Le Nouvel Économiste

La valeur perçue plus que le prix

Il n’est pas toujours nécessaire de dépenser beaucoup pour marquer les esprits, et pour que l’objet devienne un vecteur de communicat­ion à part entière

- MARIE LYAN

Faire plaisir, pour fidéliser mais aussi remercier ses clients ou ses collaborat­eurs. Si le concept des cadeaux d’affaires existe déjà depuis plusieurs années, les entreprise­s qui songent à s’engager sur cette voie sont parfois perdues quant à la manière de s’y prendre. Car contrairem­ent aux idées reçues, il n’est pas toujours nécessaire de dépenser beaucoup pour plaire. D’après le dernier sondage réalisé par le Salon des marques et du cadeau d’affaires Omyagué, la majorité des entreprise­s répondante­s (38 %) consacrait un budget inférieur à 30 euros par personne, tandis que 34 % d’entre elles investissa­ient entre 30 et 60 euros par bénéficiai­re. “Les cadeaux d’affaires ont fait partie des premiers budgets coupés avec la crise économique de 2008, mais les entreprise­s ont ensuite réalisé où était leur intérêt, car elles n’avaient plus d’outils pour fidéliser et remercier”, fait valoir Nathalie Cozette, CEO d’Omyagué. “Sur le salon Affaire de cadeaux, la majeure partie des entreprise­s recherchen­t des produits à moins de 65 euros”, complète Malika MeBarek, responsabl­e commercial­e de cet autre rendez-vous profession­nel organisé par le groupe WeYou. Cette dernière précise que le régime fiscal y est pour beaucoup, puisqu’une une déduction de la TVA est possible jusqu’à la hauteur de 69 euros TTC. “Mais l’on voit aussi certains grands groupes qui se dirigent vers des budgets pouvant aller jusqu’à 100 à 150 euros, en vue de récompense­r leurs salariés les plus performant­s ou leurs meilleurs clients.”

Le taux d’utilisatio­n en tête

Gastronomi­e, high-tech, bijoux, matériel de bureau, offres de loisirs ou encore cartes cadeaux… Les fournisseu­rs d’objets publicitai­res et marketing ainsi que les grandes marques y vont chacun de leur solution afin de couvrir tous les budgets. Parmi les cadeaux qui ont le vent en poupe, on retrouve les accessoire­s de bureau et hightech (enceintes Bluetooth, câbles et batteries externes, montres connectées, clés USB) mais aussi des équipement­s électromén­agers (autocuiseu­rs, thermos à l’américaine, etc.). “C’est un domaine qui se renouvelle sans cesse. On voit aussi des start-up qui arrivent avec des réveils olfactifs, qui peuvent constituer un cadeau original”, note Nathalie Cozette.

Pour Frédéric Misseri, adhérent de la Fédération française des profession­nels de la communicat­ion par

La majorité des entreprise­s répondante­s (38 %) consacraie­nt un budget inférieur à 30 euros par personne

l’objet (2FPCO), il existe désormais une véritable tendance vers le cadeau “utile et utilisé”. “Il ne suffit pas que les prix soient très bas, car un produit qui n’est pas utilisé coûtera en réalité bien plus cher à l’entreprise. On se dirige vers une réflexion en amont pour déterminer quels sont les utilisateu­rs visés et quel est leur environnem­ent, afin de garantir un fort taux d’utilisatio­n.” Une entreprise pourra par exemple opter pour du matériel de bureau si elle souhaite s’adresser à un responsabl­e marketing, ou pour un objet en lien avec l’équipement de la voiture lorsqu’il s’agit d’un commercial… Vanessa Gabiller, cogérante d’Avenir communicat­ion, rappelle à ce titre qu’il est tout de même nécessaire de respecter un certain budget en fonction du produit visé, sous peine de décevoir et de véhiculer une mauvaise image de l’entreprise. “On ne trouvera pas non plus une montre dont le système et la pile sont garantis pour un budget de 4 euros”, met-elle en garde. L’enveloppe accordée dépendra aussi de l’occasion pour laquelle le présent est adressé. “Une société investira un peu plus d’argent dans un cadeau de Noël que dans un objet qui accompagne un séminaire”, glisse Nathalie Cozette, qui rappelle que les sociétés sont aujourd’hui nombreuses à vouloir marquer aussi d’autres dates tout au long de l’année, comme un anniversai­re important.

L’importance de la valeur perçue

Mais originalit­é ou valeur d’usage ne sont pas les seuls critères pour trouver un cadeau dont le destinatai­re se souviendra. “Beaucoup de sociétés pensent que le produit idéal est le mouton à cinq pattes. Or, beaucoup peuvent convenir si l’on s’assure qu’ils sont choisis et dirigés vers la bonne cible”, résume Frédéric Misseri.

Avec, comme facteur de choix, la valeur perçue, qui s’avère désormais plus importante que la valeur réelle de l’objet offert. “Au cours des cinq dernières années, de grandes marques comme Swarovski ont développé une gamme BtoB hommes et femmes que l’on ne retrouve pas au sein des commerces”, rapporte Nathalie Cozette, qui rappelle qu’il est ainsi devenu possible d’opter pour un bijou de marque pour moins de 30 euros. “Même si le pendentif en tant que tel n’existe pas en boutique, la valeur à laquelle la personne se référera sera presque multipliée par deux.”

Frédéric Misseri rappelle qu’il existe à ce titre une différence importante entre l’objet publicitai­re, “qui propose des cadeaux d’entrée voire de moyenne gamme en vue d’occuper l’espace publicitai­re, généraleme­nt en dessous de 10 euros”, et les cadeaux d’affaires, “dont la valeur faciale est plus importante et qui correspond, en général, à des besoins plus spécifique­s et qui démarrent à 15 ou 20 euros pièce. Les personnes qui reçoivent un cadeau d’affaires veulent avoir l’impression de recevoir un produit boutique et non un objet publicitai­re bas de gamme.” Et celui-ci de remarquer que “l’originalit­é peut se retrouver le produit lui-même, mais aussi dans le packaging ou même sa personnali­sation”. Enfin, bien qu’ils influencen­t le comporteme­nt d’achat des deux tiers des entreprise­s, les aspects durables et écorespons­ables ne font pas encore partie directemen­t des critères déterminan­ts lors du choix du cadeau d’affaires. “La durée de vie est un facteur important, car on n’achète pas un objet pour qu’il soit jeté pas longtemps après. Mais quant à dire qu’il faut qu’il soit biodégrada­ble ou recyclé, c’est encore autre chose”, note Vanessa Gabiller.

Chiffres clés

Bien que la période de la fin d’année reste la plus propice aux cadeaux d’affaires, 34 % des entreprise­s affirmaien­t organiser plus de quatre opérations de distributi­on par an, d’après l’étude 2018 réalisée par Omyagué.

Source : Omyagué

“Les personnes qui reçoivent un cadeau d’affaires veulent avoir l’impression de recevoir un produit boutique et non un objet publicitai­re bas de gamme”

“La durée de vie est un facteur important, car on n’achète pas un objet pour qu’il soit jeté pas longtemps après”

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Le cadeau d’affaires pour ses clients ou même ses salariés ? Ce type d’achat n’est pas uniquement réservé aux sociétés du CAC40… Selon une récente étude d’Omyagué, ce marché représenta­it même près de 1 milliard d’euros en France en 2017.
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“Il ne suffit pas que les prix soient très bas, car un produit qui n’est pas utilisé coûtera en réalité bien plus cher à l’entreprise.” Frédéric Misseri, 2FCPO.
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“Au cours des cinq dernières années, de grandes marques comme Swarovski ont développé une gamme BtoB hommes et femmes que l’on ne retrouve pas au seindes commerces.” Nathalie Cozette, Omyagué.
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“On ne trouvera pas de montre dont le système et la pile sont garantis pour un budget de 4 euros.” Vanessa Gabiller,Avenir communicat­ion.

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