Le Nouvel Économiste

Vive l’Ile-de-France libre !

Et si l’Ile-deFrance avait des volontés de sécession ? En ces temps de fronde des territoire­s contre le pouvoir central, cet article de géopolitiq­ue-fiction mérite d’être relu.

- PHILIPPE PLASSART

Et si l’Ile-de-France se séparait de la France pour devenir un pays à part entière ? Un séparatism­e francilien assumant son égoïsme disposerai­t d’un argument choc relativeme­nt peu connu : les

Avec un PIB de 600 milliards d’euros, l’Ile-deFrance pèse d’un poids comparable en ordre de grandeur à la Suisse ou à la Suède. Et avec ses 12 millions d’habitants, sa population équivaut, à quelques centaines de milliers d’individus près, à celle de la Belgique. D’où cette question inévitable­ment tentante : et si l’Ile- de- France se séparait de la France pour devenir un pays à part entière et jouer sa partition en solo ? Cette interrogat­ion provocatri­ce n’est pour l’heure soulevée par personne – nul mouvement autonomist­e pour une Ile-de-France “libre” ne pointe à l’horizon – mais qui sait si quelques indépendan­tistes ne la Francilien­s sont deux fois plus productifs que les autres Français, mais ils ne tirent pas le bénéfice de cette surproduct­ivité qui est reversée à hauteur de 60 milliards d’euros au pot commun chaque année. Une Ile-de-France indépendan­te rendrait donc ses habitants plus riches… et ses élus plus puissants. Mais ce nouveau pays serait- il pour

poseront pas demain. La question est en tout cas dans l’air du temps européen. Ne voit-on pas se développer chez nos voisins des formes, hier encore impensable­s, de régionalis­me exacerbé, allant jusqu’à la revendicat­ion sécessionn­iste, en Catalogne, en Écosse ou en Italie du nord ? “Ce séparatism­e nouveau est le fait de

régions riches qui plaident pour moins de solidarité et de redistribu­tion, mais il épargne encore la France”, observe le sociologue et géographe Laurent Davezies, auteur de ‘Le nouvel égoïsme territoria­l – le grand malaise des nations’ (Ed. Le Seuil). Un constat plutôt rassurant pour tous ceux qu’inquiète déjà l’existence de nombreuses forces centrifuge­s agitant la société française. Pourtant, un séparatism­e francilien qui assumerait son égoïsme ne manquerait pas, comme on va le voir, d’arguments.

Les arguments séparatist­es

Outre sa dimension, par son PIB et sa population, qui la fait jouer d’emblée autant viable ? Économique­ment, à l’ère des interdépen­dances, rien n’est moins sûr. Et puis il est difficile de faire fi d’une histoire multisécul­aire et des liens qu’elle a tissés, tant il est vrai que l’Ile- deFrance ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui sans les autres régions françaises (et réciproque­ment).

Avec un PIB de 600 milliards d’euros, l’Ile-de-France pèse d’un poids comparable en ordre de grandeur à la Suisse ou à la Suède

dans la cour des pays de moyenne taille performant­s, l’Ile-de-France dispose d’atouts considérab­les dans son jeu. À l’instar des autres grandes mégalopole­s de la planète ( New York, Londres, Tokyo, etc.), le système francilien est hyper- performant. “La région pèse près de 30 % du PIB hexagonal alors que sa population en représente tout juste 20 % (18 % exactement). Ce qui veut dire que par habitant, les Francilien­s ne produisent pas loin de deux fois ce que produisent les autres habitants de la France (x 1,8) ce qui traduit une énorme surproduct­ivité”, souligne le géographe Jacques Levy, auteur de ‘Réinventer la France’ (Ed. Fayard). Autre avantage : l’Ile-deFrance, ancienne région industriel­le

jusque dans les années 80, a complèteme­nt réussi sa reconversi­on dans les services. Banques/assurance, secteur immobilier, communicat­ion/ informatio­n : dans ces trois domaines, essentiels, l’Ile- de- France est en pointe, avec une pluriactiv­ité qui la met à l’abri des effets d’une trop grande dépendance à un seul secteur, à l’instar de la finance à Londres. Plus de la moitié des emplois du numérique du pays sont localisés à Paris et dans les Hauts-de-Seine. La

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