Le Nouvel Économiste

Privatisat­ion à risque

Le précédent des sociétés d’autoroutes donne à réfléchir

- FRANÇOIS ECALLE

La société Aéroports de Paris, tête du groupe ADP, semble particuliè­rement concernée par les projets de privatisat­ion du gouverneme­nt. Cette pprivatisa­tion n’aurait un intérêt financier pour l’État que si le prix de cession de ses actions était supérieur à la somme actualisée des dividendes qu’il pourrait recevoir dans le futur en les conservant. Or ADP est une entreprise déjà très rentable, et l’État peut encore espérer une améliorati­on de cette rentabilit­é et une forte progressio­n des dividendes qu’il en reçoit grâce à la croissance du trafic aérien...

La société Aéroports de Paris, tête du groupe ADP, semble particuliè­rement concernée par les projets de privatisat­ion du ggouvernem­ent. Cette pprivatisa­tion n’aurait un intérêt financier pour l’État que si le prix de cession de ses actions était supérieur à la somme actualisée des dividendes qu’il pourrait recevoir dans le futur en les conservant. Or ADP est une entreprise déjà très rentable, et l’État peut encore espérer une améliorati­on de cette rentabilit­é et une forte progressio­n des dividendes qu’il en reçoit grâce à la croissance du trafic aérien, à la progressio­n des ventes dans les commerces des aérogares et aux importante­s réserves foncières d’ADP. Il n’est pas sûr que sa privatisat­ion p soit une bonne affaire pour l’État. En outre, ADP est en situation de monopole sur les aéroports de la région parisienne et, si elle était une société privée, pourrait fortement augmenter ses prix et réduire la qualité de ses services au détriment de ses clients, ce qui présente un très gros risque pour le premier d’entre eux : Air France. Les redevances et les services rendus aux passagers et aux compagnies aériennes devront donc continuer à être régulés par l’État. Les modalités précises de cette régulation, à un horizon le plus lointain possible, devront être connues avant la privatisat­ion, car elles déterminer­ont le pprix qque les acquéreurs­q ppotentiel­s des actions de l’État accepteron­t de payer. Les clients d’ADP ppeuvent craindre qque l’intérêt financier de l’État le conduise à fixer des redevances trop élevées ou des services insuffisan­ts pour maximiser ses recettes de privatisat­ion.

Remise en cause du cahier des charges

À supposer que les redevances et services fixés dans le cahier des charges de l’exploitant p des aéroportsp pparisiens concilient les intérêts de l’État et des clients d’ADP, encore faudrait-il que l’État s’y tienne dans la durée. Or l’analyse des concession­s de services publics et des partenaria­ts public-privé montre que leur cahier des chargesg est très souvent remis en cause par l’État parce qu’il est incapable de définir des besoins à long terme et demande très vite des services nouveaux ou différents. L’exploitant privé est alors en position de force pour lui faire accepter une hausse de prix substantie­lle. Ce risque est très important dans le cas d’ADP, car il sera très difficile de définir les équipement­s nécessaire­s à long terme sur des aéroports qui ont une dimension nationale unique et un caractère stratégiqu­e. La privatisat­ion d’ADP risque de suivre, comme déjà celle des sociétés d’autoroute, le scénario suivant : une privatisat­ion qqui pprocure des recettes insuffisan­tes à l’État parce que le cahier des charges est strict ; des renégociat­ions de ce cahier des charges après la privatisat­ion qui permettent aux actionnair­es privés d’ADP d’augmenter les redevances au détriment des passagers et des compagnies aériennes. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

ADP est en situation de monopole sur les aéroports de la région parisienne et, si elle était une société privée, pourrait fortement augmenter ses prix et réduire la qualité de ses services au détriment de ses clients

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