Economie sociale
Le temps où les entreprises ne faisaient que financer les associations est révolu, place aux nouvelles formes de co-construction
Partenariats asso-entreprises, association de bienfaiteurs
Alors qu’en 2015, 3,5 milliards d’euros étaient consacrés au mécénat par les entreprises, les partenariats entre le secteur privé et les associations sont toujours sujets aux stéréotypes. Pour les associations, ce serait le moyen de trouver un sponsor et avoir plus de fonds. Pour les entreprises, une bonne action pour redorer son image de marque. Mais aujourd’hui les formes de partenariats sont très diverses. Allant du mécénat à la co-création de solutions innovantes. Ces partenariats peuvent être à sens unique ou mutuels. Tout dépend des modalités du partenariat, de la finalité du projet etc. Mais dans la plupart des cas, chaque partie apporte des compétences à son partenaire.
En évoquant un partenariat entre une association et une entreprise, on a immédiatement l’image d’une structure de loi 1901 en mal de ressources financières, et d’une société privée ayant besoin de redorer son image en apportant un soutien à une cause d’intérêt général. Et il est vrai que le mécénat financier reste aujourd’hui très important. Selon le baromètre Admical/CSA sur
En France, en 2016, 77 % des entreprises mécènes apportaient d’abord des aides financières aux associations avec qui elles faisaient affaire… Mais ce taux est en baisse !
le mécénat d’entreprise en France en 2016, 77 % des entreprises mécènes apportaient d’abord des aides sonnantes et trébuchantes aux associations avec qui elles faisaient affaire… Mais ce taux est en baisse, au profit du mécénat de compétences qui se répand de plus en plus dans les sociétés privées. Cette forme de collaboration permet aux salariés d’une entreprise de consacrer plusieurs jours par an à un projet d’intérêt général. Selon ce même baromètre Admical/ CSA, les entreprises indiquent même vouloir construire des relations avec les acteurs du territoire avant de valoriser leur réputation lorsqu’elles nouent des liens avec des associations. De plus, les associations sont tout sauf passives dans l’échange de compétences. “Les associations offrent ainsi des méthodes de travail différentes, une compréhension des enjeux de demain, etc.” indique Antoine Delaunay, animateur de la communauté Future of Waste. Ce programme est issu de la collaboration entre Makesense, association qui recherche des solutions locales à des enjeux sociétaux et environnementaux en faisant collaborer citoyens et entrepreneurs, et Suez.
Les coopérationsp d’innovation sociétale
L’image d’Épinal des échanges entreprises-associations “a profondément
changé en dix ans”, selon CharlesBenoît Heidsieck, président et fondateur du Rameau, observatoire national des enjeux de ces partenariats. Le Rameau distingue quatre catégories : le mécénat, l’innovation sociétale, la coopération économique et les pratiques responsables. Comme on l’a vue, le mécénat ne consiste pas en un soutien forcément financier. L’entreprise peut apporter des forces humaines, matérielles ou logistiques, elle peut ainsi mobiliser ses salariés autour d’une cause commune, et améliorer sa réputation. Les coopérations d’innovation sociétale mettent l’accent sur la capacité des associations à inventer des solutions pour répondre à des besoins, notamment en faveur des publics fragiles. Les entreprises peuvent par exemple mettre leur capacité d’industrialisation au service de l’association pour l’aider à déployer à grande échelle une innovation sociétale. C’est ainsi que l’association Crésus – dont la vocation est d’accueillir, écouter et accompagner les ménages et entrepreneurs en situation de surendettement – s’est associée à la Banque Postale en 2008 pour expérimenter une plateforme de prévention dont la vocation est d’accueillir les ménages dès les premiers signes de fragilité, sur prescription des banques, assurances et établissements financiers. “La Banque Postale a été la première institution bancaire à orienter ses clients fragiles et à mettre en oeuvre un dispositif de prévention en créant l’Appui – service dédié à cette
clientèle – avec des résultats exceptionnels en termes de rétablissement financier et social de ses clients” indique le président de Crésus, Jean-Louis Kiehl. L’innovation sociétale tient ici en ce que le partenariat est fondé sur l’expertise de l’établissement financier pour détecter en amont les clients en risque de malendettement et de surendettement, et sur l’expertise de Crésus dans l’accompagnement de ces publics fragiles en aval. Ainsi, “la plateforme a permis d’accompagner plus de 40 000 ménages et entrepreneurs depuis sa création en 2008”. Une équipe interne est en charge des relations partenariales chez Crésus, et la Banque Postale apporte aussi des ressources humaines au projet. L’aspect financier est géré par l’entreprise, et c’est donc l’association qui a développé la plateforme.
Faire évoluer les ppratiques entrepreneuriales
Lors d’une coopération économique entre une association et une société, les deux vont s’unir pour proposer une offre commune. C’est typiquement ce genre de partenariat qu’ont réalisé Makesense et Suez en lançant Future of Waste. Ce projet consiste à mettre à disposition des outils pour découvrir et accélérer les initiatives innovantes de gestion des déchets
et en faire émerger de nouvelles. Chaque année, les deux entités se réunissent pour définir une thématique. “Cette année, nous travaillons sur les déchets dans le tourisme et l’événementiel, explique Antoine Delaunay. Et avec la communauté, nous avons décidé de monter une boîte à outils pour faire que l’événementiel soit moins producteur de déchets, et un Mooc pour former des gens qui travaillent dans le secteur et qui ne connaissent pas trop