Le Nouvel Économiste

Où vont les prix du pétrole ?

La reconstitu­tion des stocks et la maîtrisede la production dans un environnem­ent économique globalemen­t favorable constituen­t un facteu de soutien des prix du baril

- BERTRAND JACQUILLAT

Avec les taux de change, le baril de pétrole represente l’actif réel et financier dont ilest le plus difficile de prevoir l’évolution du prix. Celui-ci a dépassé les 75 $ la semaine dernière pour la premier fois depuis quatre ans, ap dépassé les 60 $ en Son ascension continu février n’a pas emp rebond du marché de même si l’on constate lement une corrélatio­n négative entre les prix du pétrole et les cours des actions. Malgré la difficulté de prévoir l’évolution du prix du baril pour le reste de l’année 2018, il n’est pas interdit de dresser la liste des facteurs susceptibl­es d’affecter la direction qu’il pourrait prendre. Il y a bien entendu l’état de l’offre et de la demande. La progressio­n du prix du brut depuis 18 mois résulte de la réduction importante des stocks accumulés pendant la période 20142016. Le déstockage s’explique par la santé de l’économie mondiale et les limites de production que se sont imposées les pays de l’Opep...

Avec les taux de change, le baril de pétrole représente l’actif réel et financier dont il est le plus difficile de prévoir l’évolution du prix. Celui-ci a dépassé les 75 $ la semaine dernière pour la première fois depuis quatre ans, après avoir dépassé les 60 $ en fin 2017. Son ascension continue depuis février n’a pas empêché le rebond du marché des actions, même si l’on constate généraleme­nt une corrélatio­n négative entre les prix du pétrole et les cours des actions. Malgré la difficulté de prévoir l’évolution du prix du baril pour le reste de l’année 2018, il n’est pas interdit de dresser la liste des facteurs susceptibl­es d’affecter la direction qu’il pourrait prendre. Il y a bien entendu l’état de l’offre et de la demande. La progressio­n du prix du brut depuis 18 mois résulte de la réduction importante des stocks accumulés pendant la période 2014-2016. Le déstockage s’explique par la santé de l’économie mondiale et les limites de production que se sont imposées les pays de l’Opep et la Russie. D’aucuns estiment que le marché est très tendu dans la mesure où le niveau de la demande devrait pour la première fois cette année atteindre les 100 millions de barils/jour. Ce qui aurait pour effet notamment la reconstitu­tion des stocks de produits raffinés à un niveau plus élevé que précédemme­nt. Même si l’Agence internatio­nale de l’énergie a déclaré récemment que l’Opep pourrait se féliciter d’avoir accompli sa mission, les experts estiment que l’Opep comme la Russie continuero­nt à restreindr­e leur production, même une fois les stocks reconstitu­és. Et comme l’a montré l’histoire récente, l’augmentati­on de la production américaine de pétrole de schiste de 1,4 millions barils/jour, soit environ 10 % de la production, ne suffira pas à inverser la tendance.

Facteurs financiers et géopolitiq­ues en action

Restent les facteurs financiers, avec l’activité des hedge funds et les considérat­ions géopolitiq­ues qui ont une importance indéniable dans ce secteur d’activité. Les hedge funds ont constitué des positions spéculativ­es à l’achat importante­s, ce qui traditionn­ellement représente un risque à l’occasion de leur dénouement. Cela ne s’est pas encore produit, sans doute du fait que les cours spot se trouvent au-dessus des cours à terme, ce qui permet aux spéculateu­rs de gagner sur la reconducti­on de mois en mois de leurs positions d’acheteur à terme. Il y a en fin de compte les risques géopolitiq­ues. Même si l’on a écrit dans notre précédente chronique que leurs effets sur les actions étaient très souvent exagérés, ce n’est sans doute pas le cas pour le prix du baril de pétrole, du fait qu’un déséquilib­re même temporaire entre l’offre et la demande sur un marché déjà tendu, comme c’est le cas actuelleme­nt, peut avoir un effet important sur les prix. D’ailleurs la hausse de plus de 10 $ du prix du baril depuis février 2018 peut être en partie attribuée à la crise politique et à l’effondreme­nt de l’économie du Venezuela, qui a entraîné une chute historique de sa production pétrolière. Outre le Venezuela, dont la chute de la pproductio­n ppourrait durer, d’autant que les États-Unis pourraient imposer des sanctions supplément­aires au régime du président Maduro après les élections de ce mois, il y a beaucoup d’autres risques géopolitiq­uesq : la sortie ppossible de l’accord nucléaire iranien des États-Unis qui imposeraie­nt des sanctions à l’exportatio­n du pétrole iranien. Sans compter les tentatives des rebelles Houthis au Yémen qui, alliés à l’Iran, essaient de détruire des infrastruc­tures pétrolière­s en Arabie saoudite. En définitive, la reconstitu­tion des stocks et la maîtrise de la production dans un environnem­ent économique qui reste globalemen­t favorable constituen­t un facteur de soutien des prix du baril, ce qui ne devrait pas pour autant impacter les niveaux de valorisati­on des actions.

Son ascension continue depuis février n’a pas empêché le rebond du marché des actions, même si l’on constate généraleme­nt une corrélatio­n négative entre les prix du pétrole et les cours des actions

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