Associations, bientôt l’ubérisation ?
Face à l’arrivée de pure players de la générosité en ligne, les acteurs institutionnels tentent de faire revenir dans leur giron des dons qui auraient tendance à s’éparpiller
En dépit d’un léger repli des dons en lignes sur 2017, la plupart des acteurs de l’économie solidaire ne peuvent désormais plus faire l’impasse sur le digital. Il faut coller aux nouvelles habitudes des consommateurs. Et comme le don est aujourd’hui lié à l’impulsivité, associations et autres fondations investissent tous les canaux possibles. Entre réseaux sociaux, dons en ligne ou plateforme de crowdfunding, aucune place ne doit rester vacante. D’autant que de nouveaux acteurs, “pure player” Internet de la générosité, ont fait leur apparition depuis quelques années. Au risque de vampiriser les traditionnelles et vénérables institutions. Conscientes de cet état de fait, ces dernières n’ont eu d’autre choix que de revoir leur approche.
En 2017, selon le dernier baromètre France Générosités, les dons en ligne représentaient 7,82 % de la collecte globale (soit 34 millions d’euros) des associations et fondations. Avec l’ère digitale, l’économie solidaire ne pouvait donc se soustraire aux nouveaux canaux qui s’offraient à elle. D’ailleurs, la plupart des associations et fondations institutionnelles l’ont bien compris, qui se sont emparées de ces nouvelles technologies. Réseaux sociaux, dons en ligne, le digital ayant horreur du vide, tout est bon désormais pour attirer de nouveaux donateurs. “Aujourd’hui, la collecte de fonds sur le digital représente environ 3 % de nos dons. En trois ans, nous avons multiplié cette proportion par six en augmentant chaque fois l’investissement. Nous espérons cette année, arriver enfin à une moyenne située entre 5 et 6 %”, explique Catherine Silva, porteparole de la fondation Vaincre Alzheimer. Même constat chez Médecins sans frontières (MSF). L’organisation caritative voit ses montants collectés en ligne continuer de croître à un rythme beaucoup plus soutenu que les autres canaux traditionnels. Une hausse de 25 % en 2016, contre seulement 2,5 % d’augmentation pour les autres canaux. “Les dons en ligne représentent 8 % de la totalité de notre collecte réalisée en France. Le digital fait donc partie intégrante de nos stratégies en matière de recherche de fonds”, note Anne-Lise Sirvain, directrice de la collecte de fonds privés chez MSF. Des augmentations constatées également au Secours Populaire. “La proportion évolue chaque année en faveur du don en ligne, qui représente aujourd’hui 13 % des dons effectués par les particuliers”, précise Thierry Robert, directeur général du Secours Populaire. Depuis 2012, la fondation des Apprentis d’Auteuil a, elle aussi, mis l’accent sur son site Internet pour favoriser les dons en ligne. Ces derniers représentaient 15 % de la collecte en 2017, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Face à ce tournant technologique, tous les organismes ont dû se mettre à la page et créer des équipes dédiées. “La fondation des Apprentis Auteuil a fait le choix d’investir sur le digital et donc de recruter des professionnels confirmés. Nous avons aujourd’hui une équipe étoffée de sept collaborateurs salariés dédiés à cette question, qui travaillent en lien avec un réseau de communicants en région”, analyse Stéphane Dauge, directeur des relations bienfaiteurs et ressources aux Apprentis d’Auteuil. De même, les activités digitales ont conduit Médecins sans frontières à embaucher quatre personnes à temps plein. La direction des systèmes d’information
Face à au tournant technologique, tous les organismes ont dû se mettre à la page et créer des équipes dédiées à la collecte en ligne