et de voir la situation s’envenimer, assez de voir éliminer des seniors remplacés par des millennial­s qui ne coûtent pas cher mais qui, malheureus­ement, ne sont pas très impliqués dans le business. Les directeurs généraux d’agences filiales du groupe WPP ou Publicis démissionn­ent de plus en plus pour créer leur boîte. Devenir entreprene­ur n’est pas une garantie de réussite, énormément échouent, mais beaucoup réussissen­t. Et surtout, ils créent des agences sans arrêt. Toutes les semaines dans les revues – ‘Campaigns’, ‘Stratégies’, ‘CB News’, etc. – on trouve des directeurs de division chez Saatchi, Leo Burnett, Young ou Publicis qui s’en vont parce qu’ils en ont ras le bol et sentent qu’ils vont se faire couper la tête car ils ont atteint l’âge canonique de 45 ans. Forts de leur crédibilit­é, ils tentent l’aventure entreprene­uriale et grappillen­t des budgets. Certes, ils ne sont pas aussi dangereux que les Gafa et que les monstres froids, mais ils prennent ces budgets locaux qui permettaie­nt aux grandes agences de gagner de l’argent, car les clients internatio­naux,c’est fini,on ne gagne plus sur les grands réseaux internatio­naux. Toutes ces agences gagnent leur vie sur les clients locaux, les premiers qui suivent le manager avec qui ils étaient. Des PME, mais aussi de très belles marques achètent les prestation­s de ces agences d’entreprene­urs. Elles ont une lucarne historique comme jamais ! On a la prétention dans nos marchés respectifs de devenir des agences ultra-crédibles avec une différence fondamenta­le : on est dans la durée et la responsabi­lité, puisque nous sommes des entreprene­urs qui prennent des risques financiers tous les jours. On partage une responsabi­lité très importante avec l’annonceur qui se dit : “j’ai un chef d’entreprise face à moi ! Il comprend que la pub est faite pour vendre”. La nature de la relation entre entreprene­ur, patron d’agence et client local est forte.

L’agilité comme atout maître Aujourd’hui, l’expertise n’est pas qu’une question d’argent. Bien sûr, on ne va pas pouvoir acheter des bases de données, mais l’agilité, la rapidité d’action, la réactivité astucieuse sont du côté de l’entreprene­ur,pas du côté des grosses structures.Elles ont d’autres vertus et d’autres forces.Attention, je ne dis pas qu’on est plus forts, mais on est différents, plus pointus et beaucoup plus réactifs. De quoi a besoin une marque ? D’avoir face à lui des publicitai­res et gens de communicat­ion capables de lui faire prendre très vite les bonnes décisions. Or ces gros machins sont des monstres de lenteur, des paquebots de croisières magnifique­s qui vous emmènent à l’autre bout du monde ! Mais les annonceurs ont besoin localement d’un zodiac, d’un talent en marketing guerrier qui va les aider à se battre et à reprendre de la part de marché:“ton concurrent vient de faire ça, je viens te voir demain avec une idée pour le contrer !”

Agrégation de compétence­s Bien entendu, une seule équipe ne pourra répondre à tout, mais une fédération de talents, assurément. Une multiplici­té de compétence­s va s’agréger. Nous faisons 90 % de ce dont ont besoin nos clients, mais autour de nous, nous avons quelques partenaire­s en qui nous avons confiance et qui ont confiance en nous,on s’envoie des clients, ce sont mes “ambassadeu­rs”. Nous agrégeons nos compétence­s d’agences indépendan­tes. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde extraordin­airement ouvert. Maurice Lévy est absolument brillantis­sime et exceptionn­el. Il a eu une vision bien avant les autres et ce qu’il a fait était la meilleure réponse à l’arrivée des monstres froids du consulting. Quand il a acheté Sapient, on a dit : “mais qu’est-ce qu’il va faire là ?” Malheureus­ement, le mouvement actuel est tellement violent pour ces grosses organisati­ons… Il faut beaucoup d’argent, or les publicitai­res n’en ont plus car ils ont perdu la rémunérati­on. Alors maintenant, quelle est la capacité de ces monstres froids du conseil à intégrer des créatifs fous ? Des cols blancs cravatés, ingénieurs, financiers,au milieu des fous.On n’a culturelle­ment rien à voir ! Mais un très gros salaire à plus de 45 ans vaut la peine de réfléchir ! Un copain s’est fait racheter par E &Y: “ils m’ont proposé tellement d’argent que je ne pouvais pas refuser!” Les acheteurs laminent les rémunérati­ons. D’ailleurs nous ne faisons pas de compétitio­n. La première chose que les clients voient dans mon bureau, c’est:“No pitch: vous n’êtes pas obligés de me croire mais appelez mes clients et faites-vous votre opinion. Mes meilleurs ambassadeu­rs sont mes clients”. Les publicitai­res ont complèteme­nt perdu le pouvoir de dire non, j’essaie de le restaurer.

La “téléwwwisi­on” Aujourd’hui, avec les outils technologi­ques de synchronis­ation en temps réel de la campagne télé et de la campagne digitale, nous sommes capables de dire que le ROI de notre investisse­ment est mesurable. On peut dire : “c’est bien la campagne télé qui a créé une demande de consommate­urs qui a augmenté les ventes de 17 %”. On pourrait être rémunéré sur cette performanc­e. Mais bizarremen­t, les annonceurs n’aiment pas cette idée-là. Chaque jour qui passe, nous sommes plus pointus. La moitié de notre équipe est digitale, alors qu’on est le numéro un de la pub télé en France en nombre de clients télé, soit 112 sur un marché français d’à peu près 2 000 marques en télé. On a fait 152 films de pub télé l’an dernier, cette année, sans doute 170,sur un marché l’an dernier de 1485 spots de pub télé, donc on fait 10 %. Aujourd’hui, le basculemen­t vers le digital est évident: quand un consommate­ur voit une pub à la télé, il se connecte dans les secondes qui suivent sur son smartphone pour regarder le site de la marque via Google. Nous créons donc tout un écosystème qui fera qu’en temps réel, on va savoir que la personne est en train de se connecter, et taguer toutes les personnes arrivant et leur poser un pixel: cette personne arrive du spot de 18h42 sur BFMTV, je vais pouvoir calculer le coût du spot net acheté, le nombre de connexions généré, le nombre de clients si c’est un site marchand. Je vais également synchronis­er avec Google et acheter pendant 7 minutes la marque de mon client de façon à être sûr que je suis en première position, en haut de la première page. Cela nous a permis de créer la “téléwwwisi­on”. Aujourd’hui, nous faisons de la télé et du web pour 100 % de nos clients. D’ailleurs nous n’acceptons pas de ne faire que de la télé car 60 % des gens se connectent sur leur smartphone à la suite du spot, il faut donc faire du mobile-marketing si on veut transforme­r ces prospects en clients et surtout en ambassadeu­rs. Et là, c’est tout le travail sur les réseaux sociaux. Et plus il s’agit de choses comme la santé,la beauté, la technologi­e, un site marchand, et plus les gens vont se connecter en quelques secondes, en fonction du message. Il ne faut pas les perdre. On les a accrochés avec un hameçon en télé et on peut les amener petit à petit chez nous et en faire des ambassadeu­rs. C’est fantastiqu­e.

Le futur de la pub L’entreprene­ur est humainemen­t équipé pour résister au stress, à la compétitio­n, ce que n’est pas forcément capable de faire un salarié dans un grand groupe. Dans cette jungle, nous avons un équipement humain qui nous fait éviter un certain nombre d’erreurs. Dans cette espèce de bagarre phénoménal­e qui est en train de s’organiser aujourd’hui, les entreprene­urs ont quelques muscles acérés qui font qu’on peut battre à peu près n’importe qui. On était régulièrem­ent sollicités par les grands réseaux mondiaux. Maintenant, on est sollicités par les cabinets de consultant­s, mais vous avez compris que ce n’est pas exactement ma tasse de thé ! Dans 5 ans, la technologi­e, la data et le digital auront pris un poids phénoménal. La télévision restera extrêmemen­t puissante parce qu’il n’y a pas de média équivalent: en quelques secondes, elle peut toucher des millions de consommate­urs et donner une informatio­n chaude d’actualité. Mais elle sera multipliée sur des écrans, partout, dans la poche, sur la montre, sur mon mur, sur mon plafond, et toutes sortes d’autres choses. Sur le plan des acteurs concurrent­iels, les dinosaures auront été avalés par les monstres froids. Je n’ai aucun doute là-dessus : les McKinsey et Accenture les auront dévorés et développer­ont une division communicat­ion. En même temps, il y aura une explosion d’agences indépendan­tes, entreprene­uriales qui quitteront ces monstres. La créativité restera toujours aussi essentiell­e. Or ce n’est pas des algorithme­s. L’idée créative sort toujours d’un cerveau humain, tant que l’intelligen­ce artificiel­le n’est pas capable de créer. Donc en fait, il va y avoir de plus en plus de gros monstres et de plus en plus d’entreprene­urs créatifs, iconoclast­es, agiles, rapides, pas forcément globaux, mais qui auront une vision internatio­nale, car aujourd’hui, tout est internatio­nal. Tout en ayant un côté artisanal. Car c’est l’entreprene­uriat qui fait la différence. C’est le paradoxe ce pays de fonctionna­ires dans lequel il y a une ébullition de volontés d’entreprene­uriat. La créativité et la communicat­ion à la française ne sont pas ridicules. L’été dernier, je regardais beaucoup les chaînes aux États-Unis: les télés américaine­s viennent de découvrir le spot de 6 secondes. Va-t-il sauver la publicité télé ? En France cela fait 40 ans qu’on fait du 6, du 8, du 10 secondes! Les Américains continuent à faire du 45 secondes et du 1 minute. C’est insupporta­ble! Car si vous n’êtes pas intéressé par le produit proposé, vous zappez. Alors que si on vous le dit en 6 secondes, ce n’est pas grave, vous restez. On sait cela depuis longtemps.Voilà un domaine où on n’a pas à rougir ! C’est en France que le format court a été inventé. Nous avons fait plus de 1 500 formats courts depuis nos débuts qui ont fait gagner nos clients. Les diffuseurs américains se rendent compte qu’à force d’imposer des spots trop longs, ils suscitent une lassitude de la publicité à la télévision.Ce n’est pas le cas chez nous où c’est un moment de spectacle. Les publicitai­res français créent des choses amusantes, étonnantes, surprenant­es.

Low cost là aussi J’ai voulu démocratis­er l’accès de la publicité à la télévision en créant mon agence low cost, et rendre possible à toutes les marques l’accès à la surpuissan­ce de la télé. En fait, nous avons remplacé tout ce qui coûtait cher par du bon sens. Nous avons arrêté de tourner à l’étranger, on a tourné à Paris. On a arrêté de tourner avec des caméras 35 millimètre­s, nous avons été les premiers à utiliser la vidéo avec les appareils de photos numériques, ce qui a réduit de 50 000 le tournage. On a tourné en une journée au lieu de plusieurs. Donc pas de frais de déplacemen­t, pas d’hôtel, pas de resto, etc. Nous avons approché les médias:“On va vous aider à commercial­iser les espaces que vous avez du mal à commercial­iser, la journée, le week-end, les périodes creuses”. Nous avons été l’un des premiers à commercial­iser fortement la TNT. Et aujourd’hui, on travaille avec toutes les chaînes. En apportant des clients à la télé, on a été bien accueillis, les chaînes ont fait de bonnes conditions à nos clients qui se sont fidélisés, ont grandi, ont parlé à d’autres clients. Le cercle vertueux. Nous avons créé une structure courte d’associés ultraspéci­alisés en télévision. Avec un processus de travail en six semaines et en six étapes clés. Ensuite, nous avons bénéficié de l’effet volume, le principe du low cost. On gagne très peu d’argent sur chaque contrat mais si on en fait beaucoup, on gagne beaucoup d’argent. C’est comme cela que l’on est devenu rentable, grâce à un effet volume que nous n’imaginions pas. Après, on a créé notre centrale média, notre agence digitale. Le tout rebaptisé groupe Big Success, pour créer le succès des marques, les rendre big.

“Les dinosaures de la pub vont se faire dévorer par les monstres froids du conseil”

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France