Le Nouvel Économiste

DÉJEUNER AVEC RAY DALIO, BRIDGEWATE­R

Patron de Bridgewate­r, numéro un mondial des hedge funds Hamburger en main, le fondateur de Bridgewate­r évoque les inégalités croissante­s de revenus et les raisons pour lesquelles la politique prendra le pas sur l’économie en 2018

- GILLIAN TETT, FT

Il est midi pile dans le salon du bar à hamburgers Jackson Hole, dans le centre-ville de Manhattan, et j’entame un tête-à-tête avec Ray Dalio, président du plus grand fonds spéculatif au monde. Quelques minutes plus tôt, le célèbre investisse­ur s’est présenté au déjeuner, suivi à la trace par un attaché de presse qui a demandé à se joindre à notre repas pour “vérifier” toutes les citations.

“Non !”, ai-je répondu à Ray Dalio. Vêtu d’un pantalon et d’un gilet d’aspect coûteux, il renvoie une image assez sobre, mais son attitude est confiante et énergique, comme on peut s’y attendre chez un “maître de l’univers”. J’explique que je sais très bien que la vérificati­on des déclaratio­ns est d’usage à New York. Après tout, une branche entière du secteur de la communicat­ion s’est développée pour protéger les milliardai­res contre les dérapages verbaux. Mais il y a trois règles d’or au déjeuner avec le Financial Times : le FT paie, pas de conseiller en communicat­ion et pas de vérificati­on des citations. Je joue mon atout. Ce gourou de la finance vient d’écrire un livre exhortant les cadres dirigeants à adopter une “transparen­ce radicale” et une honnêteté basée sur “l’amour vache”. Il s’évertue à prêcher cette bonne parole, au point que ses employés s’évaluent apparemmen­t les uns les autres avec leurs iPad lors des réunions, et rendent les scores publics comme dans une émission de téléréalit­é ; même les jeunes stagiaires sont encouragés à défier le patron. Ray Dalio devrait donc être capable de s’asseoir avec une journalist­e pendant une heure sans chaperon, non ? Je lance en plaisantan­t que, si cela peut l’aider à se détendre, il peut me noter sur un iPad, et publier les résultats. Le chaperon nous tourne autour en jetant des regards nerveux à Ray Dalio. Nous campons quelques secondes sur nos positions. Puis, avec un demi-sourire, il dit adieu à son chaperon et s’asseoit avec moi à une table du fond de la salle, couverte d’une nappe en plastique bon marché, flanquée d’un juke-box et baignée de jeux de lumière féeriques. À l’origine, nous devions manger au Harvard Club, lieu plus naturel pour le milliardai­re. Au cours de mes deux décennies d’expérience en tant que journalist­e du monde de la finance, j’ai constaté que les milliardai­res choisissen­t généraleme­nt de manger dans leur club universita­ire, leur bureau, un restaurant chic ou un bar ascétique dédié à la cuisine saine. Mais à la dernière minute, Ray Dalio s’est tourné vers le Jackson Hole Burgers, antre surchargé de décoration­s rétro à la gloire du western. Les seuls autres clients sont des touristes âgés. Je me demande s’il essaie de se cacher ou de prétendre être normal. (La plupart de ses concurrent­s considèren­t qu’il est tout sauf un homme normal.) Sans cérémonie, un serveur brandit les menus en plastique. “J’adore les hamburgers ici !” lance le riche investisse­ur. “Les frites et les oignons frits

sont délicieux.”

Ray Dalio et la stratégie de la “parité des risques”

Jusqu’à tout récemment, Ray Dalio était la dernière personne que l’on aurait imaginé se porter volontaire pour manger un hamburger avec une journalist­e. Non qu’il ait quoi que ce soit à cacher. Au contraire, son fonds d’investisse­ment Bridgewate­r, qui gère 160 milliards de dollars, est depuis longtemps l’un des plus prospères du secteur : au cours des deux dernières décennies, il a généraleme­nt affiché un rendement moyen à deux chiffres, contribuan­t à la naissance d’une nouvelle stratégie de placement baptisée “parité des risques”. Elle consiste essentiell­ement à choisir les titres à acheter en fonction de la volatilité des cours. Plus impression­nant encore : Ray Dalio fut aussi l’un des rares fondateurs de hedge fund à avoir traversé sans encombre le dernier krach financier. En 2007, il avait prophétisé la fin du boom immobilier américain. En 2008, il prévoyait l’effondreme­nt imminent des banques et l’implosion des marchés du crédit. Cela a propulsé au sommet son fonds vedette, Pure Alpha, qui a dégagé près de 10 % de profits en 2008, à un moment où la plupart des fonds subissaien­t des pertes fulgurante­s. Au cours des années suivantes, Pure Alpha a obtenu des rendements encore plus élevés, lui permettant d’asseoir définitive­ment sa réputation. Mais malgré ce succès, ou peut-être à cause de celui-ci, Bridgewate­r reste opaque, et son fondateur dédaigne la presse. Il s’est particuliè­rement fâché il y a deux ans, lorsque le ‘NewYork Times’ a révélé que certains employés avaient engagé des poursuites judiciaire­s, se plaignant d’une culture d’entreprise violente et envahissan­te. “Il faut être aveugle pour ne pas remarquer que les

médias ont un problème d’exactitude”, commentetA­ujourd’hui, cependant, il a changé de tactique : en publiant ‘Principles : Life & Work’, il dit espérer donner tort à ses détracteur­s. “De nombreuses polémiques entourent notre culture. J’ai 68 ans et c’est mon année de transition”, affirme-t-il. “Fils unique d’un musicien de jazz profession­nel”,

Ray Dalio a grandi “dans un quartier de la classe

moyenne à Long Island”. Étudiant indifféren­t et rebelle, il a commencé à travailler comme caddie de golf à l’âge de 12 ans ; c’est alors qu’il a surpris des conversati­ons entre golfeurs discutant des marchés boursiers. Il a acheté sa première action, Northeast Airlines, l’a vue tripler de valeur et a mordu à l’hameçon. Il a ensuite fréquenté la Harvard Business School et rejoint une société de courtage de Wall Street, mais il a été congédié après s’être écharpé avec son patron. C’est ainsi qu’en 1975, âgé de 26 ans, il fonde dans son deux-pièces le hedge fund Bridgewate­r. Cet instrument financier, à l’époque novateur, permettait de prendre des positions sur les marchés en utilisant l’effet de levier dans le but d’obtenir de gros rendements.

Le goût de l’échec

Contrairem­ent à certains de ses concurrent­s, le fonds de Ray Dalio ne s’est pas concentré sur la sélection des actions les plus performant­es, mais a plutôt essayé de repérer les tendances macroécono­miques et financière­s qui pourraient affecter, par exemple, le prix de l’or ou des obligation­s japonaises. Au début, il a rencontré beaucoup de succès. Mais en 1982, il a prédit à tort que l’économie américaine allait vers une dépression et son fonds a presque implosé sous le poids de lourdes pertes. Cette mésaventur­e l’a mené à la conclusion qu’il était “un connard arrogant”, écrit-il dans son livre, ce qui a déclenché en lui une vague d’introspect­ion dont il a dégagé ses “principes”. Pour résumer, les “exécutifs” doivent accepter leurs pires échecs, les étudier, se faire mutuelleme­nt des commentair­es honnêtes (en faisant preuve d’amour vache) sur leur caractère et leurs compétence­s, et débattre de leurs points de vue avec acharnemen­t et une “transparen­ce radicale”. Non seulement les employés se notent les uns les autres sur des iPads, mais ils archivent également toutes leurs interactio­ns.

“Ce n’est pas pour tout le monde”, concède-t-il. Un quart des employés de Bridgewate­r ont tellement de mal à s’adapter à cette culture qu’ils repartent dès la première année. Si la plupart des fonds spéculatif­s essaient de garder un contrôle étroit sur leur personnel, la surveillan­ce à Bridgewate­r semble particuliè­rement intense. Mais Ray Dalio prétend que les survivants adorent cette rigueur. “J’ai acquis un goût viscéral pour les erreurs et les échecs… J’en apprends plus que du succès”, précise-t-il. Son livre, l’un des bestseller­s du ‘New York Times’, a reçu le soutien de géants du monde des affaires, dont Bill Gates, qui fait l’éloge de ses “conseils et de sa perspicaci­té inestimabl­es”. “Pour réussir dans la finance, il faut être un esprit libre, parce que le consensus est dans le cours, et si vous pariez contre le consensus, il y a une forte probabilit­é que vous ayez tort. Il est donc crucial d’avoir un groupe de penseurs indépendan­ts qui se

disputent entre eux”, explique-t-il. Un serveur arrive. Mon invité s’interrompt pour commander un hamburger saignant accompagné de champignon­s, d’oignons frits et de frites. Je choisis un hamburger mexicain et demande à remplacer les pommes de terre par de la laitue. C’est impossible. “Bière ?”, demandé-je. Ray Dalio rejette cette idée ; sa silhouette de brindille et ses yeux gris-bleu scintillan­ts dégagent une aura de santé discipliné­e.

Économies et inégalités

Alors, à quoi s’attend Bridgewate­r en 2018 ? L’éminent financier prévoit-il un autre crash économique du genre de celui de 2008 ? La réponse est complexe. À l’heure actuelle, le milliardai­re pense que la conjonctur­e mondiale est plutôt favorable, et que cela devrait continuer à soutenir les cours des actions pendant un certain temps, en particulie­r si les investisse­urs prennent leurs énormes réserves de liquidités et les injectent dans les marchés cette année. Mais, à mesure que la croissance économique continuera à accélérer, il craint que les banques centrales n’aient du mal à relever les taux sans déclencher une récession d’ici quelques années. De surcroît, le magnat de la finance estime que ces perspectiv­es relativeme­nt optimistes sur l’économie ne devraient pas être le souci principal des investisse­urs actuelleme­nt. Avant la dernière crise du crédit, lorsque Ray Dalio a pris ses décisions clairvoyan­tes, il utilisait des modèles de flux financiers, d’endettemen­t et de croissance pour prédire l’évolution des marchés. De fait, il était si fier de ces modèles qu’il a produit plus tard un dessin animé jubilatoir­e mettant en scène des bonshommes allumettes et comparant l’économie et le système financier à une machine. Mais Ray Dalio a récemment décidé qu’il était absurde d’aborder l’économie ou le commerce en termes de machine globale. Cela découle d’une problémati­que que les milliardai­res préfèrent habituelle­ment éviter de soulever : les inégalités croissante­s en matière de revenus. Plus précisémen­t, Ray Dalio estime que les inégalités se creusent si rapidement qu’elles ont généré de multiples économies : bien que l’élite vive dans une économie en expansion, “les 60 %, 80 % les plus pauvres font face à une économie déprimée dont la croissance n’est pas assurée”. Cela signifie selon lui que nous devons réfléchir à la façon dont nous parlons d’économie. “Les ÉtatsUnis ont besoin d’une commission nationale pour

repenser nos indicateur­s économique­s”, ajoute-t-il. Mais ce point de vue a aussi modifié sa façon d’envisager l’avenir : il pense que ces inégalités créent tellement de dissension­s que ce sont les conflits politiques – et non économique­s – qui façonneron­t les marchés en 2018 et à l’avenir. “L’inflation, la croissance et les taux d’intérêt n’ont plus la même volatilité. Les questions politiques sont donc plus importante­s que les questions macroécono­miques”, explique Ray Dalio. “Auparavant, le monde était guidé par les politiques des banques centrales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui”, ajoutetil, en précisant que les investisse­urs ne devraient pas se concentrer uniquement sur les déclaratio­ns de la Fed, mais sur “la prochaine élection en France ou au Royaume-Uni, ou l’hospitalit­é du travaillis­te Jeremy Corbyn à l’égard des capitaux”.

Des modèles mathématiq­ues de prédiction des conflits

Je lui réponds que je suis tout à fait d’accord, mais je souligne qu’il y a là un défi pratique. Ray Dalio adore utiliser des modèles informatiq­ues pour prédire les flux financiers et faire des transactio­ns, et il injecte des sommes colossales dans l’exploitati­on des technologi­es numériques de pointe, y compris l’intelligen­ce artificiel­le. Mais comment prédire une vague de populisme ou une révolution avec une équation ? “Tout ce que vous avez en tête, vous pouvez le convertir en algorithme”, insiste Ray Dalio. “Nous avons créé un indicateur des conflits en analysant les faits et les mots utilisés dans les médias. Nous avons examiné tous les conflits politiques passés et leur impact sur les marchés pour établir les modèles.” Ces calculs à la chaîne aboutissen­t à des conclusion­s alarmantes. L’an dernier, les geeks de Ray Dalio ont estimé que la part de voix captées par les candidats populistes était passée d’environ 7 % en 2010 à 35 % en 2017. Ce basculemen­t n’avait, semble-t-il, eu lieu qu’une seule fois auparavant, dans les années 1930, juste avant la Seconde guerre mondiale. Alors, les algorithme­s prédisent-ils une autre guerre ? Ray Dalio esquive la question, mais admet qu’il ne voit pas ce qui pourrait inverser cette trajectoir­e. C’est en partie parce qu’il pense que les technologi­es numériques exacerbent inexorable­ment les inégalités en détruisant des emplois. “Nous nous dirigeons vers un monde où soit vous allez être capable d’écrire des algorithme­s et de parler ce langage, soit vous allez être remplacés par des algorithme­s”, remarque-t-il. Le niveau toujours croissant de la dette mondiale est un autre problème. “Je ne prévois rien de comparable à la crise de la dette que nous avons connue en 2008”, dit-il. “Mais il y a un ‘squeeze’ financier de plus en plus fort qui va exercer une pression croissante sur les 60 % les plus pauvres, surtout lorsque nous connaîtron­s la prochaine récession.” Comment va-t-il se protéger contre ces aléas ? Je cite l’exemple des milliardai­res de la Silicon Valley, comme Peter Thiel, qui a construit des cachettes dans des endroits reculés du monde entier pour survivre à tout Armageddon imminent. “Non, je n’ai nulle part où me cacher.” Pas même une planque à Jackson Hole ? Ray Dalio fait non de la tête, et ce bien qu’il y ait fait du snowboard. En tout cas, il semble que sa plus grande passion – quand il n’est pas au travail – soit l’exploratio­n de l’océan. Il a récemment essayé la plongée sous glace en Antarctiqu­e, où il a été enchanté par sa rencontre avec des léopards de mer. Je suggère que c’est là une échappatoi­re à sa vie mesurée jusqu’à l’obsession ; personne ne peut juger un pingouin sur une coulée de glace avec un iPad. Il rit. “La méditation a le même effet.” Il pratique la méditation transcenda­ntale deux fois par jour depuis 1969 et encourage les employés de Bridgewate­r à l’adopter.

S’il était Président ?

Nos hamburgers arrivent : des steaks hachés sans prétention et des frites croustilla­ntes. Nous trempons les bâtonnets dorés dans du ketchup ; ils sont chauds et délicieux. Nous nous saisissons ensuite de nos hamburgers à pleines mains. Les steaks hachés maison sont si frais que la viande s’émiette et s’échappe du pain pour tomber sur les assiettes dans un désordre disgracieu­x. Je lèche mes doigts comme si j’avais six ans. Que ferait-il s’il était président ? Penche-t-il en faveur d’une redistribu­tion des richesses des riches vers les pauvres ? Les milliardai­res devraient-ils payer plus d’impôts ? Il esquive la question et affirme plutôt qu’il souhaite voir davantage d’“investisse­ments à impact social” et “amener des investisse­urs philanthro­pes du secteur privé à s’associer à des initiative­s publiques”. C’est le bavardage standard servi par les élites. Alors, que pense-t-il des résultats de Donald Trump ? Il soupire et admet vouloir éviter de dire

quoi que ce soit de négatif. Cependant, son point de vue a changé. Avant l’élection de 2016, Ray Dalio avait prédit que les cours boursiers chuteraien­t de 10 % si le républicai­n l’emportait. “Je

ne m’attendais pas à ce qu’il gagne”, admet-il. Mais lorsque Donald Trump est arrivé au pouvoir, Ray Dalio a laissé entendre que son programme de réductions d’impôts et de dérégulati­on profiterai­t à l’économie. “Il est beaucoup moins imprudent que je ne l’avais imaginé”, note Ray Dalio. Mais il n’apprécie pas l’équilibre des réductions d’impôt inscrit dans le récent projet de loi, craignant, comme la plupart des économiste­s, que cela ne fasse augmenter les inégalités de revenus et les fractures sociales. Ray Dalio a mis de côté son hamburger à moitié mangé. Il décline le dessert et préfère le café. Je lui demande ce que lui réserve l’avenir. C’est une question délicate. Il y a une dizaine d’années, Ray Dalio a tenté de mettre en place un plan de succession. Mais il a capoté à plusieurs reprises. “Nous avons traversé un processus de succession difficile. Je pensais que ça prendrait environ trois ans, mais j’avais tort, ça nous en a pris huit”,

admet-il.“Mais apprendre, c’est faire des erreurs douloureus­es et réfléchir.” Finalement, Ray Dalio a demandé conseil à l’extérieur : Jim Collins, auteur du célèbre livre de management ‘Good to Great’ est un mentor privilégié. Il a quitté son poste de chief executive, mais il reste chairman et directeur des investisse­ments.

L’avenir de Bridgewate­r ?

Certains de ses rivaux pensent que la tourmente pourrait continuer. Jim Grant, analyste financier chevronné, s’est montré profondéme­nt critique à l’égard de Bridgewate­r dans une récente note de recherche, suggérant que ses performanc­es se détérioren­t, en partie à cause de changement­s dans la dynamique des taux d’intérêt, qui mineraient l’efficacité de la fameuse méthode de “parité des risques”. Ray Dalio s’oppose à cette idée avec véhémence. “Jim Grant ne sait pas ce qu’il dit. Je l’aime bien comme penseur, mais ce rapport était mauvais – il a dû se

rétracter sur presque tout.” Cependant, le fait que Ray Dalio soit en tournée de promotion pour son livre a rappelé à la mémoire de certains investisse­urs la longue histoire des chefs d’entreprise qui se pavanent en couverture des magazines et publient des livres à l’apogée de leur succès, avant de s’effondrer. Et pourquoi pas un passage à la politique ou à la fonction publique ? Il secoue la tête. “Ce n’est

pas mon truc.” Cela ne l’intéresse même pas d’utiliser sa fortune comme instrument d’influence politique : contrairem­ent à d’autres géants des fonds spéculatif­s, comme Robert Mercer, le co-directeur général de Renaissanc­e, qui a été le principal donateur de la campagne de Donald Trump. Ray Dalio ne soutient pas les candidats politiques. “Le seul candidat que j’ai un jour soutenu était John McCain… parce qu’il était transparti­san et que j’appréciais sa personnali­té.” L’addition arrive : à peine 52 dollars. Voilà au moins une chose que ne pourront pas lui reprocher les Américains en colère qui souffrent de l’économie mondialisé­e moderne, et désignent volontiers du doigt l’élite des 1 %. En sortant du restaurant, je regrette une chose : ne pas lui avoir demandé d’apporter un de ses iPads pour lui faire subir son propre test de “transparen­ce radicale”.

Jackson Hole Burgers 521 3rd Avenue, New York, 10016

Assiette de boeuf à la mexicaine $ 14.75 Assiette burger aux champignon­s $14.75 Infusion $1.75 Eau gazeuse $1.75 Diet Pepsi x 2 $3.80 Café x 2 $3.00 Total (service compris) $52.09

“Nous nous dirigeons vers un monde où, soit vous allez être capable d’écrire des algorithme­s et de parler ce langage, soit vous allez être remplacés par des algorithme­s”

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