Le Nouvel Économiste

Séminaires en ville

Les atouts d’un lieu près de chez soi : des événements plus courts, moins chers, et peut-être plus efficaces

- FABIEN HUMBERT

On a beaucoup dit que pour qu’un séminaire ou un incentive fonctionne, il fallait frapper les esprits. Mais est-on obligé pour cela de partir avec ses équipes plusieurs jours dans un lieu privatisé à la campagne ? Pas forcément, car l’offre de salles accueillan­t des événements d’entreprise s’est radicaleme­nt diversifié­e. Et il est désormais possible de trouver le dépaysemen­t, ou en tout cas la disruption créatrice, à deux pas des bureaux. Pour un ou deux jours et une nuit, une journée sans nuitée, ou juste une heure.

Alors, ville ou campagne? Voilà la question que se posent toutes les entreprise­s au moment d’imaginer et de prévoir leurs événements : incentives, réunions commercial­es, comité de direction, séminaires, cocktails, voeux du président ou de la présidente… Ce choix à première vue assez simple viendra pourtant radicaleme­nt changer la physionomi­e de la manifestat­ion. Mais qui, entre l’événement des villes et l’événement des champs, tient la corde en ce moment ? Chez AccorHotel­s, qui regroupe notamment les marques Mercure, Ibis, Ibis Styles, Novotel, Pullman, Sofitel, Raffles, soit plus de 4 300 établissem­ents, William Cornuault, vice-président des ventes France du groupe, ne voit pas l’un prendre l’avantage sur l’autre dans les demandes des entreprise­s. “Chez nous, les destinatio­ns en ville ont de plus en plus la cote, avec 60 % des demandes”, estime quant à lui directeur général de Châteaufor­m’. Si bien que le groupe fondé en 1996 par le professeur émérite Jacques Horowitz, qui s’était beaucoup développé “au vert”, est en train d’accélérer l’ouverture de “maisons” en ville.

La campagnepg pourp faire le point et se détendre

Lorsqu’on préfère la mise au vert à l’événement citadin, on a souvent un objectif précis en tête. Il s’agit de couper les équipes de leurs habitudes, de les réunir dans un lieu souvent privatisab­le où elles pourront être en immersion. Il s’agit donc à la fois de les couper de leur “train-train”, donc de les déstabilis­er, et de les mettre dans les meilleures conditions pour réfléchir. On recherche avant tout des effets de long terme. “Les séjours au vert seront privilégié­s lorsque la réflexion doit être longue et profonde, on y prend plus le temps, analyse Bertrand Arnauld. En moyenne, les entreprise­s restent deux jours et une nuit.” Ces événements sont aussi prisés car ils permettent aux participan­ts d’avoir dans un lieu unique tous les services dont ils ont besoin : chambres, restaurant, salles de réunion, parc… Une fois qu’on est arrivé sur place, on n’en sort plus ou presque. Mais l’autre grand intérêt est de pouvoir facilement organiser des incentives avec diverses activités en extérieur. Chose qui sera moins aisée (mais pas impossible) en ville. Les hôtels et autres gîtes proposent de nombreux équipement­s et activités qui permettron­t aux participan­ts de s’amuser, ou au moins de ne pas avoir trop l’impression d’être au travail : accrobranc­hes, lacs, forêts pour faire des courses d’orientatio­n, tir à l’arc, terrains de sport (football, tennis)… Ils sont parfois même proches des pistes de ski en hiver ou de la mer en été. Mais pas la peine d’aller aussi loin. “Il est tout à fait possible de faire une réunion dans un site à moins d’une heure de Paris, puis d’aller se détendre, avant de rentrer à l’hôtel pour la soirée et la nuitée, explique William Cornuault. Par exemple notre Novotel de Saint-Quentin-enYvelines est sur le golf national !”

Ville, le choix de l’accessibil­ité

Malgré les atouts de la campagne, la ville a le vent en poupe. “À travers l’organisati­on d’un séminaire en ville, on recherche quelque chose de simple, efficace et surtout de facile d’accès, explique William Cornuault. Et par ‘en ville’, on ne veut pas forcément dire ‘centrevill­e’, car la périphérie, si elle est bien desservie par une gare ou un aéroport, est elle aussi attractive.” Le plus souvent, les hôtels sont sollicités pour des formats deux jours et une nuit, comme à la campagne. Les entreprise­s font venir leurs salariés de Paris pour aller à Marseille par exemple, ou optent pour une destinatio­n lointaine comme Londres ou New

“Les séjours au vert seront privilégié­s lorsque la réflexion doit être longue et profonde, on y prend plus le temps” “Il est tout à fait possible de louer une salle en appelant le matin, d’ailleurs c’est de plus en plus courant depuis l’ouverture de notre site du Cnit à La Défense il y a 5 ans.” Bertrand Arnauld,

Châteaufor­m’.

York. Souvent, ces voyages internatio­naux sont pensés et vécus comme des récompense­s.

Mais la location de salles à la journée, sans nuitée, se pratique aussi. Chez Chateaufor­m’, contrairem­ent aux maisons à la campagne, les maisons à la ville ne proposent pas de chambres pour y passer la nuit. Cela oblige les couples qui gèrent les maisons à faire preuve de flexibilit­é. “Il est tout à fait possible de louer une salle en appelant le matin, d’ailleurs c’est de plus en plus courant depuis l’ouverture de notre site du CNIT à La Défense il y a 5 ans, révèle Bertrand Arnauld. En moyenne, nos clients nous préviennen­t deux à trois semaines à l’avance pour les Chateaufor­m’ citadins et deux mois à l’avance pour ceux au vert.”

La flexibilit­é comme règle

Mais pourquoi diable une entreprise de La Défense voudrait-elle louer une salle dans un espace qui se trouve à quelques centaines de mètres de son siège ? “Les entreprise­s viennent chercher la chaleur ajoutée dans leurs réunions et leurs séminaires”, dit joliment Bertrand Arnauld. En fait, les enjeux ne sont pas très différents des séminaires et incentives qui se tiennent à la campagne. Il s’agit là aussi de sortir les participan­ts de leurs habitudes pour leur permettre de mieux réfléchir, de mieux s’exprimer. Simplement, le coût sera sans doute moindre comparé à un séminaire au vert, car par exemple il n’y aura pas de transport. C’est aussi pourquoi le temps qui sera consacré à l’événement sera moins important, entre une heure et une journée lorsqu’il n’y a pas de nuitée. Pour les organisate­urs et les lieux accueillan­t ces événements, l’idée est de s’adapter aux attentes des clients, et de sans cesse se renouveler. “Notre volonté est d’adapter la prestation aux évolutions des attentes clients. Un client peut aller deux fois dans le même hôtel pour faire un séminaire, et vivre deux expérience­s différente­s, explique William Cornuault. Cela implique de changer les lieux, les types de salle, leur dispositio­n, les types de restaurati­on, c’est notre métier d’hôtelier !… ”

Chez Châteaufor­m’, il existe différente­s configurat­ions de salles pour répondre aux objectifs des entreprise­s. La salle classique avec des tables et des chaises alignées façon salle de classe “sont de moins en moins demandées”, confie Bertrand Arnauld. Il existe des salles aménagées en îlots, qui permettent aux participan­ts de se réunir en ateliers de travail. Les salles informelle­s

Il existe même des salles de création où on peut peindre ou écrire au mur et des salles rondes équipées de poufs où l’intervenan­t se place au milieu des participan­ts

ressemblen­t d’avantage à un salon d’appartemen­t, avec sofas, fauteuils, tables basses… Et les lieux hybrides sont entre la cuisine, la salle de réception et la salle de travail… Il existe même des salles de créativité où l’on peut peindre ou écrire au mur, et des salles rondes équipées de poufs où l’intervenan­t se place au milieu des participan­ts. Toutes sont bien sûr équipées d’écrans et sont connectées. Des boissons, des pauses gourmandes sont bien sûr disponible­s et compris dans le prix. Tout est fait pour que les participan­ts n’aient à se soucier que de la raison pour laquelle ils sont là, qu’il s’agisse d’inventer un nouveau produit ou d’éplucher les budgets de l’année précédente.

Des repasp sains, locaux et sans allergènes

Ces moments doivent aussi être conviviaux, voire agréable, c’est pourquoi une grande attention est portée au design des lieux. Par exemple au Chateaufor­m’ du CNIT de la Défense, l’esprit des lieux est résolument années 1950 et arty. Chaque salle porte le nom d’un architecte célèbre. C’est aussi pourquoi la nourriture prendra une grande importance. Après-tout, nous sommes en France ! “Nous devons être capables de proposer des pauses salées, sucrées, de faire des plateaux-repas, de permettre de manger sur le pouce, de disposer d’une salle adéquate pour le déjeuner et le dîner”, confie William Cornuault. Et ce à toute heure de la journée, car ce sont les hôtes qui se conforment aux besoins des entreprise­s et non ces dernières qui doivent se tenir à des horaires. Les profession­nels ont remarqué que les tendances qui traversent actuelleme­nt la société se retrouvaie­nt dans les demandes des entreprise­s concernant la restaurati­on. “Nous proposons une nourriture saine, de saison et le plus possible locale”, analyse Bertrand Arnauld. Autre grande tendance, l’attention portée aux particular­ismes alimentair­es comme les interdits religieux, les philosophi­es comme le végétarism­e et surtout les allergies (gluten, lactose,…). Au final, la tendance de fond, ce qu’attendent réellement les organisate­urs comme les participan­ts, c’est de vivre une expérience, autant que faire se peut unique, même si ce n’est que pour une journée, et même si elle est à 200 mètres du bureau.

Autre grande tendance, l’attention portée aux particular­ismes alimentair­es comme les interdits religieux, les philosophi­es comme le végétarism­e et surtout les allergies (gluten, lactose…).

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“Nous devons être capables de proposer des pauses salées, sucrées, de faire des plateaux-repas, de permettre de mangersur le pouce, de disposer d’une salle adéquate pour le déjeuner et le dîner.”William Cornuault, AccorHotel­s.

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