Risques et précautions sur le Forex
Face à un pouvoir d’achat en berne, certains particuliers sont tentés de se lancer dans le trading en ligne sur le marché des devises (Forex) afin d’arrondir leurs fins de mois. Pourtant, cette activité nécessite à la fois de l’expérience et de la méthode
D’après une enquête du magazine ‘60 millions de consommateurs’ réalisée l’an dernier auprès de 1 000 internautes, 20 % des personnes interrogées ont affirmé se retrouver dans des situations financières compliquées “Ces dernières années, des courtiers peu scrupuleux, appelés ‘bad brokers’, sont à l’initiative de nombreuses arnaques sur le marché du Forex”
où il “est difficile de
joindre les deux bouts”. Du coup, pour arrondir leurs fins de mois, de plus en plus de ménages sont à la recherche de compléments de revenus pour mettre un peu de beurre dans les épinards. D’ailleurs, pour ce faire, certains d’entre eux n’hésitent pas à se tourner vers le Forex, le trading sur le marché des devises, alléchés par les perspectives de gain promises par certaines bannières publicitaires visibles sur la toile. Il est vrai que pour gagner de l’argent sur les parités de change, il est toujours possible pour un particulier de se tourner vers sa banque ou un bureau de change au coin de sa rue, en achetant “physiquement” des devises dont on pense que leur parité va par exemple grimper contre l’euro. Cependant, en procédant de la sorte, les inconvénients sont nombreux. En effet, au-delà du manque de réactivité ou encore des risques de perte ou de vol, “les frais de change prélevés sur ce type d’opérations sont en général importants”, rappelle Christophe Bert, en charge du développement du groupe IG en France. C’est la raison pour laquelle ce dernier conseille plutôt de se tourner vers “des solutions moins coûteuses et surtout plus rapides en termes d’exécution”. Ainsi, en ouvrant par exemple un compte chez un courtier en ligne, il est possible d’échanger des devises en quelques secondes tout en restant derrière l’écran de son ordinateur ou de son téléphone portable, avec la même facilité que pourraient le faire des traders professionnels travaillant dans des établissements financiers. Qui plus est, une multitude de paires de devise est généralement accessible via ces plateformes de trading disponibles sur Internet, ce qui élargit énormément le champ des opportunités pour un particulier s’intéressant à plusieurs monnaies sur le Forex.
Le label AMF
Toutefois, avant d’ouvrir un compte chez un intermédiaire spécialisé sur le marché des devises, la prudence reste de mise. En effet, comme le recommande Christophe Bert, “la première des précautions est d’abord de vérifier le sérieux et la réputation du courtier”, en sélectionnant uniquement un intermédiaire ayant obtenu un agrément de l’Autorité des marchés financier (AMF) lui autorisant à proposer ses services d’investissement en France. Il s’agit clairement d’une règle de bon sens à ne déroger sous aucun prétexte, car il existe de nombreuses plateformes, basées bien souvent dans des paradis fiscaux ou des destinations exotiques, et ne faisant l’objet d’aucune surveillance par des autorités de contrôle. Pour Avant toute prise de position sur le marché, les professionnels recommandent de déterminer le montant de capital que l’on est prêt à risquer éviter de sélectionner sans le savoir de tels courtiers, il suffit de se rendre sur le site Internet de l’AMF où se trouve une liste noire des sociétés proposant dans l’Hexagone des investissements
sur le marché des changes sans y être autorisées. Cette précaution est d’autant
plus nécessaire que “ces dernières années, des courtiers peu scrupuleux, appelés ‘bad brokers’, sont à l’initiative de nombreuses arnaques sur le marché du Forex”, précise Thomas Jégu, président de Saxo Banque France. Il est
donc important d’être vigilant et ne pas tomber dans le panneau des publicités aguicheuses proposées sur le net par ce genre d’intermédiaires financiers. En effet, si l’on en croit l’AMF, le nombre de plaintes déposées par de clients floués par ce type d’escrocs a récemment explosé. Il convient donc d’être particulièrement vigilant sur le choix de son intermédiaire financier pour traiter sur le Forex. C’est d’autant plus vrai que la liste noire fournie par l’AMF n’est pas exhaustive, de nouveaux acteurs non autorisés à intervenir en France apparaissant régulièrement. Il n’en reste pas moins que même en travaillant avec des intermédiaires agréés, il convient de rester sur ses gardes. En effet, d’après un rapport de l’AMF portant sur une période de quatre ans, neuf épargnants sur dix laissent des plumes en pratiquant le trading sur le Forex : la perte moyenne s’établissant à près de 11 000 euros par personne. Ainsi, au total, les 14 799 particuliers suivis dans le cadre de cette étude ont englouti une somme globale de plus de 160 millions d’euros. Si la grande majorité des particuliers sont tentés par le marché des devises dans la perspective d’arrondir leurs fins de mois, c’est finalement tout le contraire qui semble malheureusement se produire.
Méthode et expérience avant tout
Compte tenu de ce constat, les gains faciles promis par certaines publicités racoleuses qui promettent monts et merveilles à des apprentis traders sont donc illusoires. Même si l’accès au marché des devises est désormais possible pour presque toutes les bourses – quelques centaines d’euros suffisent pour ouvrir un compte – via une simple connexion Internet donnant accès à des outils similaires à ceux utilisés par des traders professionnels, il convient de rester sur ses gardes avant de se lancer. En effet, comme l’indique Christophe Bert, “tout type
de trading comporte des risques en capital, la première des recommandations est donc d’investir de l’argent que l’on est capable de perdre”. En clair, “pour les novices, mieux vaut commencer avec de
petites sommes”, ajoute-t-il. En général, la principale erreur commise par les apprentis traders est de se laisser griser par les perspectives de profits offertes par le mécanisme de l’effet de levier disponible sur le marché du Forex. En effet, grâce à cette technique financière bien
Certains courtiers agréés par l’AMF proposent sur leur plateforme des comptes en mode démo qui permettent de s’entraîner au trading sur le Forex avec de l’argent virtuel
connue des spéculateurs, il est possible d’engager davantage d’argent que son véritable capital. D’ailleurs, sur le marché des devises, il n’est pas rare d’avoir accès à des effets de levier supérieurs à cent, autrement dit de pouvoir se positionner sur un montant plus de cent fois supérieur à la mise de départ. Cependant, il s’agit d’un avantage à double tranchant car si les ggains ppeuvent être décuplés,p il en va de même pour les pertes. À ces niveaux de prise de risque, la moindre variation défavorable du cours des devises peut réduire à néant le capital investi. D’ailleurs, ce n’est sans doute pas un hasard si Saxo Banque par
exemple a réduit “l’effet de levier de ses produits au cours des deux dernières années, avec une attention toute particulière pendant des événements de marché induisant une forte volatilité tels que le Brexit ou encore les dernières élections américaines”, selon Thomas Jégu. Il est donc indispensable d’adapter le montant de ses positions en fonction de la perte maximale que l’on juge acceptable, et non par rapport au gain visé. Pour ce faire, une gestion des risques rigoureuse est nécessaire. Les spécialistes parlent de “money management”, un terme anglo-saxon qui recouvre les méthodes indispensables que tout amateur doit maîtriser pour devenir un trader accompli. Il s’agit notamment de placer la préservation du capital comme la priorité numéro un. Ainsi, avant toute prise de position sur le marché, les professionnels recommandent de déterminer le montant de capital que l’on est prêt à risquer. Une fois cette somme déterminée, un niveau de “stop loss” est fixé, correspondant au prix auquel la position sera automatiquement liquidée si le marché évolue défavorablement. Si ce niveau est atteint, il faudra alors faire preuve de discipline et de rigueur, en respectant à la lettre le plan initial, sans le moindre état d’âme.
Une discipline de fer
Tout manquement à cette règle pourrait avoir comme conséquence de voir rapidement s’envoler la totalité de l’argent disponible sur un compte de trading. D’ailleurs, l’adage boursier “mieux vaut se couper un doigt que le bras” illustre parfaitement cette idée. Accepter une perte financière raisonnable est toujours préférable à subir une perte beaucoup plus conséquente. Certes, pour un trader novice, la mise en pratique rapide de cette gestion des risques rigoureuse n’est pas évidente, et demande une “discipline de fer”. Toutefois, pour s’y familiariser, certains courtiers en ligne ont tout prévu. En effet, ceux agréés par l’AMF proposent bien souvent sur leur plateforme des comptes en mode démo qui permettent à leurs futurs clients de s’entraîner au trading sur le Forex avec de l’argent virtuel et donc de parfaire ainsi leur expérience en la matière, sans prendre le moindre risque avec leur argent. D’ailleurs, selon Pierre Veyret, chef analyste France chez ActivTrades, “il est impératif de débuter en s’exerçant sur un compte de démonstration qui reproduit les conditions réelles du marché”. Quoi qu’il en soit, pour ceux qui seraient ensuite de tenter de passer aux choses sérieuses, les spécialistes recommandent de toujours faire preuve d’humilité et de sagesse pour mettre toutes les chances de leur côté. Et certains professionnels vont encore plus loin : ainsi chez Saxo Banque déconseille-t-on à un investisseur privé non averti de se lancer dans le trading sur le Forex. Le message est clair : pour les novices, mieux vont s’abstenir, le trading sur Forex est loin d’être un eldorado rêvé par les particuliers.