Le Nouvel Économiste

Deux fois plus de dettes que d’actifs

Une société qui présentera­it un tel bilan serait obligée de le déposer rapidement au tribunal de commerce

- FRANÇOIS ECALLE

Une société qui présentera­it un tel bilan serait obligée de le déposer rapidement au tribunal de commerce

Il existe trois comptabili­tés de l’État : la comptabili­tébudgép taire, qui est une comptabili­té de caisse et qui permet de suivre l’exécution du budget; la comptabili­té nationale, qui permet de faire des comparaiso­ns internatio­nales de la dette et du déficit publics ; la comptabili­té générale, qui est la plus proche de celle des entreprise­s mais s’en distingue...

Il existe trois comptabili­tés de l’État : la comptabili­té budgétaire, qui est une comptabili­té de caisse et qui permet de suivre l’exécution du budget ; la comptabili­té nationale, qui permet de faire des comparaiso­ns internatio­nales de la dette et du déficit publics ; la comptabili­té générale, qui est la plus proche de celle des entreprise­s mais s’en distingue en raison de certaines spécificit­és de l’action publique. Cette dernière comptabili­té est la moins connue et la moins utilisée, mais elle a pour qualité d’être certifiée par la Cour des comptes et elle complète

les deux autres par d’utiles informatio­ns.

Elle ppermet notamment d’établir le bilan de l’État. Celui-ci fait apparaître­pp qque les passifs de l’État s’élevaient à 2 272 Mds à la fin de 2017, soit un montant plus de deux fois supérieur à celui de ses actifs (1 011 Mds€). Sa situation nette était donc fortement négative (- 1 261 Mds€). Une société qui présentera­it un tel bilan serait obligéeg de le déposerp rapidement p au tribunal de commerce, mais l’État, ou tout au moins la Nation souveraine à travers lui, dispose d’un actif très particulie­r et non comptabili­sé dans son bilan qui assure en principe sa pérennité : la capacité à lever des impôts et à en augmenter le taux. Les passifs de l’État sont surtout constitués de dettes financière­s (1 711 Mds€), les obligation­s et bons du trésor, et non financière­s (244 Mds€). Ses actifs sont surtout composés d’immobilisa­tions corporelle­s (476 Mds€) et financière­s (348 Mds€).

Accumulati­on de résultats annuels déficitair­es

La situation nette négative de l’État résulte de l’accumulati­on de résultats annuels déficitair­es. En 2017, son compte de résultat s’est soldé par un déficit de 61 Mds€. C’est mieux qu’en 2016 (78 Mds€), mais cette améliorati­on résulte surtout de la croissance des recettes fiscales induite par la reprise d’une activité économique soutenue et d’une baisse de 15 Mds€ des charges financière­s nettes. Les charges de fonctionne­ment ont augmenté de 5,3 % en 2017. En annexe du compte général de l’État figurent ses engagement­s hors bilan. Leur totalisati­on n’aurait pas de sens, mais on peut noter certains d’entre eux comme les garanties d’emprunts (204 Mds€) ou le capital appelable du mécanisme européen de solidarité (126 Mds€). Si les actifs de l’État sont nettement inférieurs à ses dettes, les collectivi­tés locales sont apparemmen­t dans le cas inverse, même si leur patrimoine est mal connu, et leur situation nette semble largement positive. En consolidan­t les bilans de l’ensemble des administra­tions publiques, l’Insee estime que leur situation nette globale est positive, à hauteur d’environ 8 % du PIB à la fin de 2016. Elle se situe toutefois sur une pente fortement décroissan­te depuis 2007 où elle avait atteint 58 % du PIB. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

Si les actifs de l’État sont nettement inférieurs à ses dettes, les collectivi­tés locales sont apparemmen­t dans le cas inverse, même si leur patrimoine est mal connu, et leur situation nette semble largement positive. En consolidan­t les bilans de l’ensemble des administra­tions publiques, l’Insee estime que leur situation nette globale est positive, à hauteur d’environ 8 % du PIB

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