Le Nouvel Économiste

Pourquoi il est quasi-impossible de baisser la dépense publique

Cinquante ans de rationalis­ation de choix budgétaire­s n’ont pas empêché une augmentati­on des dépenses publiques de 15 points de PIB

- FRANÇOIS ECALLE

Un arrêté du 13 mai 1968 a créé,, auprèsp du ministre de l’Économie, une mission “chargée d’expériment­er une méthode tendant à la rationalis­ation des choix budgétaire­s (RCB) et au contrôle des résultats de l’action administra­tive par des études d’analyse de système et de coût-efficacité”...

Un arrêté du 13 mai 1968 a créé, auprès p du ministre de l’Économie, une mission “chargée d’expériment­er une méthode tendant à la rationalis­ation des choix budgétaire­s (RCB) et au contrôle des résultats de l’action administra­tive par des études d’analyse de système et de coût-efficacité”.

Une longue série de démarches

La RCB a été la première d’une longue série de démarches visant à améliorer les performanc­es de l’action publique, parmi lesquelles on peut citer la circulaire Rocard (1989), la loi organique relative aux lois de finances (LOLF, 2001), la révision générale des politiques publiques (RGPP, 2007) et la modernisat­ion de l’action publique (MAP, 2012), en attendant Action Publique 2022 (2017). Certaines étaient très centralisé­es et d’autres laissaient une grande place à la concertati­on avec les parties prenantes ; certaines reposaient plutôt sur des rapports de corps d’inspection ou d’auditeurs privés, et d’autres sur des évaluation­s de politiques publiques de nature plus académique ; leur articulati­on avec les procédures budgétaire­s était plus ou moins forte ; leur champp était limité aux services de l’État ou étendu à toutes les administra­tions publiques. La “démarche de performanc­e” de la LOLF, qui a inspiré celle des lois de financemen­t de la Sécurité sociale, a été la plus ambitieuse et la plus structuran­te, puisqu’elle est encore aujourd’hui en principe au coeur des procédures budgétaire­s.

Deux obstacles particuliè­rement significat­ifs

Après 50 ans de rationalis­ation des choix budgétaire­s et de réforme de l’action publique, les dépenses publiques ont augmenté de 15 points de PIB, plaçant la France au premier rang de l’OCDE sans que les résultats obtenus nous mettent au même rang. Si les obstacles à une réduction des dépenses publiques sont nombreux, deux d’entre eux méritent une attention particuliè­re. D’abord, la rationalit­é des choix budgétaire­s, que toutes ces démarches ont visée, est un mirage bureaucrat­ique. Les décisions budgétaire­s reposeront toujours sur des objectifs imprécis et incohérent­s, sur des informatio­ns insuffisan­tes et sur des évaluation­s non conclusive­s. Il faudrait surtout ppartir beaucouppp­plus souvent du principe que l’interventi­on de l’État n’est pas nécessaire, sauf à pouvoir présenter de solides preuves du contraire. Ensuite, le principal obstacle à la réduction des dépenses publiques est culturel. Si les Français admettent parfois que cette réduction est, de manière très générale, nécessaire, ils s’opposent à toute baisse des dépenses dont ils peuvent bénéficier. Ils sont convaincus, par une grande partie des économiste­s français, que le service public, “patrimoine de ceux qui n’en ont pas”, et le “modèle social français” peuvent être préservés en augmentant les effectifs de la fonction publique et les prestation­s sociales. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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