Le Nouvel Économiste

Commercial­isation sous surveillan­ce

La directive DDA tend à faire de la commercial­isation des produits d’assurance une fonction nouvelle distincte et indépendan­te de celle de leur production

- DIDIER WILLOT

Applicable à compter du 1er octobre 2018, la nouvelle directive concernant la commercial­isation des produits d’assurance impose de nouvelles règles relativeme­nt contraigna­ntes à l’ensemble des profession­nels de ce secteur dans toute l’Europe. En insistant sur leur devoir de conseil, en limitant les risques de conflits d’intérêts et en exigeant une capacité profession­nelle accrue, elle vise avant tout à protéger les consommate­urs et à améliorer l’imageg de la pprofessio­n dans tous les États membres. Une première étape sur la voie de la création d’un grand marché concurrent­iel de l’assurance en Europe.

Protection du consommate­ur oblige. Adoptée par le Parlement européen à la fin de l’automne 2015, la directive communauta­ire IDD2 (Insurance Distributi­on Directive), ou DDA (Directive distributi­on d’assurances) relative à la distributi­on de l’ensemble des produits d’assurance – assurances dommages, assurances santé, assurances emprunteur et assurances-vie – à l’intérieur de l’Union entrera en vigueur dans chacun des États membres àcompg ter du 1er octobre prochain. En harmonisan­t les exigences imposées à tous les organismes chargés de leur commercial­isation, quel que soit leur statut, et en renforçant un certain nombre des dispositio­ns en matière d’informatio­n des assurés, ce texte vise à favoriser à terme l’émergence d’une concurrenc­e accrue au sein de cet important secteur d’activité dans toute l’Europe. Mais en attendant, elle devrait permettre de créer dans notre pays une véritable égalité des conditions de concurrenc­e entre les différents intermédia­ires qui assurent la commercial­isation des produits d’assurance en France : salariés de la bancassura­nce, courtiers, agents généraux, mandataire­s indépendan­ts et même comparateu­rs en ligne.

Une nouvelle directive IDD2

C’est donc au début de la précédente décennie que l’Union européenne commence à se doter d’une réglementa­tion harmonisée concernant la vente des contrats d’assurance sur l’ensemble du territoire communauta­ire. Dès 2002, elle publie en effet une première directive sur le sujet qui modifie sensibleme­nt le droit de l’intermédia­tion en assurance dans la plupart des États membres, en instaurant un certain nombre de règles visant à accroître la protection des consommate­urs et à renforcer la concurrenc­e entre les différents acteurs intervenan­t sur le marché. Mais très vite, le formidable développem­ent du secteur, la complexifi­cation croissante des contrats, l’apparition de la distributi­on en ligne, et surtout la crise financière de 2008, vont obliger les institutio­ns communauta­ires à revoir leur copie. Comment rétablir la confiance des consommate­urs et encadrer les nouveaux modes de distributi­on? Telles sont les deux questions auxquelles le législateu­r européen a tenté d’apporter des réponses en élaborant la directive IDD2.

Tous distribute­urs de produits d’assurance

Premier aspect important: la directive s’impose à tous les canaux de distributi­on des produits d’assurance. En visant à la fois les acteurs historique­s comme les courtiers et les agents généraux (ainsi que leurs éventuels mandataire­s), les nouveaux acteurs de la vente directe venus des réseaux bancaires ou de la grande distributi­on, ainsi que les sites spécialisé­s dans la vente en ligne, elle introduit dans le droit européen la notion de “distribute­ur de produits d’assurance” qui s’applique indifférem­ment à toutes les personnes qui sont au contact de la clientèle, qu’elles soient salariées d’organismes producteur­s de contrats d’assurance ou intermédia­ires indépendan­ts chargés de leur commercial­isation. Une dispositio­n qui prend en compte la transforma­tion profonde qui traverse le secteur de l’assurance, mais surtout qui rétablit les conditions d’une véritable concurrenc­e entre les différents acteurs du marché. “Avec ce texte, tous les distribute­urs de produits d’assurance sont désormais soumis à un certain nombre d’obligation­s qui ne pesaient que sur nous” confirme Bertrand de Surmont, président de la Chambre syndicale des courtiers en assurance, syndicat patronal qui représente près de 20 000 cabinets inscrits à l’Orias (Organisme pour le registre des intermédia­ires en assurance) et 45 000 collaborat­eurs.

Procédure de validation des nouveaux contrats

Dans la même logique, la nouvelle directive concerne l’ensemble des produits commercial­isés. Si l’on met à part les contrats dont la prime annuelle est inférieure à 600 euros ou ceux qui sont accessoire­s à la vente d’un bien (l’assurance pour la perte d’un téléphone portable par exemple), le texte soumet aux mêmes obligation­s tous les produits reposant sur une base assurantie­lle: assurances dommages, contrats de prévoyance bien entendu, mais aussi contrats d’assurance-vie pour lesquels la directive DDA reprend un

Une nouvelle directive communauta­ire tend à renforcer la réglementa­tion relative à la distributi­on des produits d’assurance dans toute l’Europe

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“Avec ce texte, tous les distribute­urs de produits d’assurance sont désormais soumis à un certain nombre d’obligation­s qui ne pesaient que sur nous.”Bertrand de Surmont, Chambre syndicale des courtiers en assurance.

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