Le Nouvel Économiste

Un alignement des astres presque parfait

Les risques, s’ils existent, restent limités

- BERTRAND JACQUILLAT

Pour évoquer les risques qui pèsent sur les marchés financiers en 2018, il convient d’épouser la vision du docteur Knock, à qui Jules Romains faisait dire dans le ‘Triomphe de la Médecine’ que toute personne bien portante est un malade qui s’ignore. Il en va de même des marchés financiers, qui bénéficien­t à l’orée de la nouvelle année d’un alignement des astres presque parfait. D’abord sur le plan strictemen­t économique, l’année 2017 se termine mieux qu’elle n’avait commencé, surtout en ce qui concerne la situation en Europe et mieux que le laissaient entendre les prévisions des différents instituts de conjonctur­e en début d’année...

Pour évoquer les risques qui pèsent sur les marchés financiers en 2018, il convient d’épouser la vision du docteur Knock, à qui Jules Romains faisait dire dans le ‘Triomphe de la Médecine’ que toute personne bien portante est un malade qui s’ignore. Il en va de même des marchés financiers, qui bénéficien­t à l’orée de la nouvelle année d’un alignement des astres presque parfait. D’abord sur le plan strictemen­t économique, l’année 2017 se termine mieux qu’elle n’avait commencé, surtout en ce qui concerne la situation en Europe et mieux que le laissaient entendre les prévisions des différents instituts de conjonctur­e en début d’année. Et sur la lancée de 2017, 2018 se présente sous les meilleurs auspices. La croissance économique mondiale devrait être à la fois très soutenue – autour de 5 % – et bien répartie dans toutes les grandes régions du monde. Cette dynamique est particuliè­rement bienvenue en Europe, dont la croissance aura été supérieure à 4 % en 2017. Elle est portée principale­ment par la France, l’Italie et le reste de l’Europe du Sud, et la croissance de ces pays pourrait dépasser 2,5 % en 2018.

Tous les marqueurs au vert

Les marqueurs économique­s sont au vert. Les PMI manufactur­ières sont au plus haut et la demande des ménages est également bien orientée, avec un très net retour de la confiance avec la diffusion de l’effet Macron en France et en Europe. Les marchés financiers ont certes largement tenu compte de cette situation. Exprimées en dollar, les performanc­es de tous les indices boursiers ont été, à l’exception de la Russie et de la GrandeBret­agne, très nettement positives en 2017 : 25,8 % dans la zone euro, 24,1 % au Japon, 31.1 % pour le MSCI des pypays émergents,g et 20,2 aux États-Unis. De fait, lescommenp tateurs s’inquiètent des niveaux de valorisati­on atteints par les marchés boursiers dans le monde. Les États-Unis ont entamé le 102e mois de cycle haussier de leur économie et de leur marché d’actions, et tout laisse à penser qu’ils pourraient établir un nouveau record et délivrer en fin d’année prochaine le cycle économique et financier le plus long de leur histoire. Selon les indicateur­s d’Associés en Finance, les marchés d’actions de la zone euro sont à l’équilibre. La prime de marché donnée par TRIVAL, c’est-à-dire le différenti­el de rentabilit­é auquel on peut s’attendre entre actions et obligation­s, est à sa moyenne historique de 6 %. Elle ne donne pas de signal clair, ni dans un sens, ni dans l’autre, et ne représente pas le signal de l’existence d’une bulle. Les taux d’intérêt, encore déprimés malgré leur légère remontée récente, rendent les actions particuliè­rement attractive­s, comme le suggère la prime de marché relative très élevée, c’est-àdire le ratio de la prime de marché absolue au taux du Bund (près de 2000 % !). D’autant que ces évolutions ont lieu dans un environnem­ent très serein, comme le suggèrent les différents indicateur­s de volatilité des marchés, et notamment le fameux indice VIX de la ppeur. La volatilité des marchés n’a jjamais été aussi basse aux États-Unis depuis les années 1960, et les années 1970 en Europe. Bientôt la correction ? Quels sont donc les risques et où sont-ils ? Le risque d’une correction et envisageab­le à court terme. En effet, les marchés n’ont pas connu de correction (baisse pouvant aller jusqu’à 10 % par rapport à un récent plus haut) depuis deux ans, or de telles correction­s dans un cycle haussier surviennen­t 15 % du temps. Au-delà d’une correction de cette ampleur, les risques restent tout de même limités dans la mesure où aucun marché n’apparaît significat­ivement surévalué. Et aucun marché ne se trouve en situation de bulle, même si les performanc­es récentes colossales de quelques sociétés américaine­s ayant ajouté le préfixe de crypto à leur dénominati­on sociale, renvoie au phénomène analogue avec l’ajout de dotcom au nom des sociétés avant que n’éclate la bulle Internet. Mais il ne s’agit ici que de la bulle circonscri­te au bitcoin. Il n’y a pas actuelleme­nt de moment Minsky dans le système financier, dont les surprises renvoient au docteur Knock ou à la survenance par nature imprévisib­le de cygnes noirs.

* En collaborat­ion avec Boursorama

“Les États-Unis pourraient établir un nouveau record et délivrer en fin d’année prochaine le cycle économique et financier le plus long de leur histoire”

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