Le Nouvel Économiste

À QUAND LE TOUR DES BANQUES CENTRALES ?

Le conseil de la Banque des règlements internatio­naux : prudence, prudence

-

Bitcoin, Ethereum, XRP, Stellar, Cardano… Le monde naissant des crypto-monnaies est déjà bondé à un point affolant. Dans la cacophonie de ces monnaies virtuelles basées sur la technologi­e de la bloc-chaîne qui se voudraient des substituts aux monnaies officielle­s, les banques centrales de Singapour et de Suède s’interrogen­t sur la possibilit­é d’émettre des versions digitales de leurs monnaies nationales, elles aussi. Aucune ne va le faire incessamme­nt, mais un rapport préparé par les fonctionna­ires des banques centrales du monde entier et publié par la Banque des règlements internatio­naux le 12 mars – une semaine avant le sommet des ministres des Finances du G20 et des gouverneur­s des banques centrales à Buenos Aires – propose un guide sur la façon de procéder.

Une chute prononcée de l’utilisatio­n du cash pourrait étayer la cause d’une cryptomonn­aie de banque centrale largement diffusée

La réponse ? Avec prudence. Pour commencer, déterminer qui va utiliser ces monnaies virtuelles des banques centrales est important. Les monnaies des banques centrales existent en deux parfums : les billets et pièces disponible­s pour tous, et les réserves et comptes de règlement destinés uniquement aux banques commercial­es. Les transactio­ns électroniq­ues existent déjà (mais pas celles en bloc-chaîne, néanmoins). Elles sont utilisées pour les règlements de banque à banque. De la même façon, les monnaies virtuelles des banques centrales (dont l’acronyme en anglais est CBDC, ou Central Bank Digital Currency) pourraient être proposées à tous ou bien rester d’un usage extrêmemen­t restreint. Une crypto-monnaie disponible pour tous permettrai­t de fait à n’importe qui d’avoir un compte auprès d’une banque centrale. Les CBDC pourraient être transférée­s soit de “pair à pair”, comme des liquidités, ou via un système bancaire. Elles pourraient être détenues de façon anonyme, ce qui préservera­it le secret sur les avoirs, ou être “étiquetées”, permettant alors de détecter plus aisément les transactio­ns suspectes. Dans le cas où elles produiraie­nt des intérêts, cela affecterai­t la demande non seulement de CBDC mais également de liquidités,q, de dépôts p bancaires et d’obligation­s d’État. Le rapport évalue les impacts possibles des crypto-monnaies de banques centrales sur le système des paiements, la politique monétaire et la stabilité financière. Une chute prononcée de l’utilisatio­n du cash pourrait étayer la cause d’une crypto-monnaie de banque centrale largement diffusée. En Suède, la Riksbank songe à une e-couronne pour les faibles montants. Mais dans la plupart des pays, en dépit de l’adoption croissante des cartes bancaires, accélérée par le paiement sans contact, le cash reste populaire. Des tests menés avec une crypto-monnaie de banque centrale pour les transactio­ns inter-banques uniquement “n’ont pas fait la preuve d’une grande utilité” avertit le rapport. Une monnaie virtuelle largement disponible et produisant des intérêts pourrait, en principe, renforcer le lien entre la politique monétaire et l’économie. Un taux d’intérêt lié au taux directeur peut placer un plancher sous les taux du marché monétaire. Les banques pourraient n’avoir d’autre choix que de répercuter les modificati­ons du taux de

Attendezvo­us à d’autres avertissem­ents du même style du G20 de Buenos Aires, et à peu d’empresseme­nt de la part des banques centrales d’émettre leurs propres monnaies virtuelles

la CBDC sur les déposants. Des taux négatifs seraient plus aisés à gérer, surtout si les billets à forte valeur faciale étaient abolis. Mais tout ceci reste incertain. Les particulie­rs sont moins sensibles que les investisse­urs institutio­nnels aux changement­s de taux. Les banques centrales possèdent déjà de nombreux outils. Les auteurs du rapport ne sont pas certains que les bénéfices supposés justifient d’ores et déjà de créer des monnaies virtuelles de banques centrales. Pour ce qui est de la stabilité financière, ils sont encore plus prudents. Durant les périodes de stress, les déposants fuient les banques vacillante­s pour des refuges plus sûrs, et une monnaie virtuelle de banque centrale créerait le risque d’importer des “paniques digitales” dans une banque centrale. Même dans des conditions normales, les banques assumeraie­nt des coûts de financemen­t plus lourds si elles doivent entrer en concurrenc­e avec leur banque centrale sur les dépôts. Les versions virtuelles des devises utilisées à l’internatio­nal, comme le dollar, pourraient aggraver ces complicati­ons si les ressortiss­ants étrangers ont la liberté de les utiliser. Les banques centrales s’intéressen­t plus à l’émergence des crypto-monnaies et avertissen­t qu’elles sont des paris spéculatif­s. Attendez-vous à d’autres avertissem­ents du même style du G20 de Buenos Aires, et à peu d’empresseme­nt de la part des banques centrales d’émettre leurs propres monnaies virtuelles.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France