Portage salarial, l’emploi du futur ?
Simplicité, sécurité et flexibilité, pour le salarié porté comme pour l’entreprise cliente : le portage salarial est un mode de travail dans l’ère du temps
À mi-chemin entre le salariat et l’entrepreneuriat, le portage salarial a le vent en poupe. Inscrit dans le Code du travail depuis 2015 et disposant d’une convention collective depuis l’année dernière, il permet d’exercer une activité indépendante tout en conservant la couverture sociale du salariat. Le porté est rémunéré par l’entreprise de portage tout en étant autonome dans le démarchage de ses clients et l’organisation de ses missions. Il délègue les tâches administratives, comptables et jjuridiquesq à la société de pportage,g, qqui reçoit ç en contrepartie une commission. Être porté permet aussi d’être accompagné, de bénéficier de formations et de la dynamique d’un réseau.
Même si le contrat à durée indéterminée (CDI) demeure la forme dominante d’emploi en France, la part du travail indépendant progresse depuis plusieurs années. Une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) publiée en décembre dernier signale ainsi que depuis 10 ans, l’emploi non salarié progresse plus vite que l’emploi total, en particulier dans le secteur tertiaire. Dans ce contexte, le portage salarial, qui se situe à mi-chemin entre le salariat et l’entrepreneuriat, a le vent en poupe. “Ce mode
d’entreprenariat connaît un succès grandissant, en particulier dans les métiers du conseil ou du numérique”, assure Guillaume Cairou, président du groupe Didaxis Hiworkers. Le portage salarial a tout particulièrement bénéficié ces dernières années de la sécurisation de son régime juridique : après être longtemps resté sans fondement légal, il a été inscrit dans le Code du travail en 2015 et bénéficie d’une convention collective depuis l’été dernier. “Le premier avantage offert par le portage salarial est de pouvoir valoriser son expertise et travailler en toute indépendance tout en préservant son statut de salarié”, souligne Claude Tempé, directeur général du groupe Freelance. com. Qualifié dans les textes de “professionnel autonome”, le porté voit ses honoraires transformés en salaire par l’intermédiaire de l’entreprise de portage. Cette dernière signe un contrat de travail avec le porté, à durée déterminée ou indéterminée, et un contrat commercial avec l’entreprise cliente du porté. “En France, il y a un grand écart entre la couverture sociale des indépendants et celle des salariés. Quand on a longtemps été salarié classique, le régime du portage salarial permet de maintenir la même couverture sociale en matière de maladie, de chômage, de retraite et de prévoyance”, indique Radhia Amirat, directrice générale de la société de portage ITG.
Levier de négociation
Cette alliance de sécurité et de flexibilité qu’offre le régime du portage salarial est aussi valable pour le porté que pour l’entreprise cliente. “Le portage salarial est un levier de négociation pour décrocher une mission parce qu’il offre de la flexibilité : le contrat peut être facilement prolongé ou raccourci si besoin est. Il offre aussi de la sécurité : pour le porté au travers notamment des droits aux indemnités chômage en cas d’interruption de la mission, et pour l’entreprise qui limite le risque de requalification en contrat de travail”, explique Daniel Pardo, fondateur et dirigeant de la société de portage Flexi-Entrepreneur. “Les entreprises sont particulièrement sensibles à l’aspect juridique, confirme Radhia Amirat. Dans 75 % des cas, le porté est en
CDI. Il a plusieurs clients et moins de dépendance économique qu’un micro-entrepreneur qui démarre.” Par ailleurs, le portage salarial s’inscrit tout à fait dans l’évolution des modes de travail au sein des entreprises. “La structure des entreprises évolue de plus en plus vers le travail en ‘mode mission’ : elles ont besoin de monter des équipes pour des durées déterminées qui se dissolvent une fois le projet achevé”, souligne Claude Tempé. Si le porté bénéficie de la couverture sociale du salarié, il est bien plus autonome que ce dernier. “Contrairement à un salarié classique, le porté est autonome dans la gestion de son activité professionnelle et il est libre de choisir
ses clients”, explique Guillaume Cairou. La société de portage n’étant pas tenue de fournir du travail au salarié porté, ce dernier doit lui-même chercher ses clients et convenir avec eux des conditions d’exécution de sa prestation et de son prix. Mais, “contrairement à la création d’entreprise, le porté est libéré des démarches administratives, juridiques, fiscales et comptables liées à une activité d’entrepreneur
classique”, ajoute Guillaume Cairou. Ces tâches sont déléguées à la société de portage, qui reçoit en contrepartie une commission qui représente généralement entre 5 % et 15 % du chiffre d’affaires.
Depuis 10 ans, l’emploi non salarié progresse plus vite que l’emploi total, en particulier dans le secteur tertiaire. Dans ce contexte, le portage salarial, qui se situe à mi-chemin entre le salariat et l’entrepreneuriat, a le vent en poupe
Se concentrer sur son activité
Être libéré de toutes ces formalités permet au porté de se concentrer sur le développement de son activité. “Quand on se met à son compte, il faut à la fois effectuer ses
missions et développer sa clientèle : prospecter, rebondir sur une première mission, créer et entretenir un réseau. Cette partie commerciale n’est pas forcément naturelle pour tous et requiert du temps”, souligne Radhia Amirat. Il est donc particulièrement avantageux de ne pas avoir à se préoccuper en plus des démarches administratives. “Les portés me disent souvent que s’ils devaient gérer tout l’aspect administratif de leur activité, un tiers de leur temps y passerait, rapporte Claude Tempé. Le portage permet de se focaliser sur le savoir-faire de l’individu.” C’est
aussi un gage de facilité : “dès que le porté trouve une mission, il n’a pas besoin de réfléchir à la création d’une structure juridique, il peut démarrer rapidement. Chez nous, tous les contrats sont dématérialisés et dotés de signature électronique, ce qui permet d’aller encore plus vite”, indique Daniel Pardo. Le régime du portage salarial permet aussi d’être accompagné, de bénéficier de formations et de la dynamique d’un réseau. “Aujourd’hui, de plus en plus de personnes choisissent de se mettre à leur compte. Cela signifie de plus en plus de monde sur le marché. Il faut donc savoir se différencier et se professionnaliser, ce qui est plus facile à faire quand on est accompagné par une société de portage”, juge Radhia Amirat. Par exemple, il peut être difficile de fixer le prix de sa prestation. “Quand on vient du salariat, on ne pense pas à tout ce qu’un indépendant doit inclure en termes de temps de prospection, de préparation, de développement personnel ou encore de charges”, souligne la directrice d’ITG, qui propose des formations en la matière.
Montée en compétence
La plupart des entreprises de portage offrent donc des services
d’accompagnement divers et
variés. “Chez Flexi-entrepreneur, nous proposons par exemple une séance chez un photographe professionnel, des formations spécifiques pour savoir comment trouver des missions et un accès à des réseaux d’experts dans lesquels il est possible d’échanger et parfois de trouver des missions”, indique Daniel
Pardo. “Chez Didaxis, nous avons
“De plus en plus de personnes choisissent de se mettre à leur compte. Cela signifie de plus en plus de monde sur le marché. Il faut donc savoir se différencier et se professionnaliser, ce qui est plus facile à faire quand on est accompagné par une société de portage”
mis en place un accompagnement personnalisé avec différents services comme la mise à disposition d’espaces de travail, l’assistance à la rédaction d’offres commerciales et la réalisation de supports de communication, détaille de
son côté Guillaume Cairou. Nous apportons aussi une attention toute particulière à la montée en compétences de nos salariés portés. C’est pourquoi nous leur proposons l’élaboration de bilans de compétences, des séances de coaching ainsi que de très nombreux ateliers.”
“Le portage salarial est un levier de négociation pour décrocher une mission parce qu’il offre de la flexibilité : le contrat peut être facilement prolongé ou raccourci si besoin est”