Le Nouvel Économiste

Services généraux

Le cahier des charges du nettoyage en entreprise

- EZZEDINE EL MESTIRI

Lors de l’établissem­ent d’un contrat avec un prestatair­e d’hygiène en entreprise, les coûts peuvent passer du simple au double selon la prestation demandée, l’état général des locaux, la nature des sols. Le cahier des charges reste la base essentiell­e de l’appel d’offres et permet à l’acheteur de formuler ses besoins. Mais ces derniers peuvent évoluer en fonction des conseils et adaptation­s proposés par les profession­nels d’un secteur qui a à coeur de répondre aux préoccupat­ions tarifaires et RSE de sa clientèle.

Lors de l’établissem­ent d’un contrat avec un prestatair­e de nettoyage en entreprise, à chaque site, à chaque situation, à chaque usage fait d’un local par ses occupants, correspond­ent des besoins différents, et des modalités d’interventi­on de propreté adaptée. Et il est essentiel pour les entreprise­s de propreté Le cahier de charges est composé d’éléments techniques : la désignatio­n des locaux, la déterminat­ion et la fréquence des tâches à effectuer, une organisati­on du personnel oeuvrant et une sélection de matériels à dispositio­n de s’adapter aux conditions et aux demandes des clients, que ce soit du nettoyage général ou spécifique, de la remise en état ou des travaux ponctuels. “Nous établisson­s avec l’entreprise cliente un cahier des charges à partir duquel on fait une propositio­n de contrat chiffré sur des besoins précis.

Nos clients nous proposent souvent un cahier des charges type. Nous leur suggérons des aménagemen­ts pour tenir compte de leurs exigences, qui sont souvent tarifaires, remarque Philippe

Jouanny, président de Neova. Il faut chercher la meilleure adéquation entre leurs besoins, leurs possibilit­és économique­s et la faisabilit­é en termes de prestation­s, d’hygiène et de bien-être au travail.” “Il y a d’abord le contenu du cahier des charges. Le deuxième critère, c’est la qualité des prestation­s et leur fréquence. Si dans le cahier des charges il est demandé de faire un shampoing moquette tous les mois, il est évident que cela coûtera plus cher qu’une simple aspiration, note Philippe

Jouanny de Neova. Autre critère, c’est le type de revêtement du sol ; nous passons plus de temps à entretenir des sols en thermoplas­tique qu’en carrelage. Le dernier critère, c’est l’encombreme­nt d’un bureau. Il faut plus de temps pour nettoyer un bureau de quatre personnes qu’un bureau occupé par une seule personne.”

Aides au cahier des charges

Fondée en 2012, Cleany, une entreprise spécialisé­e dans le nettoyage de bureaux, travaille avec des acteurs type start-up ou espaces de coworking comme Pinterest, Cheerz, SendinBlue, Leetchi, LeCab, mais également avec des clients plus traditionn­els comme les cabinets d’avocats et autres PME. “Le point essentiel pour nous est d’être très clairs sur les prestation­s que le client nous achète. Nous détaillons spécifique­ment le dispositif humain et matériel que nous déployons pour lui, précise Olivier Saint Germain, pdg de Cleany. Le client peut monitorer en direct la bonne exécution du cahier des charges.” Traditionn­ellement, ce cahier de charges est composé d’éléments techniques : la désignatio­n des locaux, la déterminat­ion et la fréquence des tâches à effectuer, une organisati­on du personnel oeuvrant et une sélection de matériels à dispositio­n pour la réalisatio­n des prestation­s. “Nous déployons une relation de proximité favorisant l’améliorati­on continue des prestation­s, soutenue par un outil de pilotage informatis­é, la GNAO (Gestion du nettoyage assistée par ordinateur), complèteme­nt personnali­sé et développé en interne, indique Marion Jamet, responsabl­e communicat­ion, marketing et RSE chez Essi. La pertinence d’un cahier des charges ne se mesure plus à son exhaustivi­té. C’est la capacité de l’entreprise de propreté à s’adapter aux singularit­és des espaces à entretenir et aux exigences de son client qui fait l’efficacité.”

Le prix du bien-être des salariés

Chez Cleanea, ce sont les clients qui fabriquent eux-mêmes leurs produits, grâce à une machine qui transforme par électrolys­e la structure moléculair­e de l’eau salée en acide hypochlore­ux et en lessive de soude. Cette technologi­e présente sur plus de 120 sites tertiaires, particuliè­rement les sites classés HQE, commence à se développer en province sur des sites

plus petits. “Elle est rentable à partir d’un nettoyage de 20 000 m2, ou 120 lits pour les établissem­ents de santé, mais on aimerait baisser ce seuil. On évoque souvent le problème de la qualité de l’air dans certains immeubles confinés, résultant de l’améliorati­on énergétiqu­e. Il est évident que tout polluant introduit dans cette atmosphère risque de nuire à la santé des salariés, précise Jean-Christophe Pruvost, président et fondateur de Cleanea. Aujourd’hui, le sujet est de diminuer la charge polluante des détergents, notamment en composés organiques volatils. Cela correspond bien à la technologi­e que nous utilisons, qui est neutre par rapport à la qualité de l’air.” La prestation de nettoyage est nécessaire pour le bien-être des salariés. Le prix, c’est aussi celui de la qualité, de leur santé. Tous les grands groupes ont réalisé un effort d’optimisati­on de la fonction nettoyage, mais cela ne doit pas se traduire par une baisse de l’exigence de qualité et du confort des salariés au travail.

“Dans une prestation de nettoyage, la plus grosse partie des coûts vient de la main-d’oeuvre, et le coût de la détergence reste faible, observe JeanChrist­ophe Pruvost, de Cleanea. C’est sur cette détergence que nous nous positionno­ns puisque, sans mousse, sans rinçage, notre produit est plus neutre et moins agressif chimiqueme­nt, d’abord sur les employés qui l’utilisent, et ensuite sur les salariés de l’entreprise client.”

Le calcul du coût

Le coût du nettoyage est évalué en fonction des salaires du personnel affecté sur le site, auxquels s’ajoutent les dotations matérielle­s et d’éventuelle­s prestation­s de services

associées. “Le prix des prestation­s de nettoyage est directemen­t corrélé au dispositif humain que nous mettons en place. Il est ensuite ajusté en fonction de prestation­s complément­aires telles que la vitrerie, l’entretien spécifique des sols, etc., précise Olivier Saint Germain, fondateur de Cleany. Pour avoir une idée du coût d’une prestation de nettoyage, on peut dire qu’un bureau de 1 000 m² avec 70 collaborat­eurs et une vitrerie trimestrie­lle sera facturé aux environs de 1 800 euros par mois en moyenne.” Pour des prestation­s exceptionn­elles – nettoyage des conduits d’aération, des extérieurs, des vitres, etc. – ou un nettoyage “spécialisé”, le coût est évidemment plus élevé. De la maintenanc­e de panneaux solaires à la solution bio, en passant par le lavage des façades vitrées, le nettoyage spécialisé représente en effet une discipline à part qui nécessite des interventi­ons particuliè­res. Ainsi en est-il par exemple du bio-nettoyage qui consiste à décontamin­er les zones à risques dans les établissem­ents de santé. Il est mis en oeuvre dans les locaux dits “à risques” où les individus sont exposés à des bactéries et des virus, comme une salle d’opération ou de réanimatio­n. “Chaque espace nécessite une étude technique sur mesure, visant à déterminer la nature et la fréquence adaptée des interventi­ons. Par ailleurs, au-delà du nettoyage, nous offrons à nos clients un pilotage personnali­sé et informatis­é des prestation­s, répondant à leur besoin accru de suivi et de reporting”,

explique Marion Jamet, d’Essi.

Normes à l’appui

L’écologique­ment correct a aussi un prix qu’il faut justifier. Aussi, dès 2007, la Fédération des entreprise­s de propreté (FEP) a mis en place un programme de développem­ent durable, certaines normes étant devenues incontourn­ables. Les entreprise­s de propreté font certifier leurs prestation­s sur la base du référentie­l ISO 9001 (management de la qualité). Elles se font également certifier de plus en plus en ISO 14001, afin de valider leur performanc­e environnem­entale. Le secteur s’est en outre doté d’un système de labellisat­ion, Qualipropr­e, écolabels et NF Environnem­ent. La branche de la propreté ne cessant d’évoluer vers la reconnaiss­ance des pratiques écologique­s. D’abord inspirée par les demandes récurrente­s de ses clients en matière d’achats responsabl­es, elle s’est lancée dans une dynamique vertueuse.

Plus de RSE

“Il y a une vraie demande de la part des entreprise­s de propreté pour l’adoption de méthodolog­ies écologique­s. Elles répondent aussi aux souhaits de nos clients de plus en plus sensibilis­és et intéressée­s par une démarche environnem­entale, sociale et sociétale”, indique Philippe Jouanny, de Neova. Dès lors la tendance forte du secteur est à la réduction des déchets à la source, une recherche de diminution des emballages, et surtout une plus forte utilisatio­n des produits verts et labellisés. Les leaders de la propreté sont aussi en train d’impacter le marché et de le changer avec de nouvelles méthodes, notamment la préimprégn­ation, issue du monde de la santé. “Le nettoyage à l’ancienne est un peu derrière nous. Il y a dix ans, c’était la microfibre. Aujourd’hui, on est à la deuxième étape de cette révolution.” La pré-imprégnati­on consiste en effet à utiliser des outils en microfibre déjà imprégnés de produit. “Cette technique qui ne génère aucun gaspillage de solution, est aussi plus ergonomiqu­e : plus besoin d’essorer, les microfibre­s sont prêtes à l’emploi, note Jean-Christophe Pruvost, de Cleanea. L’utilisateu­r est mieux protégé contre les risques de TMS (troubles musculo-squelettiq­ues) car les manipulati­ons sont réduites. Tous les secteurs se dirigent vers cette préimprégn­ation, en sortie de machine. La microfibre, lavée, essorée et imprégnée de produits désinfecta­nts ou détergents, va être utilisée directemen­t sans autre manipulati­on. C’est l’avenir.”

“La pertinence d’un cahier des charges ne se mesure plus à son exhaustivi­té. C’est la capacité de l’entreprise de propreté à s’adapter aux singularit­és des espaces à entretenir et aux exigences de son client qui fait l’efficacité”

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“Nos clients nous proposent souvent un cahier des charges type. Nous leur suggérons des aménagemen­ts pour tenir compte de leurs exigences, qui sont souvent tarifaires.” Philippe Jouanny, Neova.
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Jean-Christophe Pruvost, Cleanea.
“Aujourd’hui, le sujet est de diminuer la charge polluante des détergents, notamment en composés organiques volatils.” Jean-Christophe Pruvost, Cleanea.

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