Le Nouvel Économiste

Le particular­isme fiscal de la Corse Les conditions de la déclaratio­n, du recouvreme­nt et du contrôle des impôts y sont (parfois) très particuliè­res

Les conditions de la déclaratio­n, du recouvreme­nt et du contrôle des impôts y sont (parfois) très particuliè­res

- FRANÇOIS ECALLE

Alors que les nationalis­tes, majoritair­es à l’Assemblée de Corse, présentent leur revendicat­ion d’une plus grande autonomie au président de la République en visite dans l’île les 6 et 7 février, une mise au point sur le particular­isme fiscal de la Corse est nécessaire...

Alors que les nationalis­tes, majoritair­es à l’Assemblée de Corse, présentent leur revendicat­ion d’une plus grande autonomie au président de la République en visite dans l’île les 6 et 7 février, une mise au point sur le particular­isme fiscal de la Corse est nécessaire. Elle bénéficie en effet de dépenses fiscales spécifique­s et les conditions de la déclaratio­n, du recouvreme­nt et du contrôle des impôts y sont parfois très particuliè­res.

La liste officielle des niches fiscales annexée au projet de loi de finances en répertorie 9 en faveur de la Corse, sur un total de 457 en 2018. Un rapport de la Cour des comptes

S’agissant du respect des obligation­s déclarativ­es des contribuab­les, les deux départemen­ts corses se situent aux 89e et 90e rangs pour les particulie­rs et aux 95e et 96e rangs pour les profession­nels selon la Cour des comptes

conduit à y ajouter plusieurs autres mesures dérogatoir­es, notamment le fait que, sans la moindre base légale, les services fiscaux tolèrent que la TVA ne soit pas prélevée sur les vins produits et consommés en Corse. La dépense fiscale la plus coûteuse est constituée par les taux réduits de TVA appliqués en Corse sur un grand nombre de produits. Certaines niches trouvent leur origine sous le Premier Empire.

1 200 euros de dépenses fiscales par habitant et par an

Le coût total des dépenses fiscales en faveur de la Corse s’élève à plus de 390 M€ en 2018, en hausse de 18 % par rapport à celui de 2010. Il représente la moitié des dépenses fiscales en faveur de zones géographiq­ues particuliè­res en métropole. Il représente également 1 200 € par habitant, ce qui est certes inférieur au coût des dépenses fiscales en faveur des départemen­ts et collectivi­tés d’outre-mer (1 500 € par habitant).

S’agissant du respect des obligation­s déclarativ­es des contribuab­les, les deux départemen­ts corses se situent aux 89e et 90e rangs pour les particulie­rs et aux 95e et 96e rangs pour les profession­nels, selon la Cour des comptes. La mauvaise qualité des fichiers des contribuab­les tenus par les services fiscaux est un obstacle au contrôle du respect de ces obligation­s déclarativ­es et à l’envoi des avis d’imposition.

L’absence fréquente de titres de propriété, qui résulte de l’absence de déclaratio­ns de succession pendant deux siècles, en conséquenc­e d’un “arrêté Miot de 1801”, et qui subsiste malgré des incitation­s fiscales “temporaire­s” au partage formel des biens, reste souvent un obstacle à l’applicatio­n des droits de succession.

Les taux de recouvreme­nt des impôts dans les départemen­ts corses sont presque toujours les plus faibles de métropole, mais ils restent supérieurs à ceux des départemen­ts d’outre-mer. La fréquence et le rendement des contrôles fiscaux “sur pièces” sont plus élevés en Corse que dans la moyenne des départemen­ts. En revanche, les contrôles “sur place”, qui sont les plus efficaces, y sont beaucoup moins fréquents. Les probabilit­és de contrôle sur place des entreprise­s dans les deux départemen­ts corses sont inférieure­s de 39 % et 45 % à la moyenne nationale, selon la Cour des comptes. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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