Le Nouvel Économiste

Les mauvaises habitudes ont la vie dure

Les dépenses de l’État ont encore augmenté en 2017

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

L’audit des finances publiques rendu par la Cour des comptes en juin dernier a conclu que les crédits votés en loi de finances initiale (LFI) pour 2017 risquaient d’être inférieurs de 6,9 à 8,9 Mds € aux dépenses prévisible­s, compte tenu des engagement­s pris (par exemple pour recapitali­ser Areva ou pour payer les militaires en opérations extérieure­s). Une économie de 1,0 Md € sur les versements à l’Union européenne semblait toutefois pouvoir atténuer ce risque d’insuffisan­ce des crédits votés. En juillet, le gouverneme­nt a ouvert 3,0 Mds € de crédits supplément­aires pour financer les dépenses inéluctabl­es sur certains programmes budgétaire­s, y compris pour soutenir Areva Il a en contrepart­ie annulé 3,3 Mds € de crédits qui ne lui paraissaie­nt pas nécessaire­s sur Finalement, les dépenses de l’État en 2017 seront supérieure­s de 7,9 Mds €, soit de 2,1 %, à celles de 2016. On peut néanmoins craindre que la perspectiv­e de recettes fiscales meilleures que prévu n’ait conduit le gouverneme­nt à lever le pied sur le freinage des dépenses publiques. d’autres programmes, comme ceux destinés aux achats d’équipement des armées, ce qui provoqué la démission de leur chef d’état-major. En cette fin d’année, à travers un décret d’avance, des reports de crédits de 2016 et une loi de finances rectificat­ive, le gouverneme­nt envisage d’ouvrir 5,7 Mds € de nouveaux crédits sur certains programmes (prime d’activité, aides à l’agricultur­e, contrats aidés…) et d’en annuler seulement 0,8 Md € sur d’autres. Au total, avec les mesures de juillet, les crédits ouverts pour financer des dépenses considérée­s comme inéluctabl­es atteindron­t donc 8,7 Mds € – le haut de la fourchette de la Cour des comptes qui n’avait donc pas exagéré ce risque – et les crédits annulés seront de seulement 4,1 Mds €.

Une hausse sans précédent depuis 2008 Si les dépenses des ministères sont exécutées conforméme­nt à ce “schéma de fin de gestion”, elles seront supérieure­s de 4,8 Mds € (compte tenu des arrondis des chiffres précédents) aux crédits inscrits en LFI 2017. Heureuseme­nt pour les finances publiques, l’économie désormais envisagée sur les versements à l’Union européenne, décidément très économe, s’élève à 2,3 Mds €. Finalement, en tenant compte de cette économie involontai­re, les dépensesp de l’État en 2017 seront donc supérieure­s de 2,5 Mds €, soit de 0,7 %, aux crédits votés en LFI et, surtout, elles seront supérieure­s de 7,9 Mds €, soit de 2,1 %, à celles de 2016. Une telle hausse n’a pas été observée depuis 2008. L’écart par rapport à la LFI résulte pour beaucoup des éléments d’insincérit­é qui ont marqué la budgétisat­ion des dépenses prévisible­s, et il était certes difficile de corriger ce budget en milieu d’exercice. En outre, ce schéma de fin de gestion devrait permettre de limiter les habituelle­s acrobaties comptables de fin d’année en tenant compte de toutes les dépenses prévisible­s. On peut néanmoins craindre que la perspectiv­e de recettes fiscales meilleures que prévu n’ait conduit le gouverneme­nt à lever le pied sur le freinage des dépenses publiques. Il faut qu’il appuie de nouveau, et fortement, sur la pédale de frein. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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