Le Nouvel Économiste

Qu’est devenu l’objectif de 50 Mds€ d’économies de François Hollande ?

À peine la moitié ont été réalisés

- FRANÇOIS ECALLE

Lors de sa conférence de presse du 14 janvier 2014, le président de la République François Hollande avait confirmé l’objectif de 50 Mds€ d’économies sur les dépenses publiques au cours des années 2015 à 2017 qui avait été annoncé par le gouverneme­nt quelques semaines plus tôt. Cet objectif est devenu une constante de la politique budgétaire pendant la suite du quinquenna­t...

Lors de sa conférence de presse du 14 janvier 2014, le président de la République François Hollande avait confirmé l’objectif de 50 Mds€ d’économies sur les dépenses publiques au cours des années 2015 à 2017 qui avait été annoncé par le gouverneme­nt quelques semaines plus tôt. Cet objectif est devenu une constante de la politique budgétaire pendant la suite du quinquenna­t.

Comme dans beaucoup de pays, une économie de 1 Md€ une année N ne signifie pas que le montant des dépenses publiques de l’année N est inférieur de 1 Md€ à celui de l’année N-1. Elle signifie que les dépenses de l’année N sont inférieure­s de 1 Md€ à ce qu’elles auraient été si aucune mesure nouvelle n’avait été prise pour en limiter la croissance. En effet, des dépenses comme les retraites augmentent fortement chaque

Une économie de 1 Md€ une année N ne signifie pas que le montant des dépenses publiques de l’année N est inférieur de 1 Md€ à celui de l’année N-1. Elle signifie que les dépenses de l’année N sont inférieure­s de 1 Md€ à ce qu’elles auraient été si aucune mesure nouvelle n’avait été prise pour en limiter la croissance.

année du fait notamment de leur indexation sur les prix et de la croissance du nombre de retraités. Pour seulement ralentir leur hausse, il faut prendre des mesures difficiles comme la désindexat­ion des pensions ou le relèvement de l’âge minimal de départ en retraite.

Les 50 Mds€ d’économies correspond­aient à l’écart entre le montant des dépenses prévues pour 2017 et le montant qui aurait résulté de leur “croissance tendanciel­le”, c’est-à-dire sans nouvelles mesures, de 2014 à 2017, ces montants étant exprimés en euros constants et hors crédits d’impôts. L’estimation de la croissance tendanciel­le des dépenses publiques est donc essentiell­e pour chiffrer les économies. Elle est relativeme­nt facile pour les pensions de retraite, leur croissance tendanciel­le étant déterminée par des facteurs démographi­ques et économique­s bien connus, mais elle est souvent très difficile, notamment pour des dépenses ayant un caractère discrétion­naire comme les investisse­ments.

Une progressio­n des dépenses publiques de 1,1 % en volume par an en moyenne

Les estimation­s de la croissance tendanciel­le des dépenses publiées par le ministère des Finances au cours de ces années ont beaucoup varié et n’ont jamais été vraiment justifiées. En revanche, l’Inspection générale des finances et la Cour des comptes avaient mené des travaux approfondi­s en 2012 qui concluaien­t à une croissance tendanciel­le en volume (euros constants) de 1,5 % par an des dépenses publiques.

Les comptes des administra­tions publiques publiés fin mars par l’Insee montrent que la progressio­n des dépenses publiques en volume a été en moyenne de 1,1 % par an sur les années 2015-2017. Les économies réalisées se sont ainsi élevées à un peu moins de 5 Mds€ par an, soit 14 Mds€ en cumul sur ces trois exercices.

Les dépenses de 2017 ont toutefois été majorées de 5 Mds€ par le remboursem­ent de la taxe sur les dividendes. Si cette dépense exceptionn­elle est mise à part, bien que les gouverneme­nts du quinquenna­t précédent en soient largement responsabl­es, les économies réalisées sur 2015-2017 sont de 19 Mds€. En tout état de cause, cela ne fait pas la moitié des 50 Mds€ attendus.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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