Le Nouvel Économiste

ASSURANCES ET FREE-LANCE

Les polices d’assurances s’adaptent au monde des free-lance et du travail sporadique

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Avec l’essor du travail en freelance et des petits boulots à la tâche, les travailleu­rs ne sont pas les seuls à devoir s’adapter : ceux qui les assurent aussi. Prenez l’assurance responsabi­lité civile, l’assurance qui couvre les dommages si, mettons, un livreur renversait et blessait un piéton. Un employé conduisant un véhicule d’entreprise serait couvert par une assurance type pour entreprise. Mais les livreurs en freelance qui travaillen­t quand

Les livreurs payent leur assurance à l’heure. La couverture commence quand ils activent l’applicatio­n du service qui les emploie sur leur téléphone mobile, et s’interrompt quand ils la désactiven­t

ils le souhaitent et utilisent leur propre véhicule doivent souvent s’assurer eux-mêmes. S’ils ont une assurance personnell­e, celle-ci ne couvrira pas habituelle­ment les accidents quand ils utilisent leur véhicule pour travailler. Le britanniqu­e Zego est l’un des assureurs qui cherchent à trouver des solutions. Zego a démarré en assurant les coursiers à moto, comme ceux qui travaillen­t pour le service de livraison de repas Deliveroo. Deliveroo et ses concurrent­s demandent à leurs livreurs la preuve qu’ils sont assurés, mais il était difficile de vérifier rapidement si leur assurance était valide. Les coursiers, de leur côté, reculaient souvent devant le coût élevé des primes. Harry Franks, un ex-employé de Deliveroo, co-fondateur en 2016 de Zego, a vu là une opportunit­é et a convaincu des assureurs qu’un modèle différent pouvait être rentable.

Zego vend maintenant des assurances responsabi­lité civile en Grande-Bretagne pour les livreurs de presque une douzaine de sociétés différente­s, comme Amazon ou Quiqup (qui projette de s’implanter en Irlande et en Espagne). Les livreurs payent leur assurance à l’heure. La couverture commence quand ils activent l’applicatio­n du service qui les emploie sur leur téléphone mobile, et s’interrompt quand ils la désactiven­t. Beaucoup de travailleu­rs indépendan­ts veulent avoir plus qu’une assurance responsabi­lité civile et souhaitent une assurance personnell­e, par exemple pour couvrir le risque de maladie. Pour les plateforme­s, qui tiennent à employer des travailleu­rs indépendan­ts et n’embauchent pas pour ne pas avoir à payer de taxes sur la masse salariale, leur procurer une assurance adaptée de ce genre est une façon de leur offrir l’un des avantages couramment associé à l’emploi salarié, sans avoir à les embaucher. L’assurance que propose désormais Uber aux VTC à travers le courtier d’assurances Aon dans de nombreuses villes américaine­s est un bon exemple. Les chauffeurs peuvent choisir d’être couverts contre la maladie, le handicap et le décès pour seulement 0,04 dollar par mile parcouru. Là où cette assurance est proposée, Uber a augmenté d’autant la rémunérati­on du chauffeur, ce qui accentue encore la ressemblan­ce avec un avantage social. Pour des raisons réglementa­ires, les chauffeurs doivent s’assurer volontaire­ment. Mais dans neuf pays européens, un accord similaire entre Uber et l’assureur français Axa couvre automatiqu­ement les accidents, la maladie et la responsabi­lité civile des livreurs d’UberEats, sans démarche ou dépensep supplément­aires.pp Dans l’État de l’Ontario, Uber a contracté une assurance pour ses chauffeurs auprès d’un assureur local, Intact. Lyft, le concurrent de Uber, a fait de même auprès de l’assureur Aviva à Toronto. Il s’agit d’une assurance personnell­e et d’une assurance responsabi­lité civile. Pour l’un comme pour l’autre, la couverture de l’assurance est fractionné­e en trois étapes. La première prend effet quand le chauffeur ouvre l’applicatio­n Uber ou Lyft. La seconde, qui couvre plus de risques, est activée quand le chauffeur accepte une course. La troisième court du moment où les passagers montent en voiture jusqu’au moment où ils en descendent. Ces polices ressemblen­t aux assurances des flottes d’entreprise­s par leur structure, souligne Mamta Kohli d’Aviva, mais elles en diffèrent par leur nature sporadique. Certaines polices d’assurance pour les indépendan­ts sont encore plus inventives. Axa propose aux utilisateu­rs du service de covoiturag­e français Blablacar une garantie réparation et un véhicule de remplaceme­nt en cas de panne. Clutch, une start-up américaine qui propose un service de voitures partagées, a une police d’assurance pour entreprise qui couvre les utilisateu­rs dans toutes les voitures de sa flotte, mais également s’ils empruntent la voiture d’un ami. Voilà qui s’éloigne du modèle habituel des assurances commercial­es, attachées à des véhicules bien identifiés, et des assurances personnell­es liées à des individus.

Les assureurs classiques ne sont pas toujours en mesure d’adopter ces innovation­s. Leurs logiciels de gestion sont parfois si anciens que les contrats doivent être imprimés avec les formules standards et modifiés ensuite sur une machine à écrire, note Jillian Slyfield chez Aon. L’autorité de contrôle peut également être lente à valider de nouveaux arrangemen­ts. Et pour une société qui paye à l’heure des prestatair­es équipés de leur propre véhicule, l’assurance peut être une dépense trop importante. Mme Slyfield avertit que certaines prétendent dans leurs publicités offrir une assurance, qu’ils n’ont en réalité ppas contractée. À plus long terme, les assureurs font face à une évolution plus profonde : la désintermé­diation. Airbnb, la plateforme de location de logements privés, offre une “garantie hôte” contre le vol et le vandalisme depuis 2011. Le système fonctionne comme une assurance, mais aucune compagnie d’assurances n’est impliquée. Airbnb règle lui-même les factures. Curtis Scott d’Uber se vante que son entreprise est “possibleme­nt l’acheteur d’assurances le plus expert qu’on ait jamais vu”. Uber effectue beaucoup de calculs pour la tarificati­on et la souscripti­on d’assurances et possède virtuellem­ent une plateforme de vente, sous la forme de son applicatio­n. Pour Uber et ses pairs, l’étape suivante pourrait être de proposer leurs assurances à usage interne à un plus large public.

À plus long terme, les assureurs font face à une évolution plus profonde : la désintermé­diation. Airbnb offre une “garantie hôte” contre le vol et le vandalisme depuis 2011. Le système fonctionne comme une assurance, mais aucune compagnie d’assurances n’est impliquée. Airbnb règle lui-même les factures.

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