Le Nouvel Économiste

Vers le multilatér­alisme

Chine et France ensemble contre l’unilatéral­isme américain

- PHILIPPE BARRET

Le 16 mai dernier, Emmanuel Macron a reçu le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. Ce fut l’occasion de souligner en commun l’importance d’un monde multilatér­al. Un monde multipolai­re, un monde qqui ne soit pplus dominé ppar les seuls États-Unis, un monde qui fasse aussi leur place à l’Europe, à la Chine et à la Russie, bref un monde à l’image du conseil permanent de sécurité de l’ONU, voilà ce que voudraient voir advenir les autorités chinoises. Sur la base d’un monde sorti depuis bientôt trois décennies de la guerre froide, l’élection de Donald Trumpp à la pprésidenc­e des États-Unis est pour eux l’occasion de plaider leur cause avec d’assez solides arguments. Donald Trump est imprévisib­le. Il est animé par un sentiment national dépassant tout souci de l’ordre et de la paix mondiaux. Récemment, sa double initiative consistant à transporte­r l’ambassade de son pays de Tel-Aviv à Jérusalem, et à rompre avec l’accord signé par son prédécesse­ur sur la question de l’arme nucléaire en Iran, est une manifestat­ion évidente de ce phénomène. Au point que beaucoup de pays, traditionn­ellement atlantiste­s, s’inquiètent et semblent prêts à en finir avec un suivisme systématiq­ue à l’endroit de la politique étrangère américaine.

Le souvenir de De Gaulle

En Europe, sur la longue période écoulée depuis la Seconde guerre mondiale, la France a été un pays le plus souvent atlantiste. Mais elle a aussi osé et su faire valoir sa souveraine­té et son indépendan­ce, sous la présidence de Charles de Gaulle et sous celle de Jacques Chirac. Emmanuel Macron n’est ppas a ppriori mal disposé vis-à-vis des États-Unis, bien au contraire. Mais compte tenu de la personnali­té de Donald Trump et aussi parce qu’il n’est pas sans penser au souvenir que Charles de Gaulle a laissé dans notre histoire moderne, il pourrait bien ne pas agir ni parler comme ses derniers prédécesse­urs. Tout cela, les Chinois le savent et ils ne désespèren­t pas d’en faire bon usage et de rallier la France à leur visée multilatér­ale, afin de créer un monde multipolai­re. C’est dans cet esprit qu’ils avaient, lors de la visite du président Macron en Chine, en janvier dernier, proposé une collaborat­ion en matière de recherche médicale de pointe, sur les maladies infectieus­es et émergentes, en s’appuyant sur le laboratoir­e P4 (pathogène de classe 4) de Wuhan. Et dans le même esprit, la Chine a fort bien reçu, dans la première semaine du mois de mai, une nombreuse délégation de la ville de Lyon à Pékin, Shanghai, Hangzhou et Canton – ville avec laquelle Lyon est liée par un partenaria­t depuis 30 ans. Il est vrai que, des beaux jours des jésuites, aux XVIIe et XVIIIe siècles, jusqu’àq l’Institut francochin­ois d’Édouard Herriot, enpasj sant par l’industrie de la soie, Lyon a tissé des liens étroits avec la Chine. De la recherche médicale à la cuisine de qualité, tous les aspects de la coopératio­n ont été mis en valeur. Bref, les conditions sont réunies pour relancer la coopératio­n francochin­oise, non seulement commercial­e et industriel­le, mais aussi politique.

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