Robotisation : peur sur l’emploi
Robotisation = destruction d’emploi : l’équation effraie mais elle est loin d’être prouvée. Seule certitude : l’usine du futur se prépare aujourd’hui par la montée en compétences des opérateurs
Face à une industrie manufacturière française en repli, de nouvelles voies s’ouvrent pour tenter d’inverser la tendance de fond. De la cobotique, l’étape intermédiaire alliant homme et machine, à la robotisation automatique pure et simple, la part de l’humain dans l’usine risque cependant de fondre comme peau de chagrin. D’autres voix se font entendre qui estiment que la France a une belle carte à jouer dans la refondation de son industrie. Le robot va-t-il tuer l’emploi ? Certainement pas ! De vraies réflexions s’engagent autour de la formation, du dialogue social et d’une conception industrielle mêlant innovation et R&D. Car plus l’industrie française s’équipera en robots, plus elle produira de richesses à haute valeur ajoutée.
Dans l’un de ses derniers rapports publiés en février 2018, l’Insee souligne le repli industriel français constant depuis 2006. Selon, l’institut de la statistique, la France a perdu 27 300 établissements (-18 %) et 530 000 salariés (-16 %) entre 2006 et 2015. En dépit de ces mauvais chiffres, les secteurs aéronautique et spatial résistent, et enregistrent même une progression significative, à savoir une hausse des effectifs salariés de 24 % entre 2006 et 2015. Cette embellie rappelle que la France aura néanmoins attendu l’année 2010 pour amorcer des pistes de réflexion sur l’industrie du futur. Automatisation des tâches, robotisation, cobotisation, le remplacement de l’homme par la machine semble en passe de devenir une réalité. Dans un rapport alarmant datant de 2014 et intitulé ‘Les classes moyennes face à la transformation digitale’, le cabinet Roland Berger Strategy Consultants estime que d’ici 2025, quelque 3 millions d’emplois devraient être détruits sur le sol national par le seul fait de la digitalisation de l’économie. “Destruction d’emplois”, les mots font peur. Pourtant, d’autres acteurs du secteur veulent voir dans cette nouvelle industrie du futur une chance pour la France.
Les emploisp les moins qualifiés en ligne de mire
“Nous ferons face à des destructions de tâches, c’est évident, mais il s’agira des tâches les plus répétitives, les moins qualifiées et les plus difficiles. Elles seront compensées par de nouvelles compétences avec plus de valeurs ajoutées et faisant la part belle à l’intelligence humaine et à sa différentiation par rapport aux outils numériques”,
explique Tahar Melliti, directeur
général de l’Alliance industrie du futur, qui réunit les organisations professionnelles de l’industrie et du numérique, ainsi que des partenaires académiques, technologiques et de financements des entreprises. Et ce dernier
de poursuivre : “l’histoire est loin d’être écrite, avec pour preuve la robotisation. Cette technologie, introduite il y a de nombreuses années déjà, avait suscité l’inquiétude dans notre pays, mais elle prouve que son utilisation est plutôt un atout pour l’emploi. En effet, le chômage dans des pays comme l’Allemagne ou la Corée est quasi inexistant, alors que leur taux de robotisation y est bien plus élevé qu’en France – l’Allemagne compte cinq fois plus de robots industriels que la France ; le Japon est dix fois plus robotisé que la France !”
D’autres experts refusent le
“Nous ferons face à des destructions de tâches, c’est évident, mais il s’agira des tâches les plus répétitives, les moins qualifiées et les plus difficiles. Elles seront compensées par de nouvelles compétences avec plus de valeurs ajoutées”