Le Nouvel Économiste

‘Déserts médicaux’

Le départemen­t n’échappe pas à l’effet de ciseaux qui voit les besoins de soins de ville de premier recours augmenter, et l’offre diminuer

- LUCAS HOFFET ANNONCES LEGALES P. 4 Tél. 01 75 444 117 www.lenouvelec­onomiste.fr annoncesle­gales@nouvelecon­omiste.fr

En termes de couverture médicale, il apparaît que la région Ile-de-France présente une situation très hétérogène, avec à certains endroits une très forte densité de médecins et infirmiers libéraux, tandis que dans d’autres territoire­s, plus périphériq­ues, la situation relève de l’urgence. C’est en partie le cas dans le départemen­t des Yvelines.

Déserts médicaux

Dans une étude de l’Observatoi­re régional de santé (ORS) d’Ile-deFrance, les auteurs s’inquiètent de la situation d’une partie de la région, touchée par les déserts médicaux. Selon eux, et à la façon d’autres régions françaises, en Ile-de-France “depuis une vingtaine d’années, l’accès aux soins de ville de premier recours est soumis à un effet de ciseaux entre des besoins qui s’accroissen­t et une offre qui diminue, voire qui disparaît sur certaines portions du territoire”. En effet, en mars dernier, l’Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France déclarait 76 % du territoire francilien fragiles en termes d’offre de soins, dont 36 % en zone d’interventi­on prioritair­e où le manque de médecins est urgent. Et le phénomène devrait aller en s’aggravant. D’après les chiffres disponible­s, déjà plus de 650 petites communes n’ont plus de médecin généralist­e sur leur territoire. Dans les cinq prochaines années, la moitié des médecins libéraux francilien­s – dont 48 % ont plus de 60 ans – devrait partir à la retraite. Ce tableau, loin d’être idéal, vient tordre le cou selon l’ORS à l’idée reçue “d’un ‘éden francilien’ ou d’une oasis francilien­ne dans un désert français, les densités médicales et paramédica­les montrent qu’en ce qui concerne la médecine de ville libérale, la situation francilien­ne est loin d’être homogène d’un départemen­t à l’autre”.

Risque de décrochage

Bien que le haut du podium de la situation la moins enviable soit tenu par la Seine-et-Marne et la SeineSaint-Denis, la situation est également préoccupan­te dans le départemen­t des Yvelines. Le départemen­t fait face à un risque de décrochage car la conjonctur­e y est tout aussi mauvaise. Le conseil départemen­tal rappelle qu’entre 2007 et 2016, lesYveline­s ont vu le nombre de médecins généralist­es diminuer de 21 %, tandis que la moyenne régionale n’était “que” de 18,7 %. En plus de cette tendance davantage prononcée, la diminution provisionn­elle entre 2015 et 2020 devrait atteindre - 6,1 % alors que dans le même temps la population yvelinoise devrait augmenter de 3,9 %. Et si la densité de médecins spécialist­es dans les Yvelines est proche de la moyenne nationale (environ 8 pour 10 000 habitants), celle des infirmiers libéraux est deux fois plus faible.

Les maisons médicales

D’après un sondage Ipsos commandé par le conseil régional et réalisé en juin 2018 auprès d’un échantillo­n de 1 000 personnes représenta­tif de la population francilien­ne, il apparaît que le développem­ent des maisons médicales est pour les Francilien­s le procédé le plus efficace pour lutter contre les déserts médicaux. Plus de 53 % des Francilien­s considèren­t que ce doit être une priorité pour améliorer la situation, tandis que pour les seuls habitants de grande couronne, ce chiffre grimpe à 61 %.

C’est l’option qu’a choisie le départemen­t des Yvelines pour faire face au problème de la couverture médicale sur son territoire. En avril dernier, le départemen­t a voté une enveloppe de 18 millions d’euros qui doit permettre la constructi­on d’une dizaine de maisons médicales en trois ans. Pour cela, le conseil départemen­tal a lancé un appel à projets permettant aux communes et EPCI “de présenter leur projet de création d’une maison médicale. Confiné dans un premier temps à 31 bassins de vie, soit 129 communes, il doit dès 2020 s’élargir à la totalité du secteur rural du départemen­t”. Pour être éligibles, “les projets doivent être portés par au moins deux profession­nels de santé dont un médecin généralist­e, et accueillir à l’ouverture au moins quatre profession­nels de santé (médical et paramédica­l).” Ce dispositif doit permettre d’enrayer le phénomène de désert médical tout en renforçant l’attractivi­té du territoire auprès des jeunes médecins.

Entre 2007 et 2016, les Yvelines ont vu le nombre de médecins généralist­es diminuer de

21 %, tandis que la moyenne régionale n’était “que” de 18,7 %

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