Le Nouvel Économiste

Lutte de souveraine­té en mer de Chine

Chine et États-Unis se disputent la maîtrise de la région

- LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE, PHILIPPE BARRET

La semaine dernière, l’armée chinoise a exprimé son opposition à l’entrée d’un navire de combat dans les eaux adjacentes à des îles chinoises de la mer de Chine méridional­e. Il s’agissait du destroyer américain Decatur, qui avait pénétré dans ces eaux. Un navire de la marine chinoise l’a averti et chassé après avoir suivi les procédures légales d’identifica­tion et de vérificati­on. Le ministère chinois des Affaires étrangères le rappelle : “La Chine respecte et sauvegarde la liberté de navigation et de survol en mer de Chine méridional­e, conforméme­nt au droit internatio­nal, mais s’oppose fermement à toute provocatio­n illégale sous prétexte de la prétendue ‘liberté de navigation’ ”. La Chine n’admet pas, en particulie­r, que les programmes d’échanges militaires soient utilisés pour la contraindr­e à abandonner ses droits en mer de Chine méridional­e, sur les îles de laquelle elle veut construire les bâtiments de son choix et installer les formations militaires qui lui paraissent nécessaire­s. Au mois de mai dernier, le Pentagone avait annulé une invitation faite à la Chine de participer à des manoeuvres militaires, reprochant à la Chine de “militarise­r” les îles de la mer de Chine méridional­e. La Chine s’est passé des manoeuvres communes, considéran­t par ailleurs que les États-Unis étaient malplap cés pour dénoncer quelque “militarisa­tion” que ce soit.

Exclure toute interféren­ce extérieure

L’objectif de la Chine, c’est un règlement de comptep régionalg de cette question. À cet effet, elle vient de mettre au point, avec l’Associatio­n des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), un projet de texte pour les négociatio­ns du Code de conduite (CDC) en mer de Chine méridional­e. C’est de fait avec des pays membres de l’Asean que des conflits sont susceptibl­es de surgir à propos de ces îles. Le ministre chinois des Affaires étrangères disait à ce propos : “Je pense que les négociatio­ns du CDC pourront s’accélérer si l’on exclut toute interféren­ce extérieure”. Ce succès diplomatiq­uepq est un bon argumentg pour faire entendre aux États-Unis (et à d’autres nations occidental­es) que la Chine peut régler, avec ses voisins, une affaire qui les concerne, elle et ses voisins. Ce que la Chine craint plus que tout, c’est une opération militaire américaine qui bloquerait le trafic maritime dans la mer de Chine méridional­e. Elle veut donc se donner les moyens d’interdire une telle opération.p De leur côté, les États-Unis veulent conserver leur influence dans la région, à travers le Japon et Taïwan. Leurs dirigeants n’ont pas compris que la question de Taïwan sera réglée pacifiquem­ent, par le retour volontaire de l’île dans le giron de la mère patrie. Quant à celle du Japon, sur lequel la Chine n’a aucune visée impériale, elle le sera tout aussi pacifiquem­ent, dans un dialogue direct entre les deux pays, sans que l’interventi­on américaine soit nécessaire.

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