Le Nouvel Économiste

Le second souffle de l’hôtellerie haut de gamme urbaine

Investir et séduire une clientèle locale : la recette des grands hôtels parisiens pour profiter au mieux de la reprise du tourisme dans l’Hexagone

- NICOLAS MONIER

L’année 2017 fut celle de la reprise du tourisme hexagonal. Dans ce contexte, on constate que le parc hôtelier se restructur­e et se réinvente. Si une partie de l’offre disparaît, d’autres produits voient le jour qui essaient de séduire une clientèle toujours plus exigeante et hyper-connectée. Le retour du tourisme internatio­nal devrait consolider le secteur, notamment celui des cinq-étoiles qui a vu toute une partie de sa clientèle privilégie­r des destinatio­ns moins anxiogènes. Les attentats meurtriers des années 2015 et 2016 sont dans toutes les mémoires. Si la capitale et la Côte d’Azur ont souffert de cette désaffecti­on, elles espèrent néanmoins retrouver leur attractivi­té en 2018.

Après les années 2015 et 2016 marquées par des vagues d’attentats meurtriers, la France semble peu à peu sortir de l’ornière. Dans son dernier bilan publié en décembre dernier, l’Organisati­on mondiale du tourisme (OMT) estimait à 89 millions le nombre de visiteurs ayant posé leurs valises en France durant l’année 2017, soit une hausse de 6 % par rapport à 2016. Dans cet environnem­ent économique favorable, le secteur hôtelier a retrouvé des couleurs après plusieurs années de vaches maigres. Toutes gammes confondues, le secteur a enregistré une hausse de fréquentat­ion de 4 % sur l’année 2017. Pour Laurent Duc, président de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), le marché est très différent selon la gamme des établissem­ents : “la grande majorité des palaces situés sur la Côte d’Azur et à Paris bénéficien­t d’aéroports largement desservis par des compagnies internatio­nales. Les monopoles de la SNCF et d’Air France pénalisent une autre catégorie d’hôteliers, dont la clientèle ne peut se permettre les mêmes modes de transport qu’une clientèle internatio­nale à fort potentiel financier. Les récentes grèves ont complèteme­nt gelé l’activité en avril. De surcroît, il faut savoir que les ponts du mois de mai ont

freiné le tourisme d’affaires”. Il signale toutefois qu’en dépit des aléas, le parc hôtelier n’évolue

pas. Il précise en effet : “il faut être réaliste. Si on perd un hôtel par jour depuis dix ans, on n’a en revanche pas perdu une seule chambre. Le secteur a détruit de la petite hôtellerie qui ne pouvait pas amortir le prix de son personnel au regard du peu de chambres qu’elle avait à offrir. De même, la fiscalité très lourde sur la transmissi­on du patrimoine décourage les héritiers. Ces biens partent donc dans l’immobilier. Certains hôtels ont choisi aussi de se transforme­r en meublés touristiqu­es. Depuis dix ans, on ne compte donc pas une seule chambre d’hôtel en plus”.

Investir pourp ne pas disparaîtr­e

Un constat qui fait écho aux investisse­ments nécessaire­s pour que les profession­nels puissent pérenniser leur activité. À l’heure de la mainmise des Booking.com et autres Expedia, sites tout puissants de réservatio­ns en ligne, les clients comparent souvent ce qui ne peut l’être. L’onglet prix jouant le rôle décisif de curseur. En effet, ce marché, tout en surfant sur les bons chiffres, doit constammen­t essayer de se réinventer en consentant des investisse­ments coûteux mais nécessaire­s à sa survie. “Aujourd’hui, quand un investisse­ur rénove un hôtel, il doit d’ores et déjà prévoir dans son business plan ce qu’il changera au bout de 5 puis 10 ans, et parfois même au bout d’une année. Le temps s’accélère et une année équivaut à 6 mois”, note Laurent Delporte, consultant et expert. Investir quand on traverse une période creuse et que les touristes fuient la capitale relève de la vraie gageure. Élodie Moussié, propriétai­re de l’hôtel Providence, un quatreétoi­les installé près de la porte Saint-Martin à Paris, ne dit pas autre chose : “nous avons procédé à deux ans et demi de rénovation pour construire un endroit comme nous l’imaginions. La période a été dure pour toute l’industrie touristiqu­e mais encore plus pour nous qui venions à peine d’ouvrir. Il a fallu être patient et construire une image solide et en osmose

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“Le secteur a détruit de la petite hôtellerie qui ne pouvait pas amortir le prix de son personnel au regard du peu de chambres qu’elle avait à offrir.”Laurent Duc, UMIH.

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