Le Nouvel Économiste

Les impôts fonciers et la taxe d’habitation sont injustes et incohérent­s

Il faudrait admettre que la seule valeur observable et incontesta­ble est celle retenue par les parties à l’occasion d’une mutation du bien

- FRANÇOIS ECALLE

En déménagean­t dans une même commune pour habiter un logement trois fois plus cher, vous pouvez payer des taxes d’habitation et foncière trois fois plus faibles. Les impôts fonciers locaux sont en effet assis sur des “valeurs locatives cadastrale­s” établies par l’administra­tion qui sont supposées refléter la valeur de marché des biens immobilier­s, mais qui en sont en réalité totalement déconnecté­es depuis très longtemps. Ces impôts sont pour cette raison injustes et incompréhe­nsibles. La révision des valeurs cadastrale­s a été reportée par tous les gouverneme­nts depuis 50 ans. En effet, l’administra­tion a toujours essayé d’appliquer simultaném­ent ses nouvelles estimation­s à tous les logements. Or cela conduirait à des transferts financiers très importants et politiquem­ent inacceptab­les entre les ménages, si on suppose que chaque collectivi­té locale ajusterait alors le taux de ces impôts pour obtenir les mêmes recettes. S’agissant de la taxe d’habitation sur les résidences principale­s, sa suppressio­n pour tous les ménages, qui vient d’être annoncée, résoudra ce problème. Mais s’agissant des taxes foncières et de la taxe d’habitation sur les résidences secondaire­s, ce problème subsistera.

Une solution progressiv­e sur 30 à 40 ans

Dans une interview donnée au ‘Parisien’ le 27 avril dernier, Gérard Darmanin a esquissé une solution que je recommande

depuis longtemps : “on pourrait appliquer la révision des bases cadastrale­s uniquement sur les nouveaux occupants de locaux, lorsqu’il y a un changement de propriétai­re. Si vous restez dans votre appartemen­t, vous n’êtes pas impacté par une hausse éventuelle. Mais si vous vendez, l’acheteur devra payer la taxe foncière réévaluée. Au final, cette réforme se mettrait en place progressiv­ement sur une période d’environ 30 à 40 ans”. Le ministre ne le précise pas, mais il faudrait retenir comme nouvelle base la valeur du bien convenue lors de la transactio­n (ou le loyer du nouvel occupant). Plutôt que d’essayer vainement d’appliquer systématiq­uement des valeurs établies sur la base de critères et de classifica­tions administra­tives qui ne refléteron­t jamais la réalité du marché immobilier. Il faudrait en effet admettre que la seule valeur observable et incontesta­ble est celle retenue par les parties à l’occasion d’une mutation du bien. En attendant que les logements soient cédés, ou que le locataire change pour la taxe d’habitation, les biens immobilier­s seraient soumis aux impôts fonciers dans les mêmes conditions qu’actuelleme­nt. La coexistenc­e de deux modes d’imposition, selon que le bien a fait ou non l’objet d’une mutation depuis la réforme, pourrait être considérée comme une inégalité devant l’impôt. Toutefois, le système actuel est déjà totalement inéquitabl­e. Dans le nouveau système, des biens de plus en plus nombreux seraient estimés à leur juste prix. L’inégalité devant l’impôt serait donc bien moins forte qu’aujourd’hui.

Dans le nouveau système, des biens de plus en plus nombreux seraient estimés à leur juste prix. L’inégalité devant l’impôt serait donc bien moins forte qu’aujourd’hui

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