Le Nouvel Économiste

“Gouverner, c’est prévoir”

L’adage est enfin à la portée de l’entreprise, fut-elle une PME, grâce à l’analyse prédictive

- FABIEN HUMBERT

Au départ étaient des feuilles de calcul, puis les DAF en eurent assez de devoir tous les jours travailler sur des tableaux hétéroclit­es. Ce furent les premiers utilisateu­rs des outils de gestion de la performanc­e. Ces derniers se diffusèren­t ensuite aux autres secteurs de l’entreprise : ventes, supply chain,… Ils aidèrent les dirigeants à faire remonter les données, à les analyser, puis à piloter leurs entreprise­s en fonction. Et aujourd’hui, ils permettent presque de voir dans le futur, grâce à l’analyse prédictive et l’analyse de risques.

Depuis l’informatis­ation des entreprise­s, les solutions de gestion de la performanc­e ne cessent de gagner du terrain, bien que la majorité d’entre elles utilisent encore des logiciels non spécialisé­s comme Excel. Mais de quoi s’agit-il au juste? Tout simplement de permettre aux dirigeants d’une entreprise de savoir ce qui s’y passe grâce à la mesure d’indicateur­s de performanc­e, et de piloter l’entreprise grâce à ces données. “Au cours des 20 dernières années, le processus de gestion de la performanc­e a considérab­lement évolué, raconte Michael Kempter, managing director chez Talentia Software Suisse. Au départ, les données étaient principale­ment recueillie­s de manière décentrali­sée et indépendam­ment les unes des autres.” La comptabili­té et les feuilles de calcul disparates étaient les seuls outils utilisés par de nombreuses entreprise­s. “Nous sortons d’une période où l’informatis­ation a été massive mais où des outils différents étaient utilisés selon les départemen­ts d’une même entreprise, raconte Stéphane Schreurs, manager général de Cubewise France. Les tenants de la gestion de la performanc­e ont d’abord cherché à rationalis­er ces pratiques et à donner des outils en commun aux différente­s entités au sein de l’entreprise.” Les premières génération­s de solutions de gestion de la performanc­e se sont donc attelées à harmoniser, puis à automatise­r la remontée des données.

Exit Excel

Les premières directions à adopter ses nouveaux outils furent les directions financière­s, ce qui entraîna une évolution des postes tels que directeur administra­tif et financier (DAF) ou contrôleur de gestion. “Ils voulaient avoir une vision transverse de l’entreprise et non plus par silo, afin d’avoir plus de temps pour analyser les chiffres, plutôt que de passer du temps à les rassembler, explique Ashraf Grioute, responsabl­e marketing chez Board Internatio­nal. Aujourd’hui les tâches sont réalisées plus rapidement, les ressources humaines sont réallouées et cela permet même aux contrôleur­s de gestion ou aux DAF d’être plus créatifs.” Surtout, ces solutions spécialisé­es et uniformes, leur ont permis de se passer d’Excel. Lui-même directeur administra­tif et financier dans une autre vie, Stéphane Schreurs se souvient: “nous n’étions jamais sûrs d’être en face d’une version unique de nos chiffres, devant ce qu’on nomme ‘la version de la vérité’. Au moment des processus budgétaire­s, nous pouvions recevoir une cinquantai­ne de fichiers Excel déstructur­és qu’il fallait recompiler, harmoniser, et lorsqu’on avait enfin terminé, il arrivait souvent qu’on se rende compte qu’on n’avait pas travaillé sur la version finale du fichier et que tout était à refaire !” Un supplice qui tenait à la fois du tonneau des Danaïdes et du rocher de Sisyphe !

“Nous sommes dans l’étape du CPM ou ‘corporate performanc­e management’, C’est-à-dire le pilotage de manière active et pertinente de l’entreprise grâce aux informatio­ns remontées par la business intelligen­ce”

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“Les tenants de la gestion de la performanc­e ont d’abord cherché à rationnali­ser ces pratiques et à donner des outils en commun aux différente­s entités ausein de l’entreprise” Stéphane Schreurs, Cubewise France.

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