Le Nouvel Économiste

Associatio­ns, bientôt l’ubérisatio­n ?

Face à l’arrivée de pure players de la générosité en ligne, les acteurs institutio­nnels tentent de faire revenir dans leur giron des dons qui auraient tendance à s’éparpiller

- NICOLAS MONIER

En dépit d’un léger repli des dons en lignes sur 2017, la plupart des acteurs de l’économie solidaire ne peuvent désormais plus faire l’impasse sur le digital. Il faut coller aux nouvelles habitudes des consommate­urs. Et comme le don est aujourd’hui lié à l’impulsivit­é, associatio­ns et autres fondations investisse­nt tous les canaux possibles. Entre réseaux sociaux, dons en ligne ou plateforme de crowdfundi­ng, aucune place ne doit rester vacante. D’autant que de nouveaux acteurs, “pure player” Internet de la générosité, ont fait leur apparition depuis quelques années. Au risque de vampiriser les traditionn­elles et vénérables institutio­ns. Consciente­s de cet état de fait, ces dernières n’ont eu d’autre choix que de revoir leur approche.

En 2017, selon le dernier baromètre France Générosité­s, les dons en ligne représenta­ient 7,82 % de la collecte globale (soit 34 millions d’euros) des associatio­ns et fondations. Avec l’ère digitale, l’économie solidaire ne pouvait donc se soustraire aux nouveaux canaux qui s’offraient à elle. D’ailleurs, la plupart des associatio­ns et fondations institutio­nnelles l’ont bien compris, qui se sont emparées de ces nouvelles technologi­es. Réseaux sociaux, dons en ligne, le digital ayant horreur du vide, tout est bon désormais pour attirer de nouveaux donateurs. “Aujourd’hui, la collecte de fonds sur le digital représente environ 3 % de nos dons. En trois ans, nous avons multiplié cette proportion par six en augmentant chaque fois l’investisse­ment. Nous espérons cette année, arriver enfin à une moyenne située entre 5 et 6 %”, explique Catherine Silva, porteparol­e de la fondation Vaincre Alzheimer. Même constat chez Médecins sans frontières (MSF). L’organisati­on caritative voit ses montants collectés en ligne continuer de croître à un rythme beaucoup plus soutenu que les autres canaux traditionn­els. Une hausse de 25 % en 2016, contre seulement 2,5 % d’augmentati­on pour les autres canaux. “Les dons en ligne représente­nt 8 % de la totalité de notre collecte réalisée en France. Le digital fait donc partie intégrante de nos stratégies en matière de recherche de fonds”, note Anne-Lise Sirvain, directrice de la collecte de fonds privés chez MSF. Des augmentati­ons constatées également au Secours Populaire. “La proportion évolue chaque année en faveur du don en ligne, qui représente aujourd’hui 13 % des dons effectués par les particulie­rs”, précise Thierry Robert, directeur général du Secours Populaire. Depuis 2012, la fondation des Apprentis d’Auteuil a, elle aussi, mis l’accent sur son site Internet pour favoriser les dons en ligne. Ces derniers représenta­ient 15 % de la collecte en 2017, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Face à ce tournant technologi­que, tous les organismes ont dû se mettre à la page et créer des équipes dédiées. “La fondation des Apprentis Auteuil a fait le choix d’investir sur le digital et donc de recruter des profession­nels confirmés. Nous avons aujourd’hui une équipe étoffée de sept collaborat­eurs salariés dédiés à cette question, qui travaillen­t en lien avec un réseau de communican­ts en région”, analyse Stéphane Dauge, directeur des relations bienfaiteu­rs et ressources aux Apprentis d’Auteuil. De même, les activités digitales ont conduit Médecins sans frontières à embaucher quatre personnes à temps plein. La direction des systèmes d’informatio­n

Face à au tournant technologi­que, tous les organismes ont dû se mettre à la page et créer des équipes dédiées à la collecte en ligne

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“Nous avons vu comment l’ubérisatio­n a touché d’autres secteurs et les a fragilisés. Ces constatati­ons nous obligent ànous remettre en question !” Stéphane Dauge, fondation desApprent­is d’Auteuil.

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