Le Nouvel Économiste

Le réveil conservate­ur

Le conservati­sme est caricaturé. Il n’est pas ce que vous croyez.

- PHILIPPE PLASSART

Fermé, dur, rigide, frileux, routinier… Dans l’imaginaire politique des Français, le conservate­ur est un vrai repoussoir, analyse lucidement Guillaume Perrault, journalist­e au ‘Figaro’ qui entreprend de réhabilite­r, loin de ces préjugés, ce courant de pensée dans un essai au titre tonitruant : ‘Conservate­urs, soyez fier’. Il n’est pas le seul intellectu­el à se lancer ainsi à contre-courant. Dans ‘Qu’est-ce que le conservati­sme’, Jean-Philippe Vincent raconte l’histoire intellectu­elle de cette idée politique si méconnue en France. Une veine que défriche aussi Laetitia Strauch-Bonart dans ‘ Vous avez dit conservate­ur ?’. Tir groupé d’auteurs significat­if du retour en grâce d’un mouvement tourné plus qu’à son tour en ridicule pour sa ringardise supposée ? Le chemin sera encore long pour que le conservati­sme trouve toute la place qu’il mérite dans la palette idéologiqu­e basée sur la reconnaiss­ance de sa pensée, à la fois cohérente et pragmatiqu­e, de ses grands auteurs classiques mais aussi contempora­ins, et surtout – puisqu’il les revendique – de ses valeurs et principes portés fièrement. En Grande-Bretagne, le parti conservate­ur porte ce nom valorisant sans discontinu­er depuis 1834. Ce travail de réhabilita­tion de longue haleine trouvera-t-il un jour pprochain son débouché ppolitique q dans l’Hexagone ? À l’heure où le progressis­me – exacte symétrie du conservati­sme – semble en panne (panne analysée dans l’article suivant), et où le populisme a le vent en poupe, peu ose y croire. Il est vrai qu’après le spectacula­ire échec de François Fillon, qui avait porté un temps leur espoir lors des présidenti­elles de 2017, les conservate­urs semblent plus que jamais orphelins. Mais il ne faut jurer de rien, et l’incarnatio­n du conservati­sme tricolore pourrait très bien prendre la forme humaine par exemple d’une Marion Maréchal – à la condition que cette dernière se décide à rompre avec ses attaches maurassien­nes – ou d’un Jean-Michel Blanquer qui, au ministère de l’Éducation, administre chaque jour la preuve que les valeurs du conservati­sme ne sont pas antinomiqu­es de la modernité. En attendant, une certitude : à l’aune de son principe de base – éliminer ce qui ne marche pas...

Fermé, dur, rigide, frileux, routinier… Dans l’imaginaire politique des Français, le conservate­ur est un vrai repoussoir, analyse lucidement Guillaume Perrault, journalist­e au ‘Figaro’ qui entreprend de réhabilite­r, loin de ces préjugés, ce courant de pensée dans un essai au titre tonitruant : ‘Conservate­urs, soyez fier’. Il n’est pas le seul intellectu­el à se lancer ainsi à contrecour­ant. Dans ‘Qu’est-ce que le conservati­sme’, Jean-Philippe Vincent raconte l’histoire intellectu­elle de cette idée politique si méconnue en France. Une veine que défriche aussi Laetitia Strauch-Bonart dans ‘Vous avez dit conservate­ur ?’. Tir groupé d’auteurs significat­if du retour en grâce d’un mouvement tourné plus qu’à son tour en ridicule pour sa ringardise supposée ? Le chemin sera encore long pour que le conservati­sme trouve toute la place qu’il mérite dans la palette idéologiqu­e basée sur la reconnaiss­ance de sa pensée, à la fois cohérente et pragmatiqu­e, de ses grands auteurs classiques mais aussi contempora­ins (voir encadré ci-dessous) et surtout – puisqu’il les revendique – de ses valeurs et principes portés fièrement. En Grande-Bretagne, le parti conservate­ur porte ce nom valorisant sans discontinu­er depuis 1834. Ce travail de réhabilita­tion de longue haleine trouvera-t-il un jour prochain son débouché politiqueq dans l’Hexagone ? À l’heure où leprop gressisme – exacte symétrie du conservati­sme – semble en panne (panne analysée dans l’article suivant), et où le populisme a le vent en poupe, peu ose y croire. Il est vrai qu’après le spectacula­ire échec de François Fillon, qui avait porté un temps leur espoir lors des présidenti­elles de 2017, les conservate­urs semblent plus que jamais orphelins. Mais il ne faut jurer de rien, et l’incarnatio­n du conservati­sme tricolore pourrait très bien prendre la forme humaine par exemple d’une Marion Maréchal – à la condition que cette dernière se décide à rompre avec ses attaches maurassien­nes – ou d’un Jean-Michel Blanquerq qqui,, au ministère de l’Éducation, administre chaque jour la preuve que les valeurs du conservati­sme ne sont pas antinomiqu­es de la modernité. En attendant, une certitude : à l’aune de son principe de base – éliminer ce qui ne marche pas, conserver ce qui marche – on peut faire le pari que tout le monde sera un jour ou l’autre dans notre pays perclus de rhumatisme­s idéologiqu­es conservate­urs.

Plus attrayant que sa caricature

Contrairem­ent à sa mauvaise image, le conservati­sme ne se confond pas avec l’immobilism­e, la réaction ou le traditiona­lisme, qui ne sont que des cousins idéologiqu­es plus ou moins éloignés. L’immobilism­e ? Le conservati­sme n’est pas pour la préservati­on à tout prix du statu quo et de l’existant. Au contraire, instruit par la violence de l’Histoire et sachant que l’immobilism­e conduit aux révolution­s, le conservate­ur est pour les évolutions en douceur pour éviter les ruptures. “Les conservate­urs sont favorables aux réformes pour éviter les révolution­s”, souligne Jeanphilip­pe Vincent. Pour autant, l’accusation d’immobilism­e ne leur fait pas peur. “Pourquoi cette manie de bouger ? Alors que tout bouge autour de nous, l’essentiel est de garder l’équilibre, d’éviter les écueils, et de ne pas sombrer”, explique Guillaume Perrault. Leur mot d’ordre est réformer

pour conserver. Les réactionna­ires ? Contrairem­ent au courant réactionna­ire qui veut revenir au passé, un passé souvent fantasmé et qui n’a jamais existé, le conservati­sme n’idéalise pas le temps révolu. En revanche, il le respecte. “Le conservate­ur a une affection pour le passé qui est surtout riche d’expérience­s utiles dans le cadre de l’action du temps présent”, explique Jean-Philippe Vincent. Pour Laetitia StrauchBon­art, les conservate­urs doivent “refuser les compromiss­ions avec les réactionna­ires. Ils acceptent les enjeux de la modernité et le fait que l’on ne vit plus au sein de communauté­s villageois­es”. Les traditiona­listes ? Par rapport à ces derniers, qui estiment que la répétition à l’identique des attitudes et des rites forge la cohésion sociale, les conservate­urs

sont beaucoup plus souples. “La tradition n’est rien d’autre que l’oeuvre du temps. L’expérience des génération­s se cristallis­e. Ainsi naissent sagesse, coutumes, moeurs et institutio­ns. Autant de remparts contre la légèreté, la présomptio­n et la suffisance. Ce que ne supportent pas les conservate­urs ? L’ingratitud­e envers l’héritage reçu des génération­s qui nous ont précédés. Le dénigremen­t systématiq­ue du passé national. La volonté de faire table rase. Le blâme attaché à la nostalgie. Le sentiment d’être supérieurs à nos aïeux. L’indifféren­ce à l’impératif de la transmissi­on”, reprend Guillaume

À l’aune de son principe de base – éliminer ce qui ne marche pas, conserver ce qui marche – on peut faire le pari que tout le monde sera un jour ou l’autre dans notre pays perclus de rhumatisme­s idéologiqu­es conservate­urs.

L’incarnatio­n du conservati­sme tricolore pourrait très bien prendre la forme humaine par exemple d’une Marion Maréchal – à la condition que cette dernière se décide à rompre avec ses attaches maurassien­nes

– ou d’un Jeanmichel Blanquer qqui,, au ministère de l’Éducation, administre chaque jour la preuve que les valeurs du conservati­sme ne sont pas antinomiqu­es de la modernité.

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