Le Nouvel Économiste

Un frein à la mobilité

La suppressio­n des droits sur les transactio­ns immobilièr­es aurait été plus pertinente que celle de la taxe d’habitation

- FRANÇOIS ECALLE

L’Assemblée des départemen­ts de France a fait savoir que le gouverneme­nt pourrait relever le plafond des taux des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) sur les transactio­ns immobilièr­es de 4,5 à 4,7 %. Impropreme­nt confondus parfois avec les “frais de notaires”, les DMTO ont rapporté 11 Mds€ en 2016 aux collectivi­tés locales, dont plus des trois quarts aux départemen­ts...

L’Assemblée des départemen­ts de France a fait savoir que le gouverneme­nt pourrait relever le plafond des taux des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) sur les transactio­ns immobilièr­es de 4,5 à 4,7 %. Impropreme­nt confondus parfois avec les “frais de notaires”, les DMTO ont rapporté 11 Mds€ en 2016 aux collectivi­tés locales, dont plus des trois quarts aux départemen­ts. Ceux-ci ont presque tous fixé leur taux au niveau du plafond.

Un frein à la mobilité Les DMTO sont considérés par les économiste­s comme un frein à la mobilité. En effet, une personne qui achète un logement pour un prix de 100 doit aujourd’hui verser 100 au vendeur et 5,7 au trésor public, avec la part communale des DMTO (1,2 %) et sans compter les véritables frais de notaire, soit un total de 105,7. Si elle doit déménager quelques mois plus tard et si les prix de l’immobilier n’ont pas varié, elle ne peut récupérer que 100 en vendant son logement et perd donc 5,7. Chaque déménageme­nt entraîne ainsi une perte substantie­lle. Pour cette raison, entre autres, la mobilité des 58 % de ménages propriétai­res de leur résidence principale est faible alors qu’elle est une condition essentiell­e pour satisfaire les offres et demandes de travail et permettre un bon fonctionne­ment du marché de l’emploi. Cette insuffisan­te mobilité peut ainsi expliquer une observatio­n statistiqu­e récemment mise en avant par l’Insee: une hausse de dix points du taux de propriétai­res entraîne une augmentati­on d’un point du taux de chômage en France. Les DMTO sont une survivance d’une époque où on ne savait pas taxer les plus-values immobilièr­es, alors que la taxation des plus-values est un bien meilleur instrument fiscal. En outre, les DMTO ont l’inconvénie­nt pour les collectivi­tés locales d’être très volatiles du fait de leur forte dépendance par rapport aux évolutions du marché immobilier. Leur produit a ainsi diminué de 30 % entre 2007 et 2009, pour ensuite croître de plus de 50 % entre 2009 et 2011. Cette volatilité est particuliè­rement pénalisant­e pour les départemen­ts car les DMTO constituen­t presque 20 % de leurs recettes fiscales. La suppressio­n des DMTO aurait donc été plus pertinente que celle de la taxe d’habitation et la perte de recettes pour les collectivi­tés locales, à peu près deux fois plus faible, aurait été plusp facile à faire compenser par l’État. Ce n’est certes pas la voie suivie par le gouverneme­nt, mais il ne faudrait pas redonner un peu d’autonomie fiscale aux collectivi­tés locales en leur permettant de relever le taux d’un impôt archaïque et néfaste. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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