Le Nouvel Économiste

TOUJOURS À LA MODE AVEC DES VÊTEMENTS LOUÉS

La location de vêtements est une affaire à la fois complexe et prometteus­e

- THE ECONOMIST

Vers 4 h 30 du matin, un camion transporta­nt le premier lot de milliers de housses noires contenant des vêtements arrive à un énorme entrepôt qui se trouve à moins de 16 km de la partie sud de Manhattan. Les paquets débordent de robes de créateurs, ainsi que de vêtements et accessoire­s à la mode. Les employés commencent à examiner les vêtements : un chemisier ample à motifs dégage une forte odeur, une longue robe rouge a une déchirure et une robe d’été en soie à motif floral est tachée. Le délai d’exécution est rapide. Le chemisier est envoyé pour être lavé, la robe va à l’une des 75 couturière­s alignées à côté d’un mur couvert de bobines de fil à coudre, , de fermetures Éclair, de boutons et d’autres ornements de toutes les couleurs imaginable­s, et la robe de soie finit chez les “spotters”, des experts spécialisé­s dans l’éliminatio­n des taches tenaces sur les tissus délicats. La plupart des vêtements sont traités en moins de 24 heures. Une telle efficacité est essentiell­e pour Rent the Runway (RTR), une start-up privée basée à New York et valorisée près de 800 millions de dollars. Cette jeune entreprise loue des vêtements, des sacs à main et des bijoux, et son entrepôt de nettoyage à sec est le plus grand au monde, traitant 2 000 pièces par heure. RTR s’est lancée en offrant un service de location de robes élégantes que les femmes louaient pour des mariages et autres occasions formelles. Actuelleme­nt, presqueq trois qquarts de ses 9 millions de clients aux États-Unisutip lisent aussi son service de location pour des vêtements à mettre au bureau. Avec son forfait “illimité”, le plus cher, les abonnés peuvent louer quatre tenues à la fois pour un prix total de 159 dollars par mois. La promesse de nouveautés constantes semble l’emporter sur la grimace de dégoût que pouvait provoquer l’idée de porter des vêtements ayant touché récemment la peau de quelqu’un d’autre. Environ deux cinquièmes des femmes américaine­s qui ont entendu parler du service fourni par RTR (ou l’une de ses plus jeunes entreprise­s concurrent­es) disent qu’elles seraient prêtes à louer des vêtements. Pour une occasion spéciale, la location d’une robe de bal coûte à peu près un sixième du prix qu’elle coûterait à l’achat, et le nettoyage et l’assurance pour les dommages mineurs applique une politique rigoureuse pour les retards de renvoi et facture aux clients des pénalités de retard de 50 dollars par jour après une période de grâce de 24 heures. Le problème, c’est que ces pénalités s’accumulent et peuvent bel et bien atteindre le prix d’achat au détail des vêtements. Les livraisons tardives et les inventaire­s incomplets sont un autre cassetête pour les clients. Mme Salinas admet que lorsque RTR a lancé ses services sur abonnement, l’inventaire n’était pas suffisant pour répondre à la demande. Depuis lors, RTR a augmenté son offre, et des centaines de pièces de chaque style et dans toutes les tailles sont maintenant en stock. Les marques qui ont repris le modèle économique de RTR se développen­t. Christine Hunsicker, co-fondatrice de Gwynnie Bee, un concurrent de RTR spécialisé dans les grandes tailles, est en train de lancer un service de location pour les détaillant­s traditionn­els qui cherchent à louer leurs stocks. L’accord comprend les logiciels spécialisé­s et les services de nettoyage et d’entreposag­e nécessaire­s pour gérer une entreprise de location de vêtements. Plusieurs marques de vêtements américaine­s, y compris Ann Taylor (populaire pour les vêtements à porter au travail) et NY & Co (chaîne de boutiques invariable­ment présentes dans les centres commerciau­x) ont déjà commencé à tester le service. Rakesh Tondon, le patron de Le Tote, une autre start-up, prédit que toujours plus de détaillant­s lanceront un service de location de vêtement dans les cinq prochaines années car ils en

Jennifer Hyman, directrice générale de RTR, a un jour déclaré que son but était de pousser les géants de la mode Zara et H & M à la faillite. On en est loin, mais son modèle de location de vêtements semble plus qu’une mode passagère.

entrevoien­t déjà le potentiel. Jennifer Hyman, directrice générale de RTR, a un jour déclaré que son but était de pousser les géants de la mode Zara et H & M à la faillite. On en est loin, mais son modèle de location de vêtements semble plus qu’une mode passagère.

 ??  ?? La promesse de nouveautés constantes semble l’emporter sur la grimace de dégoût que pouvait provoquer l’idée de porter des vêtements ayant touché récemment la peau de quelqu’un d’autre
La promesse de nouveautés constantes semble l’emporter sur la grimace de dégoût que pouvait provoquer l’idée de porter des vêtements ayant touché récemment la peau de quelqu’un d’autre

Newspapers in French

Newspapers from France