Le Nouvel Économiste

Fiscalemen­t parlant, opérer à l’étranger comme salarié français présente des avantages, pour peu qu’on en connaisse les rouages

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destinatio­n (des accords bilatéraux peuvent exister notamment entre les différents systèmes de protection sociale). Didaxis, société de portage salarial, mise sur le développem­ent à venir des contrats internatio­naux, et réalise près de 30 % de son chiffre d’affaires sur ce créneau. “Pour nous, c’est un sujet crucial et un levier de croissance économique pour les entreprise­s françaises. En France, 165 000 sociétés sont exportatri­ces, cela crée des opportunit­és !”, détaille Guillaume Cairou, le président de ce groupe qui a également racheté la plateforme de services pour indépendan­ts Hiworkers.

De plus, “l’internatio­nal, dans les secteurs de la constructi­on automobile, du oil & gaz ou de la compliance, crée des opportunit­és pour des profils seniors souvent délaissés en France en raison de la désindustr­ialisation”, ajoute ce dernier. Les profils seniors deviennent un vivier privilégié pour les prestation­s internatio­nales, chez Didaxis comme pour d’autres. Ses clients technicien­s ou ingénieurs détachés sur les sites de production de marques françaises hors des frontières suivent par exemple le développem­ent de marchés émergents en tant qu’experts.

Travailler avec l’étranger ne s’improvise pas et mérite un accompagne­ment. Les sociétés de portage l’ont compris et développen­t du conseil ciblé. Le terme d’umbrella company – société parapluie –, l’équivalent britanniqu­e du portage salarial, est d’ailleurs à l’image de cette fonction. “Face à un client étranger, vaut-il mieux libeller un contrat en euros pour éviter les fluctuatio­ns des cours si la collaborat­ion dure dans le temps ? Est-il préférable de demander à son client une avance (en général équivalent à un mois de prestation). Ce sont les questions que nos clients doivent se poser”, et dans lesquelles Daniel Pardo de Flexientre­preneur les accompagne. Certaines sociétés proposeron­t aussi la rédaction des contrats dans la langue du client final ou du consultant.

Optimisati­on du salaire

Du côté du porté, fiscalemen­t parlant, opérer à l’étranger comme salarié français présente des avantages, pour peu qu’on en connaisse les rouages. “Il est possible d’optimiser sa rémunérati­on nette grâce à l’indemnité de grand déplacemen­t définie par l’Urssaf. Elle peut atteindre 300 euros/jour. On peut ainsi atteindre un salaire net à 65 % de la facturatio­n”, explique Guillaume Cairou dont les clients, de nombreux seniors, peuvent cumuler des missions courtes avec une allocation-chômage ou la retraite. Cette indemnité est prévue lorsqu’un salarié ne peut rejoindre chaque jour son domicile. En présentant des factures ou en optant pour une indemnisat­ion forfaitair­e, les remboursem­ents de frais de repas et d’hébergemen­t exposés par les salariés à l’étranger ou en outremer sont exclus de l’assiette des cotisation­s, sans limite de montant, à concurrenc­e du montant des dépenses justifié par la production de factures.

Frais variables

Il faut compter entre 3 et 12 % de frais de gestion pour être accompagné par une société de portage salarial, en France ou à l’étranger. Certaines pratiquent la dégressivi­té de leurs tarifs avec l’augmentati­on du montant de facturatio­n. La couverture assurantie­lle (transport, vol…) peut être prévue par la société de portage, tandis que la complément­aire santé est une obligation légale. Ces protection­s peuvent faire osciller la part des frais. Tout comme la participat­ion à la prévoyance pour les cadres. Si une convention collective régit aujourd’hui le portage salarial, le taux des frais de gestion n’y est pas fixé. De même, les dispositio­ns pour le portage salarial internatio­nal restent à définir plus particuliè­rement. “Le portage salarial internatio­nal n’a pas besoin de règles différente­s du portage salarial en France. Cependant, la société prendra des dispositio­ns qui seront invisibles pour son client porté, explique Guillaume Cairou. Nous nous chargeons simplement de déclarer nos salariés en détachemen­t aux autorités locales pour éviter tout redresseme­nt fiscal dans le pays de mission.”

S’il reste quelques zones floues induites par cette nouvelle forme d’emploi, les acteurs du secteur se mobilisent pour une normalisat­ion de la branche. La Fédération des entreprise­s de portage salarial assure la présidence d’une commission stratégiqu­e qui planchera prochainem­ent sur la norme de qualité (lire l’encadré), attendue dans les deux ans.

Si une convention collective régit aujourd’hui le portage salarial, le taux des frais de gestion n’y est pas fixé. De même, les dispositio­ns pour le portage salarial internatio­nal restent à définir plus particuliè­rement.

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“C’est la possibilit­é d’agir tout de suite, sans devoir recruter un directeur financier, un responsabl­e des ressources humaines ou un comptable en cas d’implantati­on à l’étranger.” Daniel Pardo,Flexientre­preneur.
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“Il est possible d’optimiser sa rémunérati­on nette grâce à l’indemnité de granddépla­cement définie par l’Urssaf. On peut ainsi atteindre un salaire net à 65 % de la facturatio­n.” Guillaume Cairou,Didaxis.

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