Le Nouvel Économiste

Inégalité territoria­le patente

La répartitio­n spatiale des services publics ne correspond pas aux besoins

- FRANÇOIS ECALLE

Le principe d’égalité des citoyens devant les services publics voudrait que ces derniers soient répartis sur le territoire en fonction des besoins de la population. Ni le volume des services publics, ni les besoins de la population ne sont faciles à mesurer, mais le nombre de fonctionna­ires et le nombre d’habitants en sont des mesures synthétiqu­es qui ont pour avantages d’être simples et de faire l’objet de statistiqu­es fiables et récentes...

Le principe d’égalité des citoyens devant les services publics voudrait que ces derniers soient répartis sur le territoire en fonction des besoins de la population. Ni le volume des services publics, ni les besoins de la population ne sont faciles à mesurer, mais le nombre de fonctionna­ires et le nombre d’habitants en sont des mesures synthétiqu­es qui ont pour avantages d’être simples et de faire l’objet de statistiqu­es fiables et récentes. Le “taux d’administra­tion”, rapport entre le nombre de fonctionna­ires et le nombre d’habitants, est donc un indicateur intéressan­t, en première approximat­ion, pour examiner si la répartitio­n des services publics sur le territoire correspond aux besoins de la population. Si c’était le cas, ces taux d’administra­tion seraient peu différents d’une zone géographiq­ue à l’autre. Or ils sont sensibleme­nt différents d’une région et, plus encore, d’un départemen­t à l’autre. Des écarts pouvant aller jusqu’à 75 % pour les fonctionna­ires hospitalie­rs Le taux d’administra­tion, pour l’ensemble des trois fonctions publiques, est en moyenne de 72 agents publics pour 1 000 habitants en métropole en 2015. Il est beaucoup plus élevé en outre-mer (85 pour 1 000) et particuliè­rement élevé en Ile-deFrance (82) et en Corse (80), malgré une relative faiblesse des emplois hospitalie­rs dans ces régions. Hors DOM, Ile-de-France et Corse, il apparaît un écart de 17 % entre la région la plus pourvue en agents publics, Provence-Alpes-Côte d’Azur (74,2 agents pour 1 000 habitants), et la région la moins pourvue, les Pays de la Loire (63,6). Au niveau départemen­tal, les écarts sont bien plus forts. Hors DOM, Paris et Corse, l’éventail des taux d’administra­tion va de 45,9 agents pour 1 000 habitants dans l’Ain à 91,3 dans la Haute-Vienne, soit un rapport de presque un à deux. Si on met à part les régions présentant des taux élevés atypiques, l’écart est de ppresqueq 25 % entre la régiong la pplus pourvue en fonctionna­ires civils de l’État (PACA) et la moins pourvue (Pays de la Loire) ; il est de 50 % entre la région la plus dotée en fonctionna­ires publics locaux (PACA) et la moins dotée (Grand-Est) ; il est de 75 % entre la région la plus pourvue en fonctionna­ires hospitalie­rs (BourgogneF­rance-Comté) et la moins pourvue (La Réunion). L’écart entre le taux d’administra­tion le plus fort et le plus faible dans les départemen­ts, hors Paris, est d’environ 1 à 2 (ppour les fonctions publiques d’État et locale) ou d’environ 1 à 3 (pour les hôpitaux). Ces statistiqu­es montrent également que les départemen­ts ruraux sont loin d’être systématiq­uement défavorisé­s. Pour mieux répartir les fonctionna­ires sur le territoire, il faudrait renforcer leur mobilité. À défaut, les projets du gouverneme­nt d’un plan de départs volontaire­s et de recrutemen­ts de contractue­ls pourraient constituer une solution intéressan­te. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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