Le Nouvel Économiste

Les taux réduits sont coûteux et inefficace­s

La suppressio­n de tous les taux réduits pourrait être compensée par une réduction de 4,7 points du taux normal

- FRANÇOIS ECALLE

Tous les taux réduits de TVA devraient être considérés comme des dépenses fiscales mais, pour des raisons difficiles à comprendre, ils ne le sont pas tous dans les documents budgétaire­s. Ceux-ci n’indiquent pas le coût des taux réduits qui ne sont pas retenus sur la liste officielle des niches fiscales, mais il est possible d’estimer le coût total des taux réduits à environ 50 Mds€, soit 13 Mds€ pour le taux de 10,0 %, 26 Mds€ pour le taux de 5,5 %, 9 Mds€ pour le taux de 2,1 % et 2 Mds€ pour les taux spécifique­s à la Corse et l’outre-mer...

Tous les taux réduits de TVA devraient être considérés comme des dépenses fiscales mais, pour des raisons difficiles à comprendre, ils ne le sont pas tous dans les documents budgétaire­s. Ceux-ci n’indiquent pas le coût des taux réduits qui ne sont pas retenus sur la liste officielle des niches fiscales, mais il est possible d’estimer le coût total des taux réduits à environ 50 Mds€, soit 13 Mds€ pour le taux de 10,0 %, 26 Mds€ pour le taux de 5,5 %, 9 Mds€ pour le taux de 2,1 % et 2 Mds€ pour les taux spécifique­s à la Corse et l’outre-mer. Les taux réduits de TVA sont plus faibles et couvrent une plus grande part des produits taxables en France que dans les autres pays de l’Union européenne.

Peu de créations d’emplois en contrepart­ie

Les gains et pertes de revenus entraînés par les variations des taux de TVA sont partagés entre les producteur­s, à travers l’évolution des prix hors taxes, et les consommate­urs, à travers l’évolution des prix toutes taxes comprises (TTC). Ce partage dépend de l’élasticité de la consommati­on des produits concernés à leur prix. Ces effets sont très rarement évalués mais les quelques évaluation­s disponible­s, surtout sur les taux réduits appliqués à la restaurati­on et à l’entretien du logement, montrent que les baisses de taux ont surtout profité aux producteur­s et que ceux-ci ont créé peu d’emplois en contrepart­ie. Les taux réduits de TVA constituen­t un instrument coûteux et inefficace pour soutenir l’activité économique et l’emploi. L’impact des taux réduit de TVA sur la distributi­on des revenus des ménages est également peu souvent évalué. Il est néanmoins très vraisembla­ble qu’il soit très limité, car les taux réduits de TVA constituen­t un très mauvais instrument de redistribu­tion des revenus. En effet, il est impossible en pratique de les cibler sur des produits particuliè­rement consommés par les ménages les plus pauvres. L’impôt sur le revenu et les prestation­s sociales sous condition de ressource sont de bien meilleurs outils. La suppressio­n de tous les taux réduits pourrait être compensée par une réduction de 4,7 points du taux normal, qui serait ramené à 15,3 %, pour un rendement total inchangé de la TVA. Il faudrait toutefois que les effets des hausses et des baisses des taux de TVA soient symétrique­s pour obtenir ce résultat, alors que selon certaines études, la répercussi­on des hausses dans les prix TTC semble plus forte que celle des baisses. La suppressio­n des taux réduits de TVA, sans baisse équivalent­e du taux normal, peut avoir des effets négatifs sur l’activité économique mais comme toute suppressio­n d’aides publiques aux entreprise­s ou aux ménages. Ce n’est pas un argument suffisant pour s’opposer à leur suppressio­n et à la baisse du déficit public. Le ministre de l’Économie a donc raison devoup loir remettre en cause certains d’entre eux.

La suppressio­n de tous les taux réduits pourrait être compensée par une réduction de 4,7 points du taux normal, qui serait ramené à 15,3 %, pour un rendement total inchangé de la TVA

Newspapers in French

Newspapers from France