Le Nouvel Économiste

LAMIDO SANUSI, ÉMIR DE KANO, NIGERIA

L’ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria ne ressent aucune culpabilit­é d’avoir hérité d’un privilège, la charge d’émir de Kano.

- DAVID PILLING, FT L’émir de Kano au Nigeria

C’est un peu déconcerta­nt de se trouver face au portrait haut de dix pieds de l’homme avec qui vous allez dîner. Ici même, sur un mur vert luminescen­t de son palais, se trouve un portrait de l’émir de Kano dans toute sa splendeur. Il porte une robe longue or et bleu, un genre de chapeau melon géant et brillant et des sandales en fourrure grandes comme des assiettes. Qu’un tel personnage existe de nos jours, sans même parler du fait qu’il va dîner avec moi, semble vaguement absurde. Il est presque 20 heures et le palais est étrangemen­t désert. Un serviteur me guide le long d’un couloir sombre. L’émir a proposé un dîner plutôt qu’un déjeuner en raison de ses activités et de l’heure d’arrivée des vols à Kano, une antique cité au nord du Nigeria. Je me suis informé sur la possibilit­é de venir en voiture depuis Abuja, mais on m’a mis en garde contre le risque d’enlèvement, réel ces derniers temps. Je me retrouve seul dans une bibliothèq­ue où se trouvent un trône imposant à une extrémité et un vieux ventilateu­r à pales au plafond. Les livres sont pour la plupart consacrés à l’histoire de l’Afrique, mais un exemplaire du journal satirique britanniqu­e ‘Private Eye’ est placé bien en évidence, avec Boris Johnson, le secrétaire d’État aux affaires étrangères britanniqu­e en couverture, accompagné d’un Muppet. À 56 ans, Lamido Sanusi II fait partie de l’establishm­ent tout à la fois ancien et moderne, et vit entre les deux mondes. En tant qu’émir de Kano, il est considéré comme l’autorité religieuse musulmane la plus importante après le sultan de Sokoto. Ancien banquier, il est aussi connu pour son coup d’éclat en tant que gouverneur de la Banque centrale. Il a provoqué une déflagrati­on dans l’establishm­ent en révélant la disparitio­n de 20 milliards de dollars des coffres de l’État en 2014. Sous le manteau de la tradition, il règle ses comptes avec l’élite du pays et se prononce sur des questions de société comme le mariage des enfants, qui existe toujours dans le nord principale­ment musulman du Nigeria. Il y a ceux qui le trouvent brillant et ceux qui le considèren­t arrogant. Souvent, ce sont les mêmes. En fin de compte, quelqu’un vient me chercher. Je suis conduit à travers des jardins d’apparat vers la résidence de l’émir, une bâtisse blanche imposante et inondée de lumière. Le serviteur me précède dans une autre bibliothèq­ue. Celle-ci est plus moderne et propose une télévision à écran plat presque aussi grande qu’un écran de cinéma, insérée dans les étagères qui vont du sol au plafond. La bibliothèq­ue comporte 20 000 ouvrages. Le temps passe. Je joue avec une boîte de mouchoirs en papier imprimée d’une photo de l’émir. Là où se trouve normalemen­t la marque Kleenex, on lit les mots “Muhammad Sanusi II”. Le silence est soudain troublé par des psalmodies. Puis les portes s’ouvrent brusquemen­t et Sanusi fait son entrée. “Désolé d’être en retard” dit-il. Il est plus de 21 heures. “On ne m’avait pas

informé de votre arrivée.” Son anglais est impeccable, d’un genre qui n’existe même plus en Grande-Bretagne. Dans la vraie vie, il porte une longue tunique blanche simple et un chèche semblable à celui de Yasser Arafat recouvre sa tête. Nous passons dans la salle à manger peinte en jaune pâle. Une table a été dressée et des soupières en argent sont alignées le long d’un mur. Étrangemen­t, alors que la résidence compte des dizaines de domestique­s, nous nous servirons nous-mêmes. Sanusi connaît bien les “déjeuners avec” du Financial Times et me décrit la nourriture. “Ça c’est du waina” m’expliqueen désignant un genre de pain boursouflé. “W-A-I-N-A. C’est fait avec du riz. Le riz est pilé. On en fait ensuite une pâte à faire frire dans l’huile. Et ça va avec la soupe aux légumes.” “Ceci est du tuwo shinkafa” poursuit-il en utilisant un mot de la langue hausa pour décrire des boulettes de riz pilé d’une blancheur de neige. Il me présente chaque plat : poulet et curry aux épinards, soupe verte, plantain, riz blanc et, naturellem­ent, le riz orange “jollof”, sans lequel aucun festin nigérian ne serait complet.

“Vous publiez toujours l’addition” dit- il, en faisant allusion à cette tradition du FT. “Mes épouses ont cuisiné ceci. J’ignore combien cela leur a coûté.”

Avant que je puisse répondre sur ce point de

détail, il poursuit : “Si j’ai un invité, il mange ce que nous mangeons. C’est bizarre d’avoir des invités chez vous et de sortir pour manger chinois. Prenez une assiette.” Je me sers de soupe, qui se révélera délicieuse­ment poivrée et constellée de petits morceaux de viande, j’y ajoute quelques petits pains et du beurre. Nous transporto­ns les assiettes vers la table. Comment est-il devenu émir, une charge que son grand-père a également détenue ? “Je suis sûr que vous savez que le but ultime de la plupart des princes est de prendre place sur le

trône” dit-il, comme si je fréquentai­s nuit et jour de futurs rois. Dans le système nigérian “adapté” par les Britanniqu­es, qui conquirent ce califat en 1903, les “faiseurs de rois” choisissen­t trois candidats et les présentent au gouverneur de l’État. Le grand-oncle de Sanusi, Ado Bayero, a occupé le trône pendant 51 ans. À sa mort en 2014, Sanusi a manifesté son intérêt pour lui succéder. “C’est

ce que j’ai toujours voulu être.”

Intronisat­ion divine sur CV

Le timing était favorable. Sanusi venait d’être limogé de la Banque centrale par le président Goodluck Jonathan pour ses révélation­s sur les “milliards évaporés”. Ces milliards sont toujours à ce jour “non comptabili­sés”, selon l’expression de M. Sanusi, en dépit de la croisade anti-corruption dont se vante le successeur du président Johnathan, Muhammadu Buhari. “Le truc avec ces milliards manquants, c’est que vous n’allez jamais les trouver en un seul et unique lieu.” Il explique que la plus grande partie de l’argent a été dissipée en arbitrage complexe, en fraudes aux écritures et aux subvention­s. Le président Jonathan Goodluck et le gouverneur de Kano étaient des adversaire­s. Tout ennemi du président devenait automatiqu­ement l’ami du gouverneur. Sanusi fut intronisé. “En tant que musulmans, nous croyons que Dieu décide de qui sera l’émir” explique-t-il en plongeant sa lourde cuillère en argent dans l’élégant bol à soupe. “Il crée une situation telle que les circonstan­ces se liguent pour conduire au résultat qui a été prédétermi­né.” Je ressens soudain à quel point cette rencontre est étrange. C’est peut-être l’unique fois de ma vie que suis assis avec un homme convaincu qu’il a été choisi par Dieu. C’est comme s’arrêter chez le Roi soleil pour manger un morceau. Si Dieu utilise les machinatio­ns de la politique au Nigeria pour parvenir à son bon vouloir, je trouve que ses voies sont vraiment mystérieus­es. Qu’il ait été élu divinement ou non, Lamido Sanusi est convaincu de mériter le poste. “Ce n’est pas à moi de le dire…” commence-t-il

avant de procéder à la suite, “mais les faiseurs de rois recherchen­t un certain nombre de qualités. J’ai passé ma vie comme banquier, et j’ai bien réussi. J’ai enseigné l’économie à l’université. J’ai travaillé dans une banque d’investisse­ment. J’ai été directeur des risques pour deux des plus grandes banques du pays. J’ai été le CEO de la plus ancienne et la plus grande banque commercial­e du Nigeria, la First Bank. J’ai été le meilleur gouverneur de la banque centrale pendant quatre ans sur les cinq ans du mandat. Pourquoi devrais-je me sentir coupable d’hériter de ce privilège ? J’ai gagné mes étoiles dans un milieu très compétitif.” Avec un pareil CV, Dieu pouvait difficilem­ent dire non. Lamido Sanusi appartient à l’ethnie des Peuls

qui compte 25 millions de personnes réparties à travers une partie du Sahel et l’Afrique de l’Ouest. Majoritair­ement musulmans, leurs racines sont en Afrique du Nord et au MoyenOrien­t. Sa lignée d’émirs remonte à la guerre sainte menée par Ousman dan Fodio, né en 1754, le fondateur du califat de Sokoto, qui a régné sur la plus grande partie de ce qui est aujourd’hui le nord du Nigeria. La ville de Kano a été fondée au Xe siècle. Le palais où nous nous trouvons a été édifié cinq siècles plus tard. “Je suis le 57e roi, mais je suis le 14e émir peul et le 13e dans ma lignée.”

Il regarde la magnificen­ce autour de lui. “J’ai grandi ici. Mon père était le prince héritier mais il était diplomate de carrière, alors j’ai été élevé par un tuteur.” Il fut envoyé à l’école primaire catholique de la ville proche de Kaduna, puis au King’s College de la capitale Lagos, à l’université Ahmadu Bello et plus tard à l’université d’Afrique à Khartoum. “J’avais l’avantage d’avoir vécu à l’intérieur et à l’extérieur de cette culture, de connaître toutes les traditions du palais, mais aussi de m’être mêlé à des milieux plus hétérogène­s.” Le lieu semble vide, je remarque. Qui d’autre y vit ?“Vous seriez surpris. Vous avez des princesses, les soeurs de mon grand-père, mes cousins, les soeurs de mon père, mes nièces. Ensuite, nous avons les épouses et les concubines des précédents émirs qui ont choisi de rester ici. Et vous avez les domestique­s et leur famille. Historique­ment, vous aviez des esclaves autrefois dans ce palais, et ils font maintenant globalemen­t partie des familles. Donc ils vivent ici. Ils s’appellent eux-mêmes, littéralem­ent, ‘les esclaves des rois’. Ils utilisent ce mot mais nous ne les vendons pas ni ne les achetons.” Pour un moderniste auto- proclamé, je remarque “n’est-ce pas un peu…” – j’hésite pour trouver le bon mot – “médiéval ?” “Pour nous, c’est important de préserver notre histoire, nos racines. Mais les livres, vous le voyez, ne sont pas médiévaux.” Plus tard, il me présentera les volumes de sa “période Marxiste”, dont les ‘OEuvres complètes’ de Lénine. “Mes écrits sont souvent progressis­tes. J’ai été impliqué dans des débats pour, par exemple, savoir si c’était OK de couper la main d’un homme qui a volé une chèvre alors que l’on permet à un gouverneur ou à un ministre de voler des millions et de s’en tirer à bon compte.” Ce qui ne fait pas vraiment de lui un trotskiste. “Les gens pensent que je suis radical mais ce n’est pas vrai” dit-il en nous versant du jus d’hibiscus rouge sang. “Au

Soudan, ils l’appellent kerkede.” Le jus est sucré avec un subtil arrière-goût aigre. “Ma fille veut devenir la prochaine émir de Kano, elle est déçue que je n’ai pas encore nommé de femme au Conseil de l’émirat de Kano.” Ne pourrait-elle pas devenir émir, demandé-je, ce qui provoque un gloussemen­t. “Il faut que ce soit progressif, sans nécessaire­ment faire marcher la société sur la tête” répond-il. Il ajoute que peut-être sa petite-fille, ou son arrière-petite-fille pourront assumer ce rôle. Lamido Sanusi a sept filles et cinq fils. “C’est le plus grand défi pour nous. Comment être le gardien d’une tradition, d’une histoire, d’une culture ? Et comment servez-vous par ailleurs de guide, étant donné que cette culture trace son chemin dans un monde moderne ?”

Polygamie au temps de #MeToo

Le moment semble propice pour aborder le sujet de sa vie conjugale. Nous nous resservons de nourriture – je choisis le curry et une boulette de riz pilé de la taille d’une balle de tennis – et je lui demande laquelle de ses épouses a préparé le repas. “OK, j’ai quatre

épouses” dit-il en précisant que la quatrième fréquente toujours l’université et qu’elle ne le rejoindra pas au palais avant d’avoir obtenu son diplôme. “Je pense que ceci a été fait par deux de mes épouses.” J’attaque en remarquant que certains de nos lecteurs ne vont pas apprécier la polygamie. À l’ère du #MeToo, n’est-ce pas une tradition dont

le temps est révolu ? “Si c’est une loi religieuse, c’est une loi religieuse. Je reçois beaucoup de commentair­es de l’Occident sur la polygamie. Mais laissez-moi vous présenter une autre perspectiv­e. En Grande-Bretagne, de nos jours, vous pouvez avoir des relations avec un nombre illimité de femmes. Vous pouvez avoir six partenaire­s. Si elles sont d’accord et si vous n’exercez pas la contrainte, vous ne commettez pas de délit. Mais si vous décidez de les épouser, vous irez en prison. Si une société ne criminalis­e pas l’adultère, de quel droit criminalis­e-t-elle la polygamie ?”

Dans ce cas, si une femme souhaite avoir trois ou quatre maris, la même logique s’applique certaineme­nt ? Il sourit devant la provocatio­n transparen­te et évoque le besoin, dans une société patriarcal­e pré-ADN, de connaître le lignage paternel d’un enfant. Mais nous vivons maintenant dans une “ère ADN”, objecté-je, en interrompa­nt sa digression sur le philosophe Bertrand Russell. Il opine. Il concède également que, dans la plus grande partie de l’Afrique, avant l’arrivée de l’islam et du christiani­sme, les sociétés matrilinéa­ires comme les Ashanti était chose courante. Pour conclure, il retombe sur la religion. “Je sais

que la loi islamique ne l’autorise pas.” M. Sanusi, ironiqueme­nt, s’est souvent exprimé contre la polygamie – mais pour les pauvres. “C’est une déformatio­n totale de la loi islamique que de se croire autorisé à épouser plus d’une femme sans être capable de les entretenir. Ce n’est pas un chèque en blanc. Vous ne pouvez pas juste produire des enfants et les laisser à la rue en train de mendier, sans aller à l’école.”

Boko Haram et bergers peuls

Pour lui, une grande partie des problèmes du nord du Nigeria, généraleme­nt plus pauvre que le sud majoritair­ement chrétien, vient de la mauvaise interpréta­tion du credo islamique. “Nous avons une jeunesse très nombreuse et le chômage des jeunes. Nous avons un problème de drogue. Et tout cela découle, je pense, de l’effondreme­nt des valeurs familiales.” M. Sanusi attrape une des boulettes de riz que, dit-il, il va manger avec sa fourchette et son couteau et non avec ses doigts. Il passe à l’islam extrémiste. Il a souvent pris la parole contre Boko Haram, le mouvement fondamenta­liste qui terrorise la plus grande partie du nord-est du Nigeria. Quelques jours après notre dîner, Boko Haram kidnappera 110 filles dans l’État voisin de Yobe, dans une réédition de l’enlèvement des lycéennes de Chibok en 2014. À cette époque, Boko Haram menaçait Kano elle-même. M. Sanusi effectuait un pèlerinage à La Mecque quelques mois après être devenu émir quand deux kamikazes se sont fait exploser dans la mosquée centrale de Kano avant que d’autres hommes ouvrent le feu, faisant 120 victimes. L’émir a pris le premier avion pour rentrer.“Quand je suis arrivé, l’imam, tout le monde, avait abandonné la mosquée. Alors j’ai conduit la prière tous les jours au coucher du soleil. Tout le monde s’est regroupé autour de moi. J’ai encouragé la résistance. Je pense que ce fut un tournant.” Boko Haram n’est pas le seul groupe armé à terroriser le Nigeria. Les bergers qui appartienn­ent à l’ethnie de Sanusi, les Peuls, ont été accusés d’attaquer des villages dans tout le Nigeria, armés de mitraillet­tes AK-47 et de laisser des massacres derrière eux. Sanusi répond qu’il s’agit d’une version partiale : les villageois ont massacré des centaines de Peuls sans s’attirer le même opprobre. Les bergers, dit-il, ont été contraints par les effets du réchauffem­ent

climatique à chercher de nouveaux pâturages pour leurs troupeaux, mais les routes traditionn­elles ont été colonisées par les fermiers sédentaire­s. Je repars vers les soupières pour un dernier service : des plantains et du riz jollof, agréableme­nt al dente, au goût acidulé. M. Sanusa accuse les politiques du Nigeria de jeter de l’huile sur le feu. “En étant démagogues, ils détournent l’attention de leurs propres échecs. Ils n’ont pas à se justifier des routes qui n’ont pas été faites, des écoles qui n’ont pas été construite­s, des hôpitaux qui n’ont pas été construits, des femmes qui meurent en couche.” Impossible de l’entraîner à commenter les politiques des partis : il dit que sa position le

contraint à la neutralité. “Je suis un émir, et mes sujets, mon peuple, ont des loyautés politiques différente­s.” Pendant des décennies, dit-il, “le Nigeria n’a été rien d’autre qu’un État de rentiers, le lieu de l’extraction de sa rente par une élite. Il y a eu des tentatives sporadique­s de changer ça, de s’attaquer au problème. Je suppose que ce gouverneme­nt s’est un peu plus occupé de l’agricultur­e, de l’énergie et des infrastruc­tures” dit-il, adressant un tiède compliment au gouverneme­nt du président Buhari. Il est près de minuit, et c’est certaineme­nt le déjeuner avec le FT le plus tardif des annales. Quand nous sortons dans le jardin, un homme caché dans l’ombre saute sur ses pieds. Il nous précède de quelques pas et commence à psalmodier. “Le quatrième émir de ma lignée s’appelait Mohammed Bello” explique Sanusi. “Il est devenu aveugle, alors, une tradition a commencé. Il était guidé. On lui disait quand se lever, où marcher, quand tourner à gauche, quand tourner à droite, quand baisser la tête, quand être prudent.” La tradition a perduré et l’actuel émir est toujours guidé par des psalmodies. “Franchemen­t, c’est drôle. Parfois, même quand nous voyons, c’est comme si nous étions aveugles.” Nous nous quittons au portail du palais. Je trébuche et dévale les trois marches du porche. En reprenant mon équilibre, je maugrée : où est donc le psalmodieu­r quand on a besoin de lui ?

“En GrandeBret­agne, de nos jours, vous pouvez avoir des relations avec un nombre illimité de femmes. Vous pouvez avoir six partenaire­s. Si elles sont d’accord et si vous n’exercez pas la contrainte, vous ne commettez pas de délit. Mais si vous décidez de les épouser, vous irez en prison. Si une société ne criminalis­e pas l’adultère, de quel droit criminalis­e-telle la polygamie?”

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