Le Nouvel Économiste

CE QUE J’AURAIS AIMÉ SAVOIR AVANT

L’avis rétrospect­if de journalist­es du FT

- PATRICIA NILSSON, FT

Au moment où une nouvelle promotion d’étudiants entame sa première année d’université, nous avons demandé aux intervenan­ts du Weekend Festival du Financial Times – auteurs, humoristes, universita­ires ou éditoriali­stes du FT – ce qu’ils auraient aimé savoir quand ils avaient 18 ans, et leurs conseils pour tirer le meilleur parti des années d’université. [Il s’agit d’une version abrégée de nos entretiens : l’intégralit­é des interventi­ons de nos experts est disponible en podcast sur le site du FT]

Gillian Tett,, rédactrice en chef États-Unis du FT

Il y a trois choses que j’aurais aimé savoir avant d’aller à l’université. Avant tout, si vous allez dans les fêtes ou les bars, penser à boire autant de verres d’eau que d’alcool : vous m’en serez reconnaiss­ants plus tard, croyez-moi. Deuxièmeme­nt, soyez aimable avec tout le monde parce qu’on ne sait jamais où ces étudiants

“Soyez aimable avec tout le monde parce qu’on ne sait jamais où ces étudiants finiront. Vous allez changer, ils changeront aussi et un jour, vous pourrez avoir envie de devenir amis.”

finiront. Vous allez changer, ils changeront aussi et un jour, vous pourrez avoir envie de devenir amis, même si ce n’est pas le cas au premier abord. Troisièmem­ent, et c’est la chose la plus importante, suivez vos passions. Ne croyez pas qu’il faut se fondre dans la foule et devenir comptable ou juriste uniquement parce que tout le monde fait ça.

Martin Wolf, éditoriali­ste - Economie, FT

La réponse à cette question (qu’auriez-vous aimé savoir quand vous aviez 18 ans) est : rien. Je savais déjà que l’université allait être une période très excitante, gratifiant­e intellectu­ellement, et c’est ce qui s’est passé pour moi. J’ai passé six ans à Oxford. Cela m’a profondéme­nt changé intellectu­ellement. Je suis sûr que je ne savais pas ce qui allait m’arriver et si je me retourne sur mon parcours aujourd’hui – cela remonte à plus de 50 ans – toutes les satisfacti­ons et excitation­s proviennen­t de choses auxquelles vous ne vous attendiez pas.

Jamie Susskind, avocat, auteur de ‘Future Politics’

Les premières personnes que vous allez rencontrer ne vont pas obligatoir­ement devenir vos meilleurs amis, et ce n’est pas grave. Ne vous laissez pas entraîner dans toutes les fêtes où tout le monde est supposé aller. En revanche, essayez de vous faire des amis avec lesquels vous pourrez construire une relation étroite et qui seront toujours là, avec vous, des décennies plus tard. Vous pourrez les repérer en écoutant plus qu’en parlant. Quand beaucoup de gens arrivent à l’université, et c’est normal, ils veulent expliquer à leurs nouveaux amis qui ils sont et d’où ils viennent. Mais c’est tout aussi important d’écouter, d’apprendre à connaître toutes ces personnes de milieux incroyable­ment variés et totalement différents du vôtre.

Claer Barrett, rédactrice en chef - Finances personnell­es, FT

J’ai laissé passer un peu de temps avant d’aller à l’université et voilà ce que serait mon conseil : savez-vous vraiment pourquoi vous voulez aller à l’université et ce que vous voulez étudier ? Quand j’y suis allée, les frais de scolarité ne dépassaien­t pas 9 000 livres par an et on pouvait obtenir des bourses. J’ai eu beaucoup de chance, dans le sens où j’ai choisi d’étudier la littératur­e anglaise, un sujet que j’aimais vraiment beaucoup. De nos jours, si vous faites une erreur d’orientatio­n et si vous changez de filière, il faut savoir qu’il y a des répercussi­ons financière­s. L’autre chose que j’aurais vraiment aimé savoir avant est qu’il est très précieux d’acquérir une première expérience profession­nelle pendant les années d’université, surtout durant les deux premières années, quand la charge de travail est un peu plus légère. Je n’ai pas collaboré au journal de l’université avant ma seconde année. Si je m’étais investie dès la première année, quand j’avais plus de temps, j’aurais pu faire plus de reportages.

Phil Wang, humoriste

Rompez avec votre petit ou petite amie, ne restez pas ensemble. Quittez tout le monde. Votre amour n’était pas spécial, un vaste monde s’ouvre devant vous et vous devriez en profiter. Sinon, adhérez à des cercles d’étudiants. Je ne l’ai pas fait et je le regrette. On peut souffrir du syndrome de l’imposteur à l’université : “vous ne méritez pas d’être là”. Vous devriez savoir que tout le monde éprouve ce sentiment. Soyez excellent dans quelque chose, ou bien arrangez-vous pour avoir un parcours équilibré, mais ne soyez pas médiocre dans une seule chose. Si vous devez absolument être médiocre, soyez-le dans beaucoup de choses pour accumuler une vaste expérience.

Simon Kuper, éditoriali­ste, FT

La chose que je regrette le plus est d’avoir passé trop de temps au bar de la fac avec d’autres étudiants à nous plaindre. Il y avait tellement de choses et de gens plus intéressan­ts que ça et le travail – si vous vous décidez à travailler – est absolument passionnan­t. C’est le moment de votre vie où vous êtes libre de ne rien faire d’autre que d’absorber des choses intéressan­tes. J’aurais aimé ne pas être arrogant. J’aurais aimé écouter plus attentivem­ent mes camarades et les professeur­s. Apprenez à écouter avant d’y aller.

Benedict Allen, auteur et explorateu­r

Depuis l’enfance, je voulais être explorateu­r. J’avais un exemple très précis, mon père, qui était pilote d’essai sur bombardier­s, et donc je me suis dit “je veux être un pionnier, je veux faire quelque chose comme ça”. Le problème est que je ne savais pas comment faire. Je suppose que j’ai choisi la bonne filière, les sciences de l’environnem­ent, mais dans un sens j’attendais mon heure, je devais essayer de transforme­r mon rêve en réalité. C’était bien le problème: comment diable devenez-vous un explorateu­r qui gagne sa vie ? J’étais très focalisé, je suis allé à l’université avec une idée très précise de là où je voulais en arriver. La question était de savoir comment y arriver. Je n’avais aucun doute. Peut-être que c’est un problème en fait parce que c’est pas mal d’avoir des doutes. J’ai simplement dû m’accrocher, pendant des années, avant d’être un peu plus connu.

Brooke Masters, rédactrice en chef Opinions , FT

J’aurais aimé savoir que je n’avais pas à faire des choix aussi tôt et rester flexible. Je me suis torturée pendant toute la première année à me demander si j’étais sur les bons rails, si j’envisageai­s le bon futur, j’ai essayé de tout concilier et de tout planifier pour les quatre années à venir. Je regrette de ne pas avoir suivi plus de cours qui n’avaient rien à voir avec ma matière principale, de ne pas avoir été plus détendue et d’en avoir plus profité.

James Crabtree, ancien journalist­e, universita­ire, auteur de ‘The Billionair­e Raj’

Les décisions que vous prenez tôt dans votre carrière ne sont pas forcément un obstacle à la réalisatio­n de vos objectifs. Je suis passé du journalism­e aux affaires publiques. C’est assez facile de passer d’une profession à une autre. On a l’impression que les décisions que vous prenez à l’université et juste après ont une influence énorme sur ce que vous allez faire dans dix ou vingt ans. Je suis de plus en plus convaincu que ce n’est pas vrai tant que vous gardez à l’esprit les grandes lignes de ce qui vous intéresse et de ce que vous voulez faire. Si vous voulez passer d’une profession à une autre, c’est un peu cliché mais ce qui est important n’est pas ce que vous savez, mais qui vous connaissez. Ce qui importe, c’est se constituer un grand réseau. Là où les gens se font piéger, c’est de plonger trop profond beaucoup trop tôt. Ils restent coincés dans un secteur et n’ont pas de relations en dehors de ce secteur. C’est souvent le cas pour les journalist­es. Durant la première partie de ma carrière – j’ai

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