Vive l’Ile-de-France libre !
Et si l’Ile-deFrance avait des volontés de sécession ? En ces temps de fronde des territoires contre le pouvoir central, cet article de géopolitique-fiction mérite d’être relu.
Et si l’Ile-de-France se séparait de la France pour devenir un pays à part entière ? Un séparatisme francilien assumant son égoïsme disposerait d’un argument choc relativement peu connu : les
Avec un PIB de 600 milliards d’euros, l’Ile-deFrance pèse d’un poids comparable en ordre de grandeur à la Suisse ou à la Suède. Et avec ses 12 millions d’habitants, sa population équivaut, à quelques centaines de milliers d’individus près, à celle de la Belgique. D’où cette question inévitablement tentante : et si l’Ile- de- France se séparait de la France pour devenir un pays à part entière et jouer sa partition en solo ? Cette interrogation provocatrice n’est pour l’heure soulevée par personne – nul mouvement autonomiste pour une Ile-de-France “libre” ne pointe à l’horizon – mais qui sait si quelques indépendantistes ne la Franciliens sont deux fois plus productifs que les autres Français, mais ils ne tirent pas le bénéfice de cette surproductivité qui est reversée à hauteur de 60 milliards d’euros au pot commun chaque année. Une Ile-de-France indépendante rendrait donc ses habitants plus riches… et ses élus plus puissants. Mais ce nouveau pays serait- il pour
poseront pas demain. La question est en tout cas dans l’air du temps européen. Ne voit-on pas se développer chez nos voisins des formes, hier encore impensables, de régionalisme exacerbé, allant jusqu’à la revendication sécessionniste, en Catalogne, en Écosse ou en Italie du nord ? “Ce séparatisme nouveau est le fait de
régions riches qui plaident pour moins de solidarité et de redistribution, mais il épargne encore la France”, observe le sociologue et géographe Laurent Davezies, auteur de ‘Le nouvel égoïsme territorial – le grand malaise des nations’ (Ed. Le Seuil). Un constat plutôt rassurant pour tous ceux qu’inquiète déjà l’existence de nombreuses forces centrifuges agitant la société française. Pourtant, un séparatisme francilien qui assumerait son égoïsme ne manquerait pas, comme on va le voir, d’arguments.
Les arguments séparatistes
Outre sa dimension, par son PIB et sa population, qui la fait jouer d’emblée autant viable ? Économiquement, à l’ère des interdépendances, rien n’est moins sûr. Et puis il est difficile de faire fi d’une histoire multiséculaire et des liens qu’elle a tissés, tant il est vrai que l’Ile- deFrance ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui sans les autres régions françaises (et réciproquement).
Avec un PIB de 600 milliards d’euros, l’Ile-de-France pèse d’un poids comparable en ordre de grandeur à la Suisse ou à la Suède
dans la cour des pays de moyenne taille performants, l’Ile-de-France dispose d’atouts considérables dans son jeu. À l’instar des autres grandes mégalopoles de la planète ( New York, Londres, Tokyo, etc.), le système francilien est hyper- performant. “La région pèse près de 30 % du PIB hexagonal alors que sa population en représente tout juste 20 % (18 % exactement). Ce qui veut dire que par habitant, les Franciliens ne produisent pas loin de deux fois ce que produisent les autres habitants de la France (x 1,8) ce qui traduit une énorme surproductivité”, souligne le géographe Jacques Levy, auteur de ‘Réinventer la France’ (Ed. Fayard). Autre avantage : l’Ile-deFrance, ancienne région industrielle
jusque dans les années 80, a complètement réussi sa reconversion dans les services. Banques/assurance, secteur immobilier, communication/ information : dans ces trois domaines, essentiels, l’Ile- de- France est en pointe, avec une pluriactivité qui la met à l’abri des effets d’une trop grande dépendance à un seul secteur, à l’instar de la finance à Londres. Plus de la moitié des emplois du numérique du pays sont localisés à Paris et dans les Hauts-de-Seine. La