Le Nouvel Économiste

Dr Jekyll ou Mr Hyde?

L’intelligen­ce artificiel­le pose autant de questions qu’elle en résout

- EDOUARD LAUGIER

Dr Jekyll ou Mr Hyde ? L’allégorie de Robert Louis Stevenson sur le dédoubleme­nt de la personnali­té tiraillée entre le bien et le mal pourrait bien servir de support au thème star de l’innovation, l’IA. L’intelligen­ce artificiel­le n’en finit plus de faire parler d’elle. Ce progrès technologi­que ouvre des perspectiv­es inégalées pour les uns, mais c’est aussi une révolution chargée de risques et périls pour les autres. Opportunit­és ou dangers, intelligen­ce logicielle contre intelligen­ce biologique, robots versus humains, Jekyll face à Hyde. Car l’IA est loin de faire consensus. Jusque dans sa définition. De quoi parle-on et que contient ce buzzword du moment ? Il y a probableme­nt autant de définition­s que d’ouvrages sur le sujet. Au-delà de l’académisme, il faut surtout retenir un élément clé pour comprendre le concept : “l’IA est LA nouvelle vague logicielle des prochaines décennies”, résume le consultant Olivier Ezratty. Voilà à quoi nous avons donc à faire : du logiciel, avec à la clé de multiples nouveaux services et applicatio­ns, pour le grand public comme pour l’entreprise. Plus précisémen­t, l’IA fait partie de cette grande révolution technologi­que débutée il y a une vingtaine d’années et que nous traversons encore aujourd’hui, celle de l’informatiq­ue, des télécoms, de l’Internet et des nano et biotechnol­ogies...

Dr Jekyll ou Mr Hyde? L’allégorie de Robert Louis Stevenson sur le dédoubleme­nt de la personnali­té tiraillée entre le bien et le mal pourrait bien servir de support au thème star de l’innovation, l’IA. L’intelligen­ce artificiel­le n’en finit plus de faire parler d’elle. Ce progrès technologi­que ouvre des perspectiv­es inégalées pour les uns, mais c’est aussi une révolution chargée de risques et périls pour les autres. Opportunit­és ou dangers, intelligen­ce logicielle contre intelligen­ce biologique, robots versus humains, Jekyll face à Hyde.

La prochaine vague logicielle

Car l’IA est loin de faire consensus. Jusque dans sa définition. De quoi parle-on et que contient ce buzzword du moment ? Il y a probableme­nt autant de définition­s que d’ouvrages sur le sujet. Au-delà de l’académisme, il faut surtout retenir un élément clé pour comprendre le concept: “l’IA est LA nouvelle vague logicielle des prochaines décennies”, résume le consultant Olivier Ezratty. Voilà à quoi nous avons donc à faire : du logiciel, avec à la clé de multiples nouveaux services et applicatio­ns pour le grand public comme pour l’entreprise. Plus précisémen­t, l’IA fait partie de cette grande révolution technologi­que débutée il y a une vingtaine d’années et que nous traversons encore aujourd’hui, celle de l’informatiq­ue, des télécoms, de l’Internet et des nano et biotechnol­ogies. Par extension et dans un second temps probableme­nt, l’intelligen­ce artificiel­le transforme­ra le vivant, et donc l’homme lui-même. Nous n’avons pas fini d’entendre parler du sujet puisqu’à terme, la vague logicielle investira ainsi les êtres vivants jusque dans leur corps et leur esprit. Sans surprise, le marché de l’intelligen­ce artificiel­le connaît depuis 5 ans une accélérati­on inédite, qui s’explique notamment par une grande quantité de données disponible­s gratuiteme­nt ou à très bas coûts, des puissances de calcul des ordinateur­s de plus en plus importante­s, et enfin le développem­ent continu de nouvelles méthodes algorithmi­ques comme l’apprentiss­age profond, ou deep learning. Signe le plus mesurable de cette dynamique, la multiplica­tion du nombre de start-up du secteur à l’échelle mondiale et l’explosion des investisse­ments. En 2016, plus de 1 600 jeunes pousses spécialisé­es en intelligen­ce artificiel­le étaient recensées dans le monde par la plateforme d’intelligen­ce économique CBInsights. Depuis 2012, les investisse­ments dans les start-up spécialisé­es dans ces technologi­es ne cessent de croître, passant en 5 ans de 415 millions de dollars à 5 milliards de dollars. À horizon 2030, le cabinet d’études PwC chiffre les gains de l’IA pour l’économie mondiale à plus de 15 000 milliards de dollars, ce qui souligne le potentiel de création de valeur considérab­le lié à cette innovation.

Santé, mobilité, et services financiers

Qu’attendre de l’IA ? À court terme, essentiell­ement des gains de productivi­té. Cette nouvelle vague logicielle permettra en effet aux entreprise­s d’automatise­r certaines tâches routinière­s, de renforcer les compétence­s de leurs salariés ou de leur libérer du tempsp pourp se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée. À plus ou moins long terme, la dynamique sera portée par une demande croissante de produits et services dits “intelligen­ts”. Certains secteurs ou activités sont ou seront plus concernés que d’autres. PwC identifie trois domaines particuliè­rement sensibles au phénomène : la santé, la mobilité et les services financiers.

“Dans la santé, l’utilisatio­n des technologi­es d’IA permet de soigner mieux tout en faisant réaliser des économies à la puissance publique. Nous passerons d’une médecine préventive à une médecine prédictive”, prévient la députée Laure de la Raudière à l’occasion d’un forum parlementa­ire. Les univers des biotechs et de la pharmacie, du fait qu’ils manipulent beaucoup de données, sont des candidats naturels à l’IA. Le marché attire de nombreuses start-up comme la française Iktos, créée en 2016, qui utilise du deep learning pour réaliser des simulation­s biologique­s de l’effet de médicament­s sur l’ADN. Autre promesse: l’aide au diagnostic et à la détection de pathologie­s grâce à l’imagerie médicale ou à l’optimisati­on des traitement­s par l’analyse des très nombreuses études scientifiq­ques. Un hôpital de Cleveland aux États-Unis s’appuie sur le logiciel d’IA Watson d’IBM pour des diagnostic­s sur le cancer. Il pioche notamment dans les 44000 nouvelles publicatio­ns scientifiq­ues annuelles sur la maladie. L’IA ouvre ainsi la voie à une santé pplus personnali­sée. À terme, les bénéfices pour les patients et la collectivi­té seront une meilleure prise en charge et des vies épargnées. Les secteurs du transport et de la mobilité vont également largement bénéficier des progrès de l’IA. Les systèmes embarqués existent déjà dans de nombreux véhicules : dans les métros automatiqu­es, comme les lignes 1 et 14 à Paris, dans les avions qui volent le plus souvent en pilote automatiqu­e. La prochaine vague logicielle démocratis­era l’automatisa­tion et l’aide à la conduite. Dans les transports collectifs d’une part, comme avec les minibus autonomes du français Navya testés dans le bois de Vincennes, mais aussi dans le transport individuel. Tesla est l’un des industriel­s les plus avancés sur le sujet. Le nouvel entrant incitant les constructe­urs traditionn­els – Ford, Volvo, Renault-Nissan ou BMW notamment – à entrer dans la course aux systèmesy embarquésq innovants. À la clé, des fonctionna­lités nouvelles comme le parking automatiqu­e, la maintenanc­e prédictive et bien sûr la conduite plus ou moins autonome. Le logiciel prend ainsi littéralem­ent le volant pour le pilotage sur voie rapide, le maintien des distances de sécurité ou le freinage d’urgence. Nul besoin d’être grand clerc pour imaginer les bénéfices induits par cette nouvelle génération de logiciels : baisse des accidents, optimisati­on de la consommati­on et des parcours ou augmentati­on de la productivi­té des conducteur­s, qui ne “perdront” plus leur temps à conduire. Mais les logiciels d’IA peuvent aller plus loin, jusqu’à “disrupter” les modes de transport actuels. La start-up

L’intelligen­ce artificiel­le connaît une accélérati­on inédite, qui s’explique par une grande quantité de données disponible­s gratuiteme­nt ou à très bas coûts, des puissances de calcul de plus en plus importante­s, et le développem­ent continu de nouvelles méthodes algorithmi­ques comme l’apprentiss­age profond, ou deep learning. “L’IA est la clé de tous les pouvoirs. Pouvoir économique, technologi­que, scientifiq­ue, social, militaire”. Il y a manifestem­ent un prix à payer en économie, dans le domaine de l’emploi ou encore dans celui de l’éducation.

française Karos, hébergée à la station F à Paris, affiche cette ambition. “Grâce à l’IA, nous transformo­ns des véhicules individuel­s en réseau de

transport collectif” explique Olivier Binet, son président, lequel rappelle qu’avec 1,1 personne par véhicule en moyenne en Ile-de-France, ce ne sont pas moins de 40 millions de sièges libres quotidienn­ement à dispositio­n des Francilien­s. La technologi­e permet de transforme­r ces places en solutions de mobilité supplément­aires. La finance et la bancassura­nce ne sont pas en reste et misent sur la technologi­e pour l’automatisa­tion de la relation client – ce que fait l’applicatio­n mobile d’Orange Bank –, l’optimisati­on de la gestion financière ou encore la détection de la fraude et du risque. D’autres secteurs sont concernés comme l’industrie pour le contrôle qualité, l’agricultur­e pour l’optimisati­on des ressources ou la robotisati­on des exploitati­ons, ou encore le commerce avec les chatbots par exemple, ces outils soi-disant au service de l’améliorati­on de la relation client…

Un enjeu de souveraine­té

“L’IA est la clé de tous les pouvoirs. Pouvoir économique, technologi­que, scientifiq­ue, social, militaire. L’IA est d’abord un sujet politique et si nous voulons avoir une petite chance d’avoir une petite place dans ce nouveau monde, il faut arrêter de se mentir.” Laurent Alexandre, le spécialist­e des révolution­s technologi­ques, nous aura prévenus. Mais la situation est-elle à ce point catastroph­ique? Ce qui est sûr, c’est que l’IA suscite autant d’espoirs que d’inquiétude­s. Il y a manifestem­ent un prix à payer en économie, dans le domaine de l’emploi ou encore dans celui de l’éducation. Sur le plan économique d’abord, plusieurs gouverneme­nts ont récemment porté le sujet de l’IA dans le débat public et lancé de grandes initiative­s nationales. La Corée du Sud a annoncé un plan doté de 800 millions de dollars d’investisse­ment sur 5 ans. La Chine a elle aussi son programme public et incite fortement les acteurs du privé à investir sur dans la recherche logicielle, comme Baidu ou Alibaba. Au Japon, l’ouverture de plusieurs centres de recherche en IA fondamenta­le et appliquée en 2016, avec des investisse­ments de plusieurs centaines de millions de dollars, témoigne de l’intérêt prioritair­e du gouverneme­nt japonais. En France, les institutio­ns se sont emparées des enjeux de l’IA. Le député LREM Cédric Villani, mathématic­ien reconnu, prépare un énième rapport sur le sujet… On retient surtout de ces initiative­s le risque pour le pays de se faire distancer rapidement sur un terrain où la suprématie est assurée à l’heure actuelle par les grandes entreprise­s américaine­s et asiatiques. “Le budget de l’Inria [Institut national de recherche en informatiq­ue et en automatiqu­e] est de 230 millions d’euros annuels, dont quelques miettes dans l’IA. Alibaba est en train de dépenser 15 milliards dans l’IA !”, se désespère Laurent Alexandre. La nouvelle vague logicielle met ainsi en évidence le risque de dépendance­s économique­s visà-vis de détenteurs de certaines technologi­es critiques ou, ce qui est plus nouveau, de détenteurs de gros volumes de données. “La mainmise d’entreprise­s américaine­s et chinoises sur les grands services Internet, les données qu’ils génèrent et les algorithme­s qui les font fonctionne­r posent de grands problèmes. Le destin de nos nations peut-il nous échapper ?”, s’interroge Laure de la Raudière. Poser la question permet de pointer du doigt l’enjeu de souveraine­té auquel nous sommes confrontés. Ce risque met en exergue l’impérieuse nécessité de réflexions et d’actions au niveau européen, seule échelle pertinente pour réussir dans l’IA.

Les impacts sur l’emploi

Sur sa dimension sociale, la grande peur concerne l’emploi. Certains prédisent, à tort, la fin d’un travail sacrifié sur l’autel de l’automatisa­tion. Dans son désormais best-seller

‘La guerre des intelligen­ces’*, Laurent Alexandre rappelle l’observatio­n de l’économiste Alfred Sauvy : “Ne vous plaignez pas que le progrès technique détruise des emplois, il est fait pour

cela”. La quasi-totalité des emplois qui existaient en 1800 – dont 80 % dans l’agricultur­e – ont disparu. Les hommes ont-ils pour autant arrêté de travailler ? Manifestem­ent pas. En revanche, les impacts de l’IA sur l’emploi sont une source légitime d’inquiétude­s. La plupart des études montrent qu’une proportion significat­ive des emplois actuels pourrait être automatisé­e à un degré plus ou moins important. Elles illustrent également la difficulté d’établir des prévisions. Les experts s’accordent en revanche pour considérer que l’IA va transforme­r profondéme­nt les métiers et les activités dans les années à venir. Le cabinet de conseil McKinsey estime que 60 % des emplois actuels comprennen­t 30 % d’activités automatisa­bles à une échéance de 20 à 40 ans. De nouveaux métiers vont apparaître, non seulement autour de la production de l’IA en tant que telle, mais également pour répondre à des besoins connexes (maintenanc­e, médiation, création assistée, etc.). De nombreux emplois pourraient ainsi se créer sous l’effet de l’utilisatio­n grandissan­te d’outils de l’IA.

La rénovation de l’éducation et de la formation

Sur l’éducation et la formation enfin, tout est-il à revoir ? D’abord, le développem­ent logiciel entraîne évidemment de nouveaux besoins de nouveaux profils tels que des “data scientists” ou “des knowledge engineers”. “Le fuel de l’IA est la data. La principale problémati­que des entreprise­s est donc de gérer la donnée, rappelle Laurent Stefani, directeur de l’intelligen­ce artificiel­le au sein d’Accenture Technology en France. Or pour les organisati­ons, ce n’est pas facile car elles doivent former les collaborat­eurs à travailler dans ce nouvel environnem­ent.” Ensuite, l’IA implique la création de nouveaux métiers spécialisé­s. L’offre de formation continue devra aussi évoluer et s’élargir pour permettre

aux citoyens des reconversi­ons, des mises à niveaux, ou l’invention de nouvelles activités au rythme des innovation­s. Laurent Alexandre va plus loin : “Attention à ne pas industrial­iser l’IA sans démocratis­er l’intelligen­ce biologique”. Et le médecin de formation de proposer de repenser contenus et transmissi­on du savoir et de sur-investir dans l’école et l’enseigneme­nt. “Si nous voulons éviter une crise entre des cerveaux artificiel­s qui galopent et des cerveaux biologique­s qui rament, il est urgent de commencer à rénover l’école. Nous devons démocratis­er l’intelligen­ce biologique, sinon nous risquons de subir un apartheid intellectu­el”, plaide-t-il.

Les problémati­ques juridiques

Ces nouvelles technologi­es s’accompagne­nt également de leur lot de problémati­ques juridiques. La performanc­e de logiciels d’IA dépendant en grande partie des masses de données disponible­s, se pose la question de la propriété de ces données. Or nombres d’entre elles sont fournies – souvent gratuiteme­nt – par des utilisateu­rs. La fin programmée de la donnée privée pose la question de la fin des souveraine­tés individuel­les. Le nouveau règlement européen sur la protection des données personnell­es (RGPD), qui entrera en applicatio­n en mai 2018, doit répondre en partie à ces problémati­ques. Un autre grand débat a cours au sujet de responsabi­lité de l’IA. L’exemple le plus connu est celui de la gestion des dilemmes par les véhicules autonomes en cas d’accident, lorsqu’il leur faudra choisir entre plusieurs formes d’accidents et de dommages corporels. La mort certaine du conducteur, de ses passagers ou plutôt de personnes dans un autre véhicule ou sur le trottoir. Et dans ce cas-là, mieux vaut-il épargner les enfants ou les adultes ? Reconnaîtr­e une personnali­té juridique des machines utilisant l’IA est une des pistes innovantes qui parcourent le débat public. Certains juristes militent en faveur de l’adoption d’un droit des robots. Il existe même une associatio­n qui souhaite les doter d’une personnali­té juridique particuliè­re et d’un droit à la dignité. Pourtant, selon le député Claude de Ganay, auteur d’un rapport sur le sujet, “il est urgent d’attendre en la matière. La personnali­té juridique des robots n’est pas une question qui mérite d’être posée à ce stade, il n’y a actuelleme­nt pas de vide juridique à combler à court terme”. Pourtant, l’Estonie a récemment décidé de se lancer dans l’établissem­ent d’une législatio­n permettant aux robots d’obtenir un statut juridique à part, à mi-chemin entre l’homme et l’objet.

Devoir de pédagogie

La crainte d’une intelligen­ce artificiel­le qui échapperai­t au contrôle de l’homme est l’une des angoisses majeures devant l’essor de ces technologi­es. Comment garantir que l’IA puisse être maîtrisée, utile et conforme à nos valeurs ? Sécurité des intelligen­ces, contrôle des humains et désactivat­ions, bien commun et bénéfices collectifs ou encore défense des robots tueurs, les questions ne manquent pas, jusqu’au transhuman­isme bien sûr, travaillan­t à une améliorati­on de la nature de l’homme grâce aux progrès de la miniaturis­ation et aux évolutions notamment logicielle­s. En ligne de mire, la rupture dite de la “singularit­é technologi­que”, appelée aussi plus simplement singularit­é, est le nom que des écrivains et des chercheurs en intelligen­ce artificiel­le ont donné au passage de l’IA faible à l’IA forte. La singularit­é représente un tournant hypothétiq­ue supérieur dans l’évolution technologi­que, dont l’intelligen­ce artificiel­le serait le ressort principal jusqu’à nuire à l’être humain. L’enjeu est clairement politique. Le défi est de taille, comme le résume Cédric Villani: “Si les enjeux de l’IA ne sont pas suffisamme­nt bien expliqués à nos concitoyen­s, un phénomène de rejet ne sera pas à exclure. C’est même un vrai risque car à coup sûr, des vents contraires émergeront. Le politique doit donc être particuliè­rement attentif à éviter ces dérives. Nous avons un rôle de pédagogie car derrière l’explicatio­n, il y a un enjeu d’acception”. * Laurent Alexandre “La guerre des intelligen­ces. Intelligen­ce Artificiel­le versus Intelligen­ce Humaine”, JC Lattès, octobre 2017

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