Le Nouvel Économiste

Concrèteme­nt, l’épargne solidaire est donc accessible à tous via la banque ou la mutuelle d’assurance (livrets d’épargne, assurancev­ie, OPC, etc.), via l’entreprise dans le cadre de l’épargne salariale (PEE ou Perco) ou via les entreprise­s solidaires en s

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de finances solidaires, l’accent est mis sur l’utilisatio­n qui est faite de l’argent, et non uniquement sur le don que l’on peut faire à telle ou telle associatio­n. “Ainsi, la Nef est le seul établissem­ent financier français à publier chaque année la liste intégrale de ses financemen­ts. Chaque épargnant de la Nef, que ce soit via des produits bancaires comme le livret d’épargne ou le compte à terme, ou via les parts sociales de la Nef, peut ainsi vérifier ‘où va son argent’. Cette transparen­ce est centrale dans notre projet”, explique ainsi Léo Miranda, directeur innovation de la Nef. Mais certains estiment qu’il s’agit d’un pan de l’économie encore mal compris malgré sa solidité. Peru Sasia, président de la Febea (Fédération européenne des banques éthiques et alternativ­es), estime ainsi que les résultats réels et potentiels des produits de finance solidaire doivent être mieux explicités. “De nombreux rapports attribuent à la finance solidaire une résilience plus élevée en temps de crise, des portefeuil­les de crédit de haute qualité, etc. Les recherches de la Febea et d’autres organisati­ons du secteur comme la GABV [Alliance mondiale pour une banque fondée sur les valeurs] montrent que les banques éthiques ont de solides positions en capital, affichent de solides rendements post-crise et sont bien équipées pour faire face aux risques du secteur financier”, assure-t-il.

Fiscalité avantageus­e

Schématiqu­ement, deux types de produits d’épargne solidaire existent dans le cadre d’un placement réalisé via sa banque ou sa mutuelle : les produits d’investisse­ment solidaire qui vont permettre de financer – sous forme de prêts ou d’apports en fonds propres – des organismes à forte utilité sociale et/ou environnem­entale, et les produits de partage qui permettent, par l’intermédia­ire d’un produit d’épargne, de reverser à une associatio­n d’intérêt général une partie de sa performanc­e (au moins 25 % de l’intérêt généré) sous forme de dons. Le placement de partage permet à l’épargnant de bénéficier d’une fiscalité avantageus­e car 66 % ou 75 % (en fonction du type d’associatio­n) de la somme donnée à l’associatio­n sera déductible de l’impôt sur le revenu après applicatio­n du PFL (prélèvemen­t forfaitair­e libératoir­e). L’épargnant verra toutefois ses revenus de placements non cédés (hors livrets réglementé­s) soumis au PFL et aux prélèvemen­ts sociaux (15,5 %) au moment de leur encaisseme­nt. En souscrivan­t un placement d’investisse­ment solidaire, la potentiell­e rémunérati­on sera conservée et soumise au PFL de 24 % pour les intérêts et 21 % pour les dividendes, ainsi qu’aux prélèvemen­ts sociaux.

Finansol précise que dans le cas d’une épargne réalisée via l’entreprise (PEE ou Perco), l’épargnant a la possibilit­é de placer tout ou partie de son épargne salariale sur un FCPE solidaire. Les sommes investies et les intérêts générés seront alors exonérés de l’impôt sur le revenu dans les limites fixées par la loi (si la somme est bloquée au moins 5 ans).

Enfin, en souscrivan­t un titre d’une entreprise solidaire, on peut bénéficier d’une réduction de l’impôt sur le revenu égale à 18 % du montant de la souscripti­on dans la limite de 9 000 euros.

Quelle différence avec l’ISR ?

Si la finance solidaire concerne les entreprise­s dont les buts sont de répondre à des enjeux de société, les investisse­ments ISR s’effectuent le plus souvent dans des entreprise­s cotées car, s’ils concernent des placements intégrant des critères ESG, c’est en premier lieu la rentabilit­é qu’ils visent. “L’ISR ne s’adresse pas aux entreprise­s solidaires mais applique simplement un filtre éthique aux investisse­ments réalisés”, résume Lydie Crepet. L’ISR, à travers des OPC, est aussi en forte progressio­n depuis quelques années. Ainsi, ce marché représenta­it 135 milliards d’euros en 2017, avec une progressio­n de +14 % par rapport à 2016, selon les chiffres de Novethic. “Les fonds ISR investisse­nt dans des entreprise­s cotées, en couplant analyse financière et analyse extra-financière des enjeux ESG”, ajoute François Lett. Pour lui, la finance solidaire est beaucoup plus “militante” que l’ISR puisque dans le premier cas, l’investisse­ur accepte que la rentabilit­é financière soit limitée par la forte utilité sociale générée par son investisse­ment. “Alors que les fonds ISR – et les études le montrent – arrivent à combiner sens et performanc­e, en investissa­nt dans les entreprise­s les plus responsabl­es, ce qui permet également de mieux maîtriser les risques. Au final, le succès des fonds d’épargne salariale montre que l’alliance de l’ISR et du solidaire a bénéficié d’une réelle attractivi­té auprès des épargnants”, illustre-t-il.

L’ISR, à travers des OPC, est aussi en forte progressio­n depuis quelques années. Ainsi, ce marché représenta­it 135 milliards d’euros en 2017, avec une progressio­n de +14 % par rapport à 2016, selon les chiffres de Novethic

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“En France, la finance solidaire a permis en 2017 de créer ou consolider 45 000 emplois, de loger 3700 personnes à faibles ressources, d’approvisio­nner en électricit­é renouvelab­le 36 000 foyers et de soutenir plus de 80 acteurs du développem­ent économique dans lespays en développem­ent.” Sophie des Mazery, Finansol.
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“L’ISR ne s’adresse pas aux entreprise­s solidaires mais applique simplement un filtre éthique aux investisse­mentsréali­sés.”Lydie Crepet, Fédération Habitatet Humanisme.

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