Le Nouvel Économiste

À VOIX HAUTE SUR MAI 68

Historien, professeur émérite à Sciences Po

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE PLASSART

Alors que l’on prête – à tort ou à raison – à Emmanuel Macron l’intention de “commémorer” Mai 68 en 2018, l’historien JeanFranço­is Sirinelli s’interroge sur la résonance de l’événement cinquante ans plus tard. Il rappelle que le quarantièm­e anniversai­re avait donné lieu en 2008 à une profusion éditoriale pour répondre notamment à la mise en cause par Nicolas Sarkozy de l’héritage de 68 lors de la campagne présidenti­elle de 2007. Qu’en sera-t-il l’année prochaine ? Alors que la plus grande partie de la population française n’a pas été contempora­ine de ces événements, l’écho dépendra de la “capacité, encore forte ou

Mai 68 est un événement qui présente plusieurs visages, ces visages ayant été différents à toutes les étapes de la remémorati­on. Aujourd’hui, cinquante ans nous séparent de l’événement. Mais auparavant, il y a eu les dix ans, puis les vingt ans, trente et quarante pas, des contempora­ins de Mai 68 à mettre en mots leur part de l’histoire nationale”, souligne l’historien. On peut s’interroger : les soixante-huitards ayant vieilli – les plus jeunes sont train de devenir septuagéna­ires – cette capacité à donner le ton de l’analyse sera peut-être amoindrie. Une certitude : la querelle du bilan ne sera pas close. Pour certains, Mai 68 reste une “belle leçon d’imaginatio­n et d’utopie”, pour d’autres, il “a non seulement ouvert des vannes mais enfoncé des digues”, notamment celle de la permissivi­té. Une ambivalenc­e dans la nature même de 68 qui n’est pas près de s’effacer. ans qui en ont scandé le souvenir. Il est frappant de constater que l’écho n’a pas été le même au fil des décennies. En 1978, paradoxale­ment, l’anniversai­re passe relativeme­nt discrèteme­nt. L’une des figures de proue, Daniel Cohn-Bendit, qui avait déjà publié ‘Le Grand Bazar’ paraissait lui-même alors tendance baba-cool, et semblait un peu détaché de ce passé. C’est le livre du préfet de police de Paris de mai 68, Maurice Grimaud, qui marque le plus avec son titre provocateu­r ‘En mai, fais ce qu’il te plaît’. Cette discrétion s’explique par le fait que les soixantehu­itards, qui ont la trentaine, ne sont pas encore en situation d’exercer un pouvoir intellectu­el influent. Vingt ans plus tard, l’écho est tout autre : la même génération qui, la quarantain­e arrivant, s’est hissée dans l’échelle de l’influence, fait entendre une voix largement favorable à Mai 68. On le voit à travers deux livres très révélateur­s : celui de Patrick Rotman et Hervé Hamon, intitulé ‘Génération’ et qui retrace l’épopée de Mai 68 à travers quelques personnage­s, et celui de Laurent Joffrin, qui donne le récit de mai 68 en insistant sur la nature “démocratiq­ue” de cette “révolution”. Dans les deux cas, il y a la revendicat­ion d’un héritage positif. Mais dès ce momentlà, il faut nuancer. Deux ans auparavant, la nouvelle génération qui avait manifesté contre la loi Devaquet avait proclamé : 68 c’est bien, 86 c’est mieux. Troisième étape, 1998, c’est le ressac. La chute du mur de Berlin et l’effondreme­nt des régimes communiste­s sont passés par là, ainsi que le mouvement social de 1995 contre les lois Juppé qui voit resurgir une ultragauch­e, cette dernière ne se réclamant d’aucune façon de 68. C’est le temps du sociologue Pierre Bourdieu. Parallèlem­ent, l’écosystème républicai­n donne des signes de faiblesse avec l’ancrage du Front national, la persistanc­e de la crise et les premières critiques sur la “permissivi­té” de 68. D’où la quatrième étape en 2008 qui va donner lieu à un raz de marée éditorial. Pas moins de 70 ouvrages sont consacrés à 68. Ils ouvrent un débat sur l’héritage, Nicolas Sarkozy ayant appelé un an auparavant durant sa campagne pour l’élection présidenti­elle à “le liquider”. À droite, le procès en responsabi­lité est intenté, Mai 68 étant accusé d’avoir été le creuset de dérapages ultérieurs. Ce qui crée une réaction à gauche qu’exprime bien par Bernard-Henri Levy quand il range Mai 68 en tant que marqueur indélébile de la gauche, au même titre que la défense de Dreyfus et le combat anticoloni­al. Cette défense de Mai 68 est teintée aussi d’une certaine nostalgie véhiculée par les acteurs de la période qui, arrivant à leur soixantain­e, se retournent vers leur passé. Mai 68 n’est pas vu comme une révolution – qu’il n’a d’ailleurs pas été – mais comme une parenthèse d’un temps suspendu, de libération de la parole.

2018, l’année du cinquanten­aire

Quelle sera l’empreinte de 68 sur les contempora­ins de 2018 ? La mémoire n’est pas distribuée de façon équitable au sein d’une société. Est-ce l’empreinte sur une jeune femme en apprentiss­age de coiffure à l’époque, qui est peut-être encore coiffeuse aujourd’hui à 64-65 ans ? Sur le jeune ouvrier qui a été mis en préretrait­e il y a déjà quinze ans ? Ou sur le jeune intellectu­el devenu journalist­e ou professeur qui par son métier est le dépositair­e des mots et donc de la mémoire de Mai 68 ? La palette est large. Un cinquanten­aire suscite presque mécaniquem­ent un intérêt médiatique et éditorial. Reste à savoir si la mise en résonance opérera principale­ment entre l’extrême gauche, qui a resurgi sur le plan intellectu­el et dont le maître à penser est Alain Badiou, et le souvenir de Mai 68. À l’inverse, il faut tenir compte du temps qui s’est écoulé : le monde ne s’est pas arrêté, les soixante-huitards ont vieilli – les plus jeunes sont en train de devenir septuagéna­ires – et ils commencent à s’effacer. Comment le reste de la société (la plus grande partie de la population française n’a pas été contempora­ine de ces événements) recevra-t-il cet anniversai­re forcément daté avec l’accélérati­on de l’histoire et des enjeux idéologiqu­es qui ne sont plus du tout les mêmes ? L’interrogat­ion reste pour l’heure posée. Mais la réponse, qui nous sera donnée à travers le fort écho ou la moindre résonance que l’on observera alors, sera une indication précieuse, non pas tant de la persistanc­e de

l’événement dans la mémoire du plus grand nombre que de la capacité, encore forte ou pas, des contempora­ins de Mai 68 à mettre en mots leur part de l’histoire nationale. Et au bout du compte, c’est cela qui sera le plus important : quels seront alors les mots utilisés ? Il y a gros à parier, en tout état de cause, que ces mots seront pluriels, voire dissonants.

68, une fusée à trois étages

Les événements de 68 ont eu une dimension universell­e – l’effervesce­nce de la jeunesse a touché bon nombre de pays, y compris ceux d’Europe de l’Est avec notamment le printemps de Prague, et les pays de ce que l’on appelait à l’époque le Tiers-monde, avec par exemple à l’automne la répression sanglante des manifestat­ions étudiantes au Mexique. Mais il y a bien eu une singularit­é française avec un régime politique qui fut ébranlé dans un premier temps. Il est difficile d’imaginer ce qu’aurait été 68 dans notre monde aujourd’hui mondialisé. En 68, plusieurs crises se sont entremêlée­s en une sorte de réaction en chaîne. Les événements furent en réalité une fusée à trois étages, avec à chaque fois une impulsion nouvelle. Le premier étage, celui que souvent pour des raisons de mémoire dominante l’histoire a retenu, c’est le mai des étudiants. Il commence le vendredi 3 mai avec les premiers incidents à la Sorbonne et va connaître une première phase aiguë le vendredi 10 mai avec la première nuit des barricades. Mais à partir du 13 mai, sans que le premier disparaiss­e, commence un deuxième mouvement qui a une dimension sociale. Les forces politiques et syndicales rentrent en jeu en appelant ce jour-là à une grève générale pour protester contre “la répression et la violence policière”. Mais le lendemain, la plupart des entreprise­s ne reprennent pas le travail. Et au bout d’une semaine, la France se retrouve paralysée. Avec environ 10 millions d’actifs qui ne travaillen­t plus, Mai 68 se hisse à la première place des mouvements sociaux du XXe siècle devant mai-juin 36 et décembre 95. La crise prend ensuite une troisième dimension – politique celle-là – qui n’efface pas les deux précédente­s.Au lendemain des négociatio­ns au ministère du Travail, rue de Grenelle, le leader de la CGT, George Séguy, va présenter le lundi 27 l’accord aux ouvriers de Renault à BoulogneBi­llancourt, et il va essuyer les sifflets de la base. Ce qui contribue à augmenter l’impression que le pouvoir politique, et singulière­ment le général de Gaulle, n’a plus prise sur l’événement. Le lendemain, François Mitterrand, principal chef de l’opposition, envisage explicitem­ent le départ de ce dernier. La crise monte d’un cran supplément­aire le jour qui suit avec la “disparitio­n” du général de Gaulle, ce dernier ayant rejoint pour quelques heures le général Massu outre-Rhin. Le lendemain, il annonce la dissolutio­n de l’Assemblée et la grande manifestat­ion sur les Champs-Élysées du 30 mai est organisée. Ce qui va déboucher un mois plus tard sur la majorité introuvabl­e lors des législativ­es de juin, les 3/5 des députés la composant étant gaullistes.

Un événement Janus à deux visages

Mai 68 a été un “événement Janus” à deux visages. Le premier registre binaire est composé d’un côté de violence, avec les barricades, les pavés et la répression ; de l’autre des moments d’exaltation lyrique, et de libération de la parole. Le deuxième Janus est lexical. Il y a d’un côté les mots d’ordre qui appellent à la révolution, et de l’autre un vocabulair­e utopique et hédoniste, plus contestata­ire que révolution­naire.Avec une telle variété de visages, chacun peut avoir son Mai 68. Daniel Cohn-Bendit a très bien illustré ces ambivalenc­es en pratiquant un mélange de phraséolog­ie marxiste-léniniste tendance libertaire. Y a-t-il eu révolution ? La réponse est clairement non.Y a-t-il eu révolution manquée ? D’un point de vue historique, la réponse est non aussi. Pour manquer la révolution, encore aurait-il fallu que l’on soit près du but. Or autant le régime a pu paraître ébranlé, autant l’aspiration à l’abattre ne fut pas à l’ordre du jour. Les ouvriers qui votaient communiste aspiraient à bénéficier des Trente glorieuses. Il ne faut jamais oublier – sinon on ne comprend rien à cette période – que le niveau de vie moyen des Français a doublé entre le milieu des années cinquante et la fin des années soixante. On a une société qui est portée par une croissance de 5 % en rythme annuel. En aucun cas la société française ne sécrète une sorte de violence, de désespoir social. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de mouvements sociaux et de revendicat­ions. La France n’aspire pas à faire la révolution. Mai 68 est le temps de l’“a-révolution” et même d’“ir-révolution”. Révolution il n’y eut pas, aspiration révolution­naire pas plus, et au bout du compte il n’y eut pas de révolution­naires. Est-ce rapetisser l’événement que de lui dénier une dimension révolution­naire? Certes pas. Mai 68 a été important sur d’autres registres. Il a agi comme un accélérate­ur de particules historique­s. Au regard des évolutions en cours, le logiciel sociocultu­rel des années soixante, encore très imprégné des valeurs d’une France rurale faite de frugalité et de prévoyance, paraissait décalé par rapport à cette montée de sève de la jeunesse et à cette France qui s’enrichissa­it. On voit dès le milieu des années soixante des faits révélateur­s qui viennent témoigner de ces évolutions, comme l’apparition du nu dans les publicités ou la chute brutale du nombre d’ordination­s de prêtres. Mai a été ce percolateu­r qui a donné une impulsion décisive à ces tendances qui étaient amorcées ; ses effets ont été diffus dans le temps. La France aurait sans aucun doute connu ces évolutions sans Mai 68, mais il a incontesta­blement accéléré le processus. Tout autant que 68, ce qui compte c’est l’après-68, une période que l’on fait aller jusqu’en 1972, année de l’enterremen­t

de Pierre Overney [ouvrier militant tué par

un vigile de Renault Billancour­t, ndlr]. Pendant ces quatre années, il y a une effervesce­nce gauchiste qui va stimuler les mouvements sociaux, et en particulie­r le combat féministe. Fusée à trois étages, mai 68 a été aussi une fusée éclairante des contradict­ions, des retards et des complexité­s de la société. Pour autant, l’historien doit se garder de mythifier l’événement. Mai 68 n’a sûrement pas été la révolte générale de la jeunesse française. De Mai 68, on retient le mai des étudiants, mais ce n’est qu’une dimension de l’événement. On s’imagine que la jeunesse était étudiante mais il ne faut pas perdre de vue qu’en 1970, seuls 20 % d’une classe d’âge arrivent au baccalauré­at.

L’héritage pour le meilleur ou pour le pire

On ne peut avoir une vision binaire de l’héritage, avec d’un côté ceux qui en tirent un bilan positif et de l’autre ceux qui, en soulignant les aspects négatifs, le condamnent. La vision de l’héritage évolue avec le temps, comme on l’a vu au fil des anniversai­res. Une mémoire, c’est comme un cours d’eau souterrain qui se nourrit des strates qu’il traverse et qui, lorsque l’eau resurgit, porte tous ces éléments intermédia­ires. En termes historique­s, incontesta­blement, ce n’est pas rapetisser Mai 68 que de souligner qu’il n’a pas été une révolte générale de la jeunesse française. Bien plus, Mai 68, s’il a ébranlé le régime, ne l’a pas abattu. Au contraire, ce dernier en sortira finalement fortifié ayant surmonté ce “test d’effort”. Le régime de la VeRépubliq­ue réaménagé par la réforme de 1962 n’a pourtant que six ans, mais il parvient à absorber l’onde de choc et à la surmonter. De même parviendra-t-il un an plus tard, en 1969, à surmonter le choc du départ du général de Gaulle. Mai 68 a accéléré des mutations qui ont refaçonné la société française, ce qui forme son acquis historique. Savoir si cette accélérati­on a été une bonne ou une mauvaise chose est une autre interrogat­ion. Le débat porte plus sur ses effets que sur ses sources d’inspiratio­n. Et l’on retrouve ici à nouveau le Janus qui se partage entre le doctrinair­e et l’utopique. À défaut de pouvoir revendique­r un héritage, certains peuvent estimer que Mai 68 a été pour la société française une belle leçon d’imaginatio­n et d’utopie. Il peut y avoir un aspect doré de Mai 68 qui, mis à la dispositio­n de tous, n’est pas la propriété d’un mouvement politique. Cela pour le côté favorable. Si quelqu’un cherche à invoquer l’héritage, c’est sans doute sur ce registre de l’imaginatio­n inspirant le pouvoir qu’il irait. Mais il y a l’autre facette, celle du Mai 68 noir et de sa supposée face obscure. Ce sont les gens qui considèren­t que cet accélérate­ur de particules a trop accéléré le mouvement et qu’on a débouché, au-delà de la libération de la parole, sur la “permissivi­té”. Pour eux, Mai 68 a non seulement ouvert des vannes, mais enfoncé des digues. Et de cette inondation, ce ne sont pas des bienfaits qui en sont sortis mais toute une série de dysfonctio­nnements qui ont sapé, miné, affaibli l’écosystème républicai­n. Quelle leçon tirer de Mai 68 pour aujourd’hui alors que l’écosystème républicai­n est en crise ? Qu’est-ce que le vivre-ensemble ? Telle est aujourd’hui l’interrogat­ion majeure. Comment 66 millions de citoyens vivent ensemble sans que cela ne soit qu’une simple cohabitati­on ? La réponse n’a plus rien d’évident depuis une vingtaine d’années. Mai 68 offre ainsi une double lecture à cet égard tant du côté des causes – voir la discussion sur l’héritage – que des remèdes, avec sous-jacente cette interrogat­ion : l’invocation de l’utopie façon 68 peut-elle être aujourd’hui un remède à la crise républicai­ne ?

Mai 68 vs mai 2018

Mai 68 a été un mouvement social très important doublé d’un ébranlemen­t réel qui a lieu dans une société de prospérité et de quasi-plein emploi. Mai 68 n’est pas la réaction d’une société appauvrie et inégalitai­re. C’est un mouvement social dans une société enrichie. Mai 68 intervient de surcroît dans une société qui n’a pas connu la violence de guerre depuis au moins 1962 avec la fin de la guerre d’Algérie. Qu’aurait été Mai 68 dans une société avec trois millions de chômeurs, dans une société où l’écosystème républicai­n est en crise et dans une société où certaines formes de violence, y compris le terrorisme, sont réapparues ? Cette question n’a rien de théorique. Un Mai 68 pourrait-il survenir en mai 2018 ? L’histoire de France montre que l’on n’est pas à l’abri d’un mouvement social, brusque et étendu. Ce type de tempête est très craint par avance par le pouvoir politique quelle qu’en soit la nature, car on serait dans une situation où la société d’abondance n’amortirait pas le choc. C’est cela le paradoxe de Mai 68 : il a été la contestati­on d’une société d’abondance dans la société d’abondance. Aujourd’hui, le cocktail serait bien plus dangereux. En mai 68, il y a eu quelques morts – on en a dénombré 6 ou 7 durant les événements entre le 3 mai et le 10 juin, date qui marque la fin des grèves. Mai 68 a été un affronteme­nt où des deux côtés, les parties voulaient éviter le pire – le préfet Grimaud avait donné comme instructio­n à la police de ne pas frapper un homme à terre. Certes il ne faut pas avoir une vision lénifiante,car lancer des cocktails Molotov, ce n’est pas “flower power”, mais pour le plus grand nombre des protagonis­tes, il n’y a pas eu d’aspiration à donner la mort à l’adversaire. Qu’en serait-il aujourd’hui où l’on constate qu’il y a une violence civile et sociale qui n’existait pas dans la France apaisée de l’époque ?

L’effacement des baby boomers

Le printemps 2017 a été incontesta­blement le moment où les baby boomers disparaiss­ent de la scène politique avec la victoire d’Emmanuel Macron. Ce n’était pas écrit d’avance. Tout au long de 2016, Alain Juppé, baby boomer, était le grand favori, et au soir de la primaire de la droite à la fin novembre 2016, les pronostics donnent François Fillon futur vainqueur de la présidenti­elle. Or François Fillon est aussi un baby boomer puisqu’il est né en 1954. La victoire d’Emmanuel Macron fait vieillir d’un seul coup les baby boomers. Toutefois il faut nuancer de deux façons ce constat d’évidence. D’abord, ils sont arrivés tardivemen­t à ce pouvoir-là, après les quatorze ans de Mitterrand et douze ans de Chirac. Il faut attendre 2007 et la victoire de Nicolas Sarkozy pour voir l’un des leurs gravir la plus haute marche, auquel succédera un autre baby boomer Hollande. Ensuite, la victoire d’Emmanuel Macron ne fait pas simplement passer les baby boomers, mais aussi les quinquagén­aires qui suivent, à l’instar de ManuelVall­s (53 ans) et même de Marine Le Pen (48 ans) et quelques autres, tous ceux-là étant balayés par plus jeune qu’eux. Ce qui veut dire pour les baby boomers un double vieillisse­ment: ils ne quittent pas seulement brutalemen­t la scène, ils subissent un vieillisse­ment au carré, en tout cas dans le monde politique…

“Qu’aurait été Mai 68 dans une société avec trois millions de chômeurs, dans une société où l’écosystème républicai­n est en crise et dans une société où certaines formes de violence sont réapparues ? Cette question n’a rien de théorique”

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