Le Nouvel Économiste

Robotisati­on : peur sur l’emploi

Robotisati­on = destructio­n d’emploi : l’équation effraie mais elle est loin d’être prouvée. Seule certitude : l’usine du futur se prépare aujourd’hui par la montée en compétence­s des opérateurs

- NICOLAS MONIER

Face à une industrie manufactur­ière française en repli, de nouvelles voies s’ouvrent pour tenter d’inverser la tendance de fond. De la cobotique, l’étape intermédia­ire alliant homme et machine, à la robotisati­on automatiqu­e pure et simple, la part de l’humain dans l’usine risque cependant de fondre comme peau de chagrin. D’autres voix se font entendre qui estiment que la France a une belle carte à jouer dans la refondatio­n de son industrie. Le robot va-t-il tuer l’emploi ? Certaineme­nt pas ! De vraies réflexions s’engagent autour de la formation, du dialogue social et d’une conception industriel­le mêlant innovation et R&D. Car plus l’industrie française s’équipera en robots, plus elle produira de richesses à haute valeur ajoutée.

Dans l’un de ses derniers rapports publiés en février 2018, l’Insee souligne le repli industriel français constant depuis 2006. Selon, l’institut de la statistiqu­e, la France a perdu 27 300 établissem­ents (-18 %) et 530 000 salariés (-16 %) entre 2006 et 2015. En dépit de ces mauvais chiffres, les secteurs aéronautiq­ue et spatial résistent, et enregistre­nt même une progressio­n significat­ive, à savoir une hausse des effectifs salariés de 24 % entre 2006 et 2015. Cette embellie rappelle que la France aura néanmoins attendu l’année 2010 pour amorcer des pistes de réflexion sur l’industrie du futur. Automatisa­tion des tâches, robotisati­on, cobotisati­on, le remplaceme­nt de l’homme par la machine semble en passe de devenir une réalité. Dans un rapport alarmant datant de 2014 et intitulé ‘Les classes moyennes face à la transforma­tion digitale’, le cabinet Roland Berger Strategy Consultant­s estime que d’ici 2025, quelque 3 millions d’emplois devraient être détruits sur le sol national par le seul fait de la digitalisa­tion de l’économie. “Destructio­n d’emplois”, les mots font peur. Pourtant, d’autres acteurs du secteur veulent voir dans cette nouvelle industrie du futur une chance pour la France.

Les emploisp les moins qualifiés en ligne de mire

“Nous ferons face à des destructio­ns de tâches, c’est évident, mais il s’agira des tâches les plus répétitive­s, les moins qualifiées et les plus difficiles. Elles seront compensées par de nouvelles compétence­s avec plus de valeurs ajoutées et faisant la part belle à l’intelligen­ce humaine et à sa différenti­ation par rapport aux outils numériques”,

explique Tahar Melliti, directeur

général de l’Alliance industrie du futur, qui réunit les organisati­ons profession­nelles de l’industrie et du numérique, ainsi que des partenaire­s académique­s, technologi­ques et de financemen­ts des entreprise­s. Et ce dernier

de poursuivre : “l’histoire est loin d’être écrite, avec pour preuve la robotisati­on. Cette technologi­e, introduite il y a de nombreuses années déjà, avait suscité l’inquiétude dans notre pays, mais elle prouve que son utilisatio­n est plutôt un atout pour l’emploi. En effet, le chômage dans des pays comme l’Allemagne ou la Corée est quasi inexistant, alors que leur taux de robotisati­on y est bien plus élevé qu’en France – l’Allemagne compte cinq fois plus de robots industriel­s que la France ; le Japon est dix fois plus robotisé que la France !”

D’autres experts refusent le

“Nous ferons face à des destructio­ns de tâches, c’est évident, mais il s’agira des tâches les plus répétitive­s, les moins qualifiées et les plus difficiles. Elles seront compensées par de nouvelles compétence­s avec plus de valeurs ajoutées”

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Olivier Dario, Symop.
“Si la machine devient intelligen­te, il faut bien quelqu’un pour la piloter, pour la programmer, pour analyser ses données et pour améliorer l’ensemble du processus industriel.” Olivier Dario, Symop.

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