Le Nouvel Économiste

Services généraux

L’impression durable

- SANDRINE LANA

Réduire sa consommati­on de papier, d’encre ou de toner, rationalis­er sa production de documents… s’inscrire dans une démarche d’impression écorespons­able peut paraître complexe alors qu’elle est aussi synonyme d’économie pour l’entreprise. Mais faire les bons choix parmi toutes les offres vertes du marché n’est pas aisé. Le choix de la technique d’impression est un élément clé dans la réduction de l’empreinte écologique, chez soi comme dans l’entreprise. Pour commencer, c’est un fait : les fabricants s’accordent pour dire que les imprimante­s laser sont plus consommatr­ices en énergie que les machines jet d’encre. “C’est aujourd’hui la technologi­e de référence dans le grand public par manque de connaissan­ce et habitude d’achat”, regrette Thierry Bagnaschin­o,g directeur marketing g d’Epson France. Énergivore­s, ces machines renvoient également plus d’ozone et de microparti­cules dans l’air dont on ne connaît pas encore réellement l’incidence sur la santé. “Nous nous efforçons de promouvoir la technologi­e du jet d’encre qui représente aujourd’hui le plus faible coût à la tâche et nécessite peu d’interventi­on de maintenanc­e des machines”,

poursuit-il. Depuis 2008, Epson “évangélise” en ce sens. Pour l’entreprise, le choix d’un système d’impression adéquat peut permettre de réelles économies. “C’est bluffant. Pour les grands

comptes, il peut y avoir des milliers d’euros d’économie entre l’utilisatio­n d’impression jet d’encre et laser, mais l’achat responsabl­e reste compliqué puisque la personne responsabl­e du développem­ent durable d’une entreprise est rarement celle en charge de

l’achat des périphériq­ues.” Pour favoriser le changement, Epson a lancé une page web “Faites la transition” proposant aux entreprise­s d’enregistre­r leurs habitudes d’impression pour trouver la meilleure solution… et réduire leur consommati­on électrique et leur empreinte carbone. Chez Konica Minolta, la réduction de l’empreinte carbone semble également au coeur des préoccupat­ions, selon Florian Cassin, chargé de mission développem­ent durable de l’entreprise: “En 2016, nous sommes arrivés à une réduction de 40 % des émissions de CO2 par rapport à 2005 sur la production”. Le fabricant s’est fixé l’objectif de réduire les émissions de CO2 de 80 % sur toutes les étapes du cycle de vie de ses produits d’ici 2050 sur base des émissions de 2005. “Le gros du travail de réduction a déjà été fait. Nous sommes donc très optimistes pour 2050.” Le fabricant Hewlett-Packard (HP) s’est quant à lui engagé à une réduction de 25 % de son empreinte globale. “Pour 100 dollars de produits vendus, nous baissons de 25 % l’intensité énergétiqu­e de nos produits”, explique Catherine Martial, responsabl­e Europe des problémati­ques sociales et environnem­entales chez HP.

Compensati­ons p déculpabil­isantes

Les clients finaux exigent de plus en plus de respecter la durabilité et l’écorespons­abilité dans leurs appels d’offres, qu’il s’agisse de périphériq­ues d’impression comme de matériels informatiq­ues ou bureautiqu­es. En réponse, au-delà de la réduction des émissions de gaz à effet de serre lors de la production des produits, les fabricants mettent en avant la possibilit­é de compenser son empreinte carbone en acquérant des “packs” (quelques euros supplément­aires seront facturés) destinés par exemple à financer des parcs éoliens ou la plantation d’arbres visant à préserver les forêts. “Certains clients sont sensibles à cela quand d’autres y voient

Pour favoriser le changement, Epson a lancé une page web “Faites la transition” proposant aux entreprise­s d’enregistre­r leurs habitudes d’impression pour trouver la meilleure solution… et réduire leur consommati­on électrique et leur empreinte carbone

Les fabricants mettent en avant la possibilit­é de compenser son empreinte carbone en acquérant des “packs” destinés par exemple à financer des parcs éoliens ou la plantation d’arbres visant à préserver les forêts Depuis 2001, treize entreprise­s mènent campagne ensemble pour la collecte et le recyclage de consommabl­es d’impression (toners et cartouches usagées) sous le nom de consortium Conibi

une opportunit­é d’améliorer leur image

de marque sur leur marché”, poursuit Florian Cassin de Konica Minolta, qui a choisi Climate Partner comme partenaire “compensati­on carbone” pour le suivi de projets “offsets” (de compensati­on, en anglais), tels que la conversion sur l’île antillaise d’Aruba d’une centrale thermique en centrale éolienne, offrant à leurs clients des solutions clé en main pour s’investir dans le développem­ent durable. Cette logique est parfois perçue comme un moyen de déculpabil­iser d’un mode de vie polluant. En outre, le mode de calcul du prix pour la nature de l’empreinte carbone, et donc de sa compensati­on, ne peuvent être fixés de manière unanime. La réduction des impression­s et l’optimisati­on des process sont donc des solutions plus directes pour réduire son empreinte énergétiqu­e (voir encadré). Cet avis est notamment celui de Catherine Martial chez HP. “Nous voulons avant tout diminuer nos émissions plutôt que de les compenser. Nous nous appuyons sur un départemen­t R&D qui fonctionne sans cesse pour améliorer les technologi­es du cycle global de l’impression cartouche-papier-imprimante.” À titre d’exemple, l’entreprise s’est engagée à utiliser du papier issu de forêts gérées durablemen­t pour l’ensemble de ses emballages produits (les certificat­ions principale­s reconnaiss­ant les forêts durablemen­t gérées sont FSC et PEFC) d’ici à 2020. En outre, depuis 1992, ses produits ne disposent plus de revêtement peint difficilem­ent recyclable. À une autre échelle, desimprime­y ries profession­nelles ont recours à l’impression par amalgame pour limiter le gaspillage de papier. Les documents ayant les mêmes spécificit­és techniques (qualité du papier, grammage) pour un même client sont imprimés sur une même feuille. “C’est une sorte de tetris dont le client ne se rend pas compte puisque cela se fait après sa commande chez nous”, explique Cécile Assayag Zimmermann, marketing manager France Belgique d’Onlineprin­ter chez qui, lors de la commande, il est également possible de souscrire l’option “impression climatique­ment neutre” ou une compensati­on carbone pour quelques centimes. “Dix pour cent de nos clients l’ajoutent lors de leur commande.” Comme de près de 2000 imprimeurs en France, Onlineprin­ter a été labellisé “Imprimvert”. Le label contrôle la filière d’éliminatio­n des déchets dangereux, la sécurisati­on du stockage des liquides dangereux, la non-utilisatio­n de produits toxiques, la sensibilis­ation environnem­entale des salariés et de la clientèle, ainsi que le suivi des consommati­ons énergétiqu­es du site. Il est valable un an.

Plus de pproduits recyclés et durables

De son côté, le fabricant HP a reçu le pprix Energygy Star en 2018 aux États-Unis. Ce label sur un produit informatiq­ue indique que celui-ci est économe en énergie, même en veille. Les fabricants de systèmes d’impression ont été poussés par le législateu­r à mettre la main à la pâte pour le tri et le recyclage de leurs matériaux. Ainsi, depuis 2001, treize entreprise­s mènent campagne ensemble pour la collecte et le recyclage de consommabl­es d’impression (toners et cartouches usagées) sous le nom de consortium Conibi. L’enjeu est de taille puis qu’en 2016, 59,8 millions de cartouches d’encre ont été produites par le groupe des 13, soit 90 % du marché. Cette année-là, 4,9 millions de cartouches ont été collectées, pour la plupart (64 %) chez les clients business. Une fois traitées, ces cartouches sont soit recyclées, soit réutilisée­s. La multiplica­tion des gestes verts et de communicat­ion positive sur le recyclage permet à Conibi de jouir d’une activité lucrative, avec un chiffre d’affaires en hausse. HP a lancé en 2000 son programme “Closed loop”, boucler la boucle en anglais. Il s’agit d’un bond dans l’économie circulaire avec un cycle de recyclage des cartouches jet d’encre en d’autres cartouches jet d’encre. L’entreprise permet à ses clients de renvoyer ou consigner leurs cartouches usagées. Une autre partie du plastique recyclé provient de bouteilles issues d’une décharge de plastique en Haïti. L’économie circulaire se matérialis­e également chez plusieurs fabricants par la réparation et la remise en vente de certains de leurs produits.

Accompagne­r la transition

L’accompagne­ment des entreprise­s par des technicien­s de maintenanc­e oeuvre également pour une utilisatio­n plus durable des

systèmes d’impression. “Nous proposons le remplaceme­nt gratuit des tampons de nos machines pour les profession­nels, et allons intégrer des méga-réservoirs d’encre à certaines machines pour une autonomie de plus de 96 000 pages d’impression en noir” explique le directeur marketing d’Epson. “Nous accompagno­ns nos clients dans leur démarche

et préconison­s des optimisati­ons lorsque cela est nécessaire : meilleure implantati­on dans les locaux, règles

d’impression…”, explique Florian Cassin chez Konica Minolta. Les habitudes changent rapidement et la diminution du volume constatée grâce à de meilleures pratiques a fait évoluer les métiers de l’impression. Aujourd’hui, les fabricants ne proposent plus l’achat d’un produit mais bien d’un coût à la page et d’un service sur mesure comprenant des solutions globales pour la gestion des flux d’informatio­n.

 ??  ?? Le choix de l’impression écorespons­able dans une entreprise est un engagement qui demande d’adapter ses process et ses habitudes d’achats. Les fabricants transforme­nt leurs produits pour mieux s’adapter à la demande et tentent de faire de l’engagement...
Le choix de l’impression écorespons­able dans une entreprise est un engagement qui demande d’adapter ses process et ses habitudes d’achats. Les fabricants transforme­nt leurs produits pour mieux s’adapter à la demande et tentent de faire de l’engagement...
 ??  ?? “L’achat responsabl­e reste compliqué puisque la personne responsabl­e du développem­ent durable d’une entreprise est rarement celle en charge de l’achat
des périphériq­ues.” Thierry Bagnaschin­o, Epson France.
“L’achat responsabl­e reste compliqué puisque la personne responsabl­e du développem­ent durable d’une entreprise est rarement celle en charge de l’achat des périphériq­ues.” Thierry Bagnaschin­o, Epson France.
 ??  ?? “L’impression par amalgame est une sorte de tetris dont le client ne se rend pas compte puisque cela se fait après sa
commande chez nous.” Cécile Assayag Zimmermann,
Onlineprin­ter.
“L’impression par amalgame est une sorte de tetris dont le client ne se rend pas compte puisque cela se fait après sa commande chez nous.” Cécile Assayag Zimmermann, Onlineprin­ter.
 ??  ?? “Certains clients sont sensibles à la compensati­on carbone quand d’autres y voient une opportunit­é d’améliorer leur image de marque sur leur marché.”
Florian Cassin, Konica Minolta.
“Certains clients sont sensibles à la compensati­on carbone quand d’autres y voient une opportunit­é d’améliorer leur image de marque sur leur marché.” Florian Cassin, Konica Minolta.

Newspapers in French

Newspapers from France