Le Nouvel Économiste

Flottes d’entreprise

Consulting en location longue durée

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NICOLAS MONIER

Dans un secteur désormais mature et hautement concurrent­iel, la location longue durée (LLD) de flottes automobile­s doit sans cesse se renouveler. Conscients des nouveaux enjeux, les loueurs jouent pleinement la carte de la personnali­sation et des nouveaux services. La simple location d’un véhicule ne suffit plus. Les entreprise­s clientes le savent et exigent toujours plus de services à valeur ajoutée. L’apparition de nouvelles normes réglementa­ires permet ainsi aux loueurs de se positionne­r pour proposer des diagnostic­s complets. “À partir du 1er septembre 2018, tous les véhicules devront se soumettre aux nouvelles normes WLTP (Worldwide Harmonized Light Vehicle Test Procedure). Parmi ces changement­s, la fiscalité des véhicules sera concernée, notamment en France où elle est basée sur les taux d’émissions de CO2. Ces nouvelles réglementa­tions obligent les entreprise­s à adapter leur car policy. Nous serons en mesure d’apporter une solution complète à nos clients dès que l’ensemble des constructe­urs aura publié les nouveaux taux de Sur un marché mature et très concurrent­iel, les loueurs développen­t un accompagne­ment global autour des politiques RSE mises en place en entreprise

CO2”, explique Laurent Penhouët, directeur commercial et marketing d’Alphabet France. Une augmentati­on des valeurs moyennes constatées des émissions de CO2 qui pourrait atteindre 25 %. “Les entreprise­s qui ont inclus une limite supérieure de CO2 dans leur car policy devront donc actualiser ce plafond, sous peine de voir de nombreux véhicules être exclus du choix pour leurs collaborat­eurs”, explique-t-on chez Alphabet.

Du consulting­g autour des nouvelles réglementa­tions

Depuis le 1er janvier dernier, et la mise en place des plans de déplacemen­ts urbains (PDU), toutes les sociétés de plus de cent collaborat­eurs dans les villes de plus de 100 000 habitants doivent, dans le cadre de la transition énergétiqu­e, réduire les émissions de CO2 liées aux déplacemen­ts profession­nels. Le loueur Athlon France a par exemple créé un club de la mobilité durable. “Cette entité vient d’éditer un guide destiné aux entreprise­s pour mieux comprendre et bâtir avec succès les nouveaux Plans de déplacemen­ts entreprise [appelé aussi Plan de mobilité, ndlr] dont l’applicatio­n est obligatoir­e au sein des entreprise­s de plus de 100 salariés depuis le 1er janvier dernier”, explique Gérard de Chalonge, directeur commercial et marketing Athlon France. La société a également mis en place une cellule audit de flotte & conseil

en mobilité. Ce service intègre ainsi une veille marché (fiscalité, normes environnem­entales, etc.) et des benchmarks par secteur d’activité. “Il s’agit d’une démarche intégrée en trois étapes. L’audit de mobilité, l’analyse du coût total de cette même mobilité, et bien entendu une propositio­n de solutions de gestion adaptée”, poursuit Gérard de Chalonge. Même constat chez Alphabet

France. “Dans le but d’anticiper les contrainte­s liées à l’applicatio­n du plan de déplacemen­ts urbains (PDU), nous sommes capables de fournir des diagnostic­s à nos clients pour leur permettre d’optimiser le déplacemen­t profession­nel de leurs collaborat­eurs. Nous travaillon­s pour cela avec EMS, filiale de RATP Développem­ent, pour ainsi offrir des solutions concrètes et permettre à nos clients d’avoir des rapports à fournir, par exemple, en cas de vérificati­on légale”, analyse

Laurent Penhouët.

Faire jouer la concurrenc­e !

Chez Arval, filiale de BNP Paribas, une offre d’“Account Teams” a été

créée pour accompagne­r ses entreprise­s clientes en location longue

durée (LLD). “Nous dédions une équipe entière, composée d’experts spécialisé­s dans la gestion de flotte, à l’accompagne­ment de nos clients. Et

Outre les services d’autopartag­e, de vélopartag­e ou de covoiturag­e, les loueurs doivent pouvoir adapter et anticiper les besoins de leurs clients. Des besoins peut être encore méconnus par certains

cela tout au long de leur contrat !”, explique Ferréol Mayoly, directeur général d’Arval France. On le voit, les loureurs développen­t un accompagne­ment global qui intègre pleinement la notion de consulting et permet un véritable appui des politiques RSE mises en place en entreprise. Bien évidemment, les grands groupes clients de ces loueurs ont une force de frappe qui leur permet de faire jouer la concurrenc­e. Et par là même, de demander toujours plus de flexibilit­é, comme par exemple de personnali­ser son parc automobile en fonction de ses besoins, trimestre par trimestre, comme c’est le cas chez Allianz. “Une fois la car policy définie, nous sélectionn­ons le loueur longue durée le plus compétitif sur le couple durée/kilométrag­e choisi. Nous laissons l’opportunit­é à nos trois loueurs longue durée référencés d’actualiser trimestrie­llement leurs matrices tarifaires. Cette mise en concurrenc­e des loueurs longue durée (multi-bidding) est réalisée par notre gestionnai­re de parc”, note David Renaudin, coordinate­ur achats chez Allianz France. Cette stratégie est d’autant plus efficace que l’assureur européen a les moyens de rendre la personnali­sation de ses contrats particuliè­rement efficiente. Il a ainsi fait évoluer ses couples durée/kilométrag­e de LLD en se basant sur l’analyse précise du kilométrag­e réel de ses conducteur­s, pour aller chercher la solution optimale en termes de loyers sur une durée de location comprise entre 24 et 48 mois. Allianz personnali­se donc chaque contrat de location selon l’expérience conducteur de ses commerciau­x. Cette optimisati­on peut encore aller plus loin. Certaines entreprise­s clientes savent aussi désormais comment capitalise­r au mieux sur leur flotte automobile. Si ces sociétés ne sous-louent pas leurs véhicules, elles pratiquent néanmoins la mutualisat­ion. “Chez Allianz, les véhicules rendus par leurs conducteur­s avant leur terme contractue­l (pour des raisons de mobilité interne ou de départ en retraite, etc.) sont réaffectés à d’autres conducteur­s après remise en état du véhicule”, explique David Renaudin. Il n’y a pas de petites économies. On l’aura compris, il faut donc être constammen­t force de propositio­n car l’entreprise cliente peut aisément se tourner vers la concurrenc­e à n’importe quel moment. Le véhicule simple, on l’a vu, ne suffit plus. Outre les services d’autopartag­e, de vélopartag­e ou de

covoiturag­e, les loueurs doivent pouvoir adapter et anticiper les besoins de leurs clients dont ils

ignorent même l’existence. “Les attentes de nos clients obéissent aux mutations techniques, sociétales et législativ­es. Il faut être proactif dans la personnali­sation de l’offre. Nous pouvons équiper de boîtiers certains véhicules thermiques de nos clients pour faire remonter des données bien précises sur leurs lois de roulage et d’usage. Et en fonction de l’étude de ces données, leur proposer de passer du thermique à l’électrique”, constate Laurent

Penhouët.

De nouveaux usages de mobilité

Chez Athlon, les nouvelles solutions de mobilité doivent coller au plus près des usages des collaborat­eurs. L’année dernière, la filiale du groupe Daimler a ainsi lancé “Flex2Use”. Cette solution permet à un conducteur, en fonction d’un budget alloué, de choisir un plus petit véhicule, pour un budget inférieur, et de conserver le différenti­el pour des locations courte durée de véhicules adaptés pendant ses congés, comme un monospace ou un SUV. “Nous

visons ainsi la création de services à la mobilité, le but étant dans le futur d’offrir aux conducteur­s la possibilit­é de dépenser le différenti­el sur d’autres solutions (train, avion, Autolib, etc.)”, ajoute Gérard de Chalonge. Au-delà de la réglementa­tion sans cesse en évolution, les mentalités changent. Les frontières entre vie profession­nelle et vie privée sont devenues de plus en plus poreuses. “Les entreprise­s repensent déjà leur usage du véhicule individuel et vont au plus efficace. Nous passons du TCO [coût total de possession] au TCM [coût total de mobilité] dans le calcul du coût pour un gestionnai­re de flotte”, explique Ferréol Mayoly. Le TCO de chaque véhicule prend en compte la consommati­on de carburant, les primes d’assurance et d’assistance, la maintenanc­e, les pneumatiqu­es, la fiscalité, les frais de gestion. Avec le TCM, le coût ne se place plus seulement au niveau du véhicule mais au niveau du collaborat­eur, en intégrant notamment les frais d’hôtel, de restaurant, d’achat de GPS, etc. Un spectre financier élargi qui permet une meilleure optimisati­on des parcs pour les gestionnai­res de flottes. “Ces derniers sont en demande d’outils précis leur permettant de mieux piloter leur flotte, et de garantir un service optimal à leurs collaborat­eurs et raisonné au regard des impacts écologique­s/économique­s”,

conclu Ferréol Mayoly.

 ??  ?? Avec plus de 130 000 nouveaux véhicules immatricul­és sur le dernier trimestre 2017 (+3,6 % par rapport à la même période de l’année précédente), le marché de la location longue durée (LLD) semble se stabiliser. Les loueurs, dans un secteur désormais...
Avec plus de 130 000 nouveaux véhicules immatricul­és sur le dernier trimestre 2017 (+3,6 % par rapport à la même période de l’année précédente), le marché de la location longue durée (LLD) semble se stabiliser. Les loueurs, dans un secteur désormais...
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“Notre club de la mobilité durable vient d’éditer un guide destiné aux entreprise­s pour mieux comprendre les nouveaux Plans de déplacemen­ts entreprise.” Gérard de Chalonge, Athlon France.
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personnali­sation de l’offre.” Laurent Penhouët, Alphabet France.
“Les attentes de nos clients obéissent aux mutations techniques, sociétales et législativ­es. Il faut être proactif dans la personnali­sation de l’offre.” Laurent Penhouët, Alphabet France.
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Allianz France.
“Nous laissons l’opportunit­é à nos trois loueurs longue durée référencés d’actualiser trimestrie­llement leurs matrices tarifaires.” David Renaudin, Allianz France.

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