Vers le multilatéralisme
Chine et France ensemble contre l’unilatéralisme américain
Le 16 mai dernier, Emmanuel Macron a reçu le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. Ce fut l’occasion de souligner en commun l’importance d’un monde multilatéral. Un monde multipolaire, un monde qqui ne soit pplus dominé ppar les seuls États-Unis, un monde qui fasse aussi leur place à l’Europe, à la Chine et à la Russie, bref un monde à l’image du conseil permanent de sécurité de l’ONU, voilà ce que voudraient voir advenir les autorités chinoises. Sur la base d’un monde sorti depuis bientôt trois décennies de la guerre froide, l’élection de Donald Trumpp à la pprésidence des États-Unis est pour eux l’occasion de plaider leur cause avec d’assez solides arguments. Donald Trump est imprévisible. Il est animé par un sentiment national dépassant tout souci de l’ordre et de la paix mondiaux. Récemment, sa double initiative consistant à transporter l’ambassade de son pays de Tel-Aviv à Jérusalem, et à rompre avec l’accord signé par son prédécesseur sur la question de l’arme nucléaire en Iran, est une manifestation évidente de ce phénomène. Au point que beaucoup de pays, traditionnellement atlantistes, s’inquiètent et semblent prêts à en finir avec un suivisme systématique à l’endroit de la politique étrangère américaine.
Le souvenir de De Gaulle
En Europe, sur la longue période écoulée depuis la Seconde guerre mondiale, la France a été un pays le plus souvent atlantiste. Mais elle a aussi osé et su faire valoir sa souveraineté et son indépendance, sous la présidence de Charles de Gaulle et sous celle de Jacques Chirac. Emmanuel Macron n’est ppas a ppriori mal disposé vis-à-vis des États-Unis, bien au contraire. Mais compte tenu de la personnalité de Donald Trump et aussi parce qu’il n’est pas sans penser au souvenir que Charles de Gaulle a laissé dans notre histoire moderne, il pourrait bien ne pas agir ni parler comme ses derniers prédécesseurs. Tout cela, les Chinois le savent et ils ne désespèrent pas d’en faire bon usage et de rallier la France à leur visée multilatérale, afin de créer un monde multipolaire. C’est dans cet esprit qu’ils avaient, lors de la visite du président Macron en Chine, en janvier dernier, proposé une collaboration en matière de recherche médicale de pointe, sur les maladies infectieuses et émergentes, en s’appuyant sur le laboratoire P4 (pathogène de classe 4) de Wuhan. Et dans le même esprit, la Chine a fort bien reçu, dans la première semaine du mois de mai, une nombreuse délégation de la ville de Lyon à Pékin, Shanghai, Hangzhou et Canton – ville avec laquelle Lyon est liée par un partenariat depuis 30 ans. Il est vrai que, des beaux jours des jésuites, aux XVIIe et XVIIIe siècles, jusqu’àq l’Institut francochinois d’Édouard Herriot, enpasj sant par l’industrie de la soie, Lyon a tissé des liens étroits avec la Chine. De la recherche médicale à la cuisine de qualité, tous les aspects de la coopération ont été mis en valeur. Bref, les conditions sont réunies pour relancer la coopération francochinoise, non seulement commerciale et industrielle, mais aussi politique.