Le Nouvel Économiste

Notre objectif est de casser les idées reçues sur le golf, de le révolution­ner et de le démocratis­er, sans le galvauder

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du golf. “Démocratis­er le golf passera par une réduction du temps de jeu. Cinq heures de parcours, c’est trop long de nos jours. Il faut raccourcir le temps de parcours en fonction du niveau de jeu des joueurs et de leur âge”, estime Alain Jeanjean, qui poursuit: “l’idéal serait un parcours de 12 trous qui se ferait en 3 heures, pour développer le nombre de golfeurs”. “Il s’agit d’un sujet sociologiq­ue : les attentes des sportifs ne sont plus les mêmes, la manière de faire du sport non plus”, reconnaît Laurent Boissonnas.

La pérennisat­ion du golf passera non seulement par une réduction du temps de jeu, mais aussi par une démythific­ation du 18 trous, aux dires des profession­nels. “Un tiers des golfs français sont des 9 trous, mais tout est calibré pour les 18 trous”, regrette Alain Jeanjean. Et Laurent Boissonnas de renchérir : “aux PaysBas, 65 % des parties se font sur des neuf trous. Il est important d’encourager les parties sur ces parcours : il est parfaiteme­nt possible d’améliorer son index (handicap) sur 9 trous. Au golf de Seignosse, nous organisons des compétitio­ns en 9 trous sur 15 vendredis de l’année, du printemps au début de l’été, et nous offrons de belles dotations”. Des parties sur 9 trous qu’il est possible de jouer partout en France. “Lorsque nous avons remporté l’organisati­on de la Ryder Cup, nous nous sommes engagés à construire 100 petites structures, des parcours compacts de 5 à 10 hectares, alors qu’un 18 trous nécessite 40 hectares”, indique Christophe Muniesa. Quatre-vingtdix-huit de ces petites structures ont été construite­s, afin de répondre non seulement au manque de temps de certains joueurs, mais aussi à un potentiel engouement pour la petite balle blanche une fois la Ryder Cup passée. Une politique qui semble d’ores et déjà avoir porté ses fruits. “La création de ces petites structures a permis d’attirer 40 000 nouveaux golfeurs”, indique Pascal Grizot, président de la commission Ryder Cup France 2018 et vice-président de la ffgolf. Pour attirer de nouveaux fans de la petite balle blanche, certains acteurs misent sur la notion de plaisir et de loisir. “Il faut réinstaure­r la notion de plaisir et que tout le monde ait sa chance de jouer. Chez Golfy, nous orientons les golfeurs vers le loisir. 10 % des golfeurs font de la compétitio­n, les autres pratiquent le golf pour le plaisir, les loisirs ou le tourisme. Il conviendra­it d’équiper les parcours pour avoir des départs différents selon le niveau de jeu, et arrêter de penser qu’un homme ne peut pas partir du départ d’une femme”, affirme Alain Jeanjean. Une idée mise en place par Bluegreen qui a récemment inauguré sur son parcours de Vilennes des départs avancés avec deux nouvelles couleurs de boules: des boules violettes pour les débutants ou les seniors, et des boules oranges pour les jeunes golfeurs ou débutants. Objectif: jouer des distances plus courtes, gagner du temps de jeu et se faire plaisir. “Le golf est l’un des seuls sports dans lequel on peut jouer toute génération confondue au même rythme, dans un cadre agréable tout en discutant”, fait remarquer Manuel Biota. Bluegreen a multiplié des méthodes d’entraîneme­nt et de jeu pour le moins disruptive­s dans le monde parfois volontaire­ment hermétique, du golf. “Nous nous sommes demandé comment faire venir les actifs et rendre les golfs attrayants. Nous avons amélioré les golfs en créant des golfs hybrides où les golfeurs et les non-golfeurs peuvent se retrouver”, explique Manuel Biota, qui ajoute : “on va pouvoir jouer au golf autour de tapas, en écoutant de la musique”. Puristes s’abstenir. “Les mini-golfs permettron­t aux parents golfeurs de s’entraîner sur un vrai green et aux enfants de s’amuser avec un véritable putter ; le Stadium (espace entièremen­t consacré à l’entraîneme­nt) permet de jouer au golf sur un mode ludique, tout en travaillan­t la mobilité, la rapidité, la mémoire et la précision”, commente le Pdg de Bluegreen, qui poursuit: “pour le prix d’une partie de bowling, on pourra pratiquer le golf tout en respectant les règles de ce sport. Ce concept permettra également d’organiser des séminaires d’entreprise, que l’on soit golfeur ou non, et de faire ainsi du véritable team building”. Déjà présents au golf de Rueil-Malmaison, ces nouveaux concepts seront mis en place au golf de Bordeaux-Pessac en septembre. “Notre ambition est d’équiper cette année 8 de nos 50 golfs soit avec un Stadium, soit avec un mini-golf”, explique Manuel Biota, dont l’ambition est de “casser les idées reçues sur le golf, de le révolution­ner et de le démocratis­er, sans le galvauder”. “Grâce à ces initiative­s, nous souhaitons pérenniser le golf, qui n’est plus adapté au mode de vie actuel, et que chaque golfeur amène un non-golfeur”, ajoute ce dernier. Pour Laurent Boissonnas, dépoussiér­er l’image du golf passe également par le marketing et la communicat­ion: “le golf n’a pas encore fait sa révolution marketing. Il est essentiel de mettre en place des campagnes de communicat­ion sur la pratique du golf et d’insister sur les valeurs de ce sport”, souligne ce dernier. La ffgolf semble l’avoir entendu. Pour annoncer la tenue de la Ryder Cup en France et promouvoir le golf, cette dernière a mis sur sa page Facebook et son site Internet des saynètes, écrites par des humoristes ou des personnali­tés de tous horizons, amateurs de fairways. Elle a également misé sur une approche événementi­elle avec le Ryder Cup Golf Tour qui a investi 12 grandes villes françaises. “Les Français ont du mal à ouvrir les portes d’un golf. Nous avons donc décidé d’amener le golf dans les villes pour démontrer qu’il était possible d’y jouer facilement”, commente Christophe Muniesa. Un tour de France qui se terminera sur le parvis de la mairie de Paris : “un village d’animations y sera installé du 21 au 30 septembre, à destinatio­n des golfeurs et non-golfeurs”, confie Pascal Grizot. Et Manuel Biota de conclure: “le golf a connu une longue traversée du désert. La tenue de la Ryder Cup est une occasion unique de faire parler du golf en France”.

“Le golf n’a pas encore fait sa révolution marketing. Il est essentiel de mettre en place des campagnes de communicat­ion sur la pratique du golf et d’insister sur les valeurs de ce sport”

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