Finance solidaire et prospèrep.
En 2017, l’encours de la finance solidaire a dépassé les 11 milliards d’euros. Quelques clés du succès de ce mode d’investissement sûr et socialement utile.
Les modes d’investissement alternatifs entendent redonner du sens à l’argent dans un contexte où la finance est de plus en plus perçue comme immorale, et surtout déconnectée des besoins de l’économie réelle. Dès lors, la question se pose de savoir comment la réorienter vers l’économie réelle. La finance solidaire, visant à investir dans le tissu des entreprises et des associations, repose sur une épargne placée sur des produits financiers solidaires. Celle-ci, destinée à des porteurs de projets développant des activités à forte utilité sociale et environnementale, permet donc de créer des emplois et de concrétiser des projets en même temps que de répondre à des enjeux sociétaux. La finance solidaire permet d’irriguer de belle manière la vaste étendue des associations et entreprises à forte utilité sociale et/ou environnementale.” C’est ainsi que sont résumés les buts de la finance solidaire par Finansol. Selon l’association, l’encours total de 9,8 milliards d’euros, enregistré en 2016, a permis de générer 280 millions d’euros de financement solidaire pour appuyer la multitude d’associations et d’entreprises utiles à la collectivité. “Ces sommes ont par exemple permis de créer ou de consolider 45 000 emplois, de loger 3700 personnes à faibles ressources, d’approvisionner en électricité renouvelable 36 000 foyers et de soutenir plus de 80 acteurs du développement économique dans les pays en développement”, explique Sophie des Mazery, directrice de Finansol.
C’est à travers la finance solidaire, ensemble de fonds irrigués par l’épargne d’acteurs particuliers ou institutionnels prêts à investir leur argent de manière alternative, que se développe l’économie sociale et solidaire (ESS). Celle-ci est un secteur de plus en plus important de l’économie réelle car sa particularité – qui est de mettre l’individu au centre du cycle de production, de partager la valeur créée avec les salariés et les partenaires, et de mettre en place une gouvernance participative – est de plus en plus perçue comme essentielle à la société. L’ESS s’exerce dans différents secteurs. “On trouve des entreprises solidaires dans le logement, avec par exemple Caritas Habitat, dans la technologie (Simplon.co), dans l’alimentation (Rebelle) ou dans le recyclage (Carton plein), mais aussi dans l’énergie (Enercoop) ou l’agriculture (L’atelier paysan)”, énumère Sophie des Mazery.
D’où l’importance de convaincre les investisseurs de la nécessité d’intégrer une vision de long terme dans le choix de leurs produits d’épargne et de prendre en compte l’utilité sociale qui transcende le seul aspect financier. “Il s’agit donc de développer la finance utile et l’investissement socialement responsable (ISR) qui intègre l’analyse extra-financière des critères dits ESG [environnementaux, sociaux et de gouvernance] des investissements”, explique François Lett, directeur de la ggestion éthique et solidaire d’Écofi Investissements.
Différentes ppossibilités de placement
Pour les épargnants sensibles aux enjeux sociaux et ayant un sens développé du collectif, différentes possibilités s’ouvrent pour répondre à leur volonté d’intégrer leur épargne dans le circuit de la finance solidaire. “Ils peuvent interroger leur banque pour connaître les produits d’épargne solidaire proposés, s’informer auprès d’autres banques si l’offre proposée n’est pas satisfaisante, ou encore privilégier les fonds solidaires au travers de leur entreprise et de l’épargne salariale, explique Lydie Crepet, responsable développement et ressources à la Fédération Habitat et Humanisme. Ils peuvent également aller directement frapper à la porte d’une entreprise solidaire dont le capital est ouvert, comme les foncières d’Habitat et Humanisme.” Concrètement, l’épargne solidaire est donc accessible à tous via la banque ou la mutuelle d’assurance (livrets d’épargne, assurance-vie, OPC, etc.), via l’entreprise dans le cadre de l’épargne salariale (PEE ou Perco), ou via les entreprises solidaires en souscrivant directement à leur capital. À titre d’exemple, la foncière Habitat et Humanisme ouvre son capital deux fois par an à des épargnants qui peuvent aussi devenir investisseurs solidaires. Les placements d’épargne solidaire se déclinent en une large gamme pour les épargnants recherchant la sécurité de leurs placements et la transparence de l’emploi de leur épargne, et qui sont aujourd’hui plus d’un million en France. “Chaque épargnant, en fonction de ses attentes financières (performance, disponibilité,…) et solidaires (accès à l’emploi et au logement pour des personnes en difficulté, activités écologiques, entrepreneuriat dans les pays en développement…) peut trouver, à partir de quelques euros par mois, le placement qui lui convient : livret bancaire, Sicav, FCP, actionnariat solidaire, assurance-vie, etc.”, éclaire encore Sophie des Mazery.
Des produits qui ont la cote
L’épargne solidaire fait en effet partie des produits qui séduisent les épargnants qui sont dans une démarche d’accomplissement d’un geste citoyen. Les derniers chiffres publiés par Finansol dans son 16e baromètre révèlent que l’épargne bancaire solidaire s’élevait en 2017 à 3,62 milliards d’euros, l’épargne salariale à 7,38 milliards d’euros et les actions non cotées solidaires à 548 millions d’euros. “Le véritable moteur de progression de l’encours de l’épargne solidaire est constitué par l’épargne salariale solidaire, qui ne représentait que 1,5 milliard d’euros en 2010 mais dont la croissance actuelle est de plus d’un milliard par an”, explique François Lett. Le critère de la transparence est lui aussi très attractif ppour les épargnants. À la Nef, coopérative
C’est à travers la finance solidaire, ensemble de fonds irrigués par l’épargne d’acteurs particuliers ou institutionnels prêts à investir leur argent de manière alternative, que se développe l’économie sociale et solidaire (ESS)