Le second souffle de l’hôtellerie haut de gamme urbaine
Investir et séduire une clientèle locale : la recette des grands hôtels parisiens pour profiter au mieux de la reprise du tourisme dans l’Hexagone
L’année 2017 fut celle de la reprise du tourisme hexagonal. Dans ce contexte, on constate que le parc hôtelier se restructure et se réinvente. Si une partie de l’offre disparaît, d’autres produits voient le jour qui essaient de séduire une clientèle toujours plus exigeante et hyper-connectée. Le retour du tourisme international devrait consolider le secteur, notamment celui des cinq-étoiles qui a vu toute une partie de sa clientèle privilégier des destinations moins anxiogènes. Les attentats meurtriers des années 2015 et 2016 sont dans toutes les mémoires. Si la capitale et la Côte d’Azur ont souffert de cette désaffection, elles espèrent néanmoins retrouver leur attractivité en 2018.
Après les années 2015 et 2016 marquées par des vagues d’attentats meurtriers, la France semble peu à peu sortir de l’ornière. Dans son dernier bilan publié en décembre dernier, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) estimait à 89 millions le nombre de visiteurs ayant posé leurs valises en France durant l’année 2017, soit une hausse de 6 % par rapport à 2016. Dans cet environnement économique favorable, le secteur hôtelier a retrouvé des couleurs après plusieurs années de vaches maigres. Toutes gammes confondues, le secteur a enregistré une hausse de fréquentation de 4 % sur l’année 2017. Pour Laurent Duc, président de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), le marché est très différent selon la gamme des établissements : “la grande majorité des palaces situés sur la Côte d’Azur et à Paris bénéficient d’aéroports largement desservis par des compagnies internationales. Les monopoles de la SNCF et d’Air France pénalisent une autre catégorie d’hôteliers, dont la clientèle ne peut se permettre les mêmes modes de transport qu’une clientèle internationale à fort potentiel financier. Les récentes grèves ont complètement gelé l’activité en avril. De surcroît, il faut savoir que les ponts du mois de mai ont
freiné le tourisme d’affaires”. Il signale toutefois qu’en dépit des aléas, le parc hôtelier n’évolue
pas. Il précise en effet : “il faut être réaliste. Si on perd un hôtel par jour depuis dix ans, on n’a en revanche pas perdu une seule chambre. Le secteur a détruit de la petite hôtellerie qui ne pouvait pas amortir le prix de son personnel au regard du peu de chambres qu’elle avait à offrir. De même, la fiscalité très lourde sur la transmission du patrimoine décourage les héritiers. Ces biens partent donc dans l’immobilier. Certains hôtels ont choisi aussi de se transformer en meublés touristiques. Depuis dix ans, on ne compte donc pas une seule chambre d’hôtel en plus”.
Investir pourp ne pas disparaître
Un constat qui fait écho aux investissements nécessaires pour que les professionnels puissent pérenniser leur activité. À l’heure de la mainmise des Booking.com et autres Expedia, sites tout puissants de réservations en ligne, les clients comparent souvent ce qui ne peut l’être. L’onglet prix jouant le rôle décisif de curseur. En effet, ce marché, tout en surfant sur les bons chiffres, doit constamment essayer de se réinventer en consentant des investissements coûteux mais nécessaires à sa survie. “Aujourd’hui, quand un investisseur rénove un hôtel, il doit d’ores et déjà prévoir dans son business plan ce qu’il changera au bout de 5 puis 10 ans, et parfois même au bout d’une année. Le temps s’accélère et une année équivaut à 6 mois”, note Laurent Delporte, consultant et expert. Investir quand on traverse une période creuse et que les touristes fuient la capitale relève de la vraie gageure. Élodie Moussié, propriétaire de l’hôtel Providence, un quatreétoiles installé près de la porte Saint-Martin à Paris, ne dit pas autre chose : “nous avons procédé à deux ans et demi de rénovation pour construire un endroit comme nous l’imaginions. La période a été dure pour toute l’industrie touristique mais encore plus pour nous qui venions à peine d’ouvrir. Il a fallu être patient et construire une image solide et en osmose