Le Nouvel Économiste

Retour vers le futur

Le bras de fer pour la disparitio­n de la structure de la métropole du Grand Paris est engagé

- LUCAS HOFFET ANNONCES LEGALES P. 4 Tél. 01 75 444 117 www.lenouvelec­onomiste.fr annoncesle­gales@nouvelecon­omiste.fr

Le paradoxe est installé. Tandis que d’un côté, le principe du Grand Paris semble avoir été assimilé par la population, de l’autre, la récente structure de la métropole du Grand Paris n’a jamais semblé si acculée. Dans cet entre- deux, nombre d’acteurs appellent désormais à la suppressio­n de la structure de la métropole du Grand Paris, plutôt qu’un laisser-faire qui conduirait à un cannibalis­me institutio­nnel. L’attentisme d’Emmanuel Macron sur le sujet a permis aux ennemis de la métropole de se fédérer. Jusqu’à remporter la bataille ?

Le principe d’une nouvelle gouvernanc­e, et donc de la naissance de la Métropole du Grand Paris, est parti d’un constat et d’une évidence aussi claire qu’urgente : la région capitale devait se donner les moyens de ses ambitions pour faire face à la montée en puissance des métropoles mondiales. En 2016, la loi Maptam ( de modernisat­ion de l’action publique territor iale et d’affirmatio­n des métropoles) a donné naissance à la Métropole du Grand Paris (MGP), intercommu­nalité de 131 maires, établie sur un périmètre comprenant près de 7,5 millions d’habitants. Pourtant, après 35 mois, le peu de pouvoir et de ressources propres dont dispose la MGP ne lui permet plus de progresser en ce sens.

Impasse financière

Pire encore, alors que le président de la République avait promis pendant sa campagne – et encore peu après son élection – une simplifica­tion drastique du schéma institutio­nnel francilien, l’absence de réforme place les EPT ( Établissem­ents publics territoria­ux), les onze territoire­s (hors Paris) qui composent la Métropole, dans une situation financière délicate. En effet, en laissant au 1er janvier 2019 la loi NOTRe (nouvelle organisati­on territoria­le de la République) s’appliquer mécaniquem­ent, les territoire­s pourraient se voir retirer une partie de la dotation d’intercommu­nalités (DI). Réunis au sein de l’Alliance des territoire­s, les onze présidents des EPT dénoncent une amputation de leur budget de 55 millions d’euros, du fait du transfert de cette dotation d’intercommu­nalité au profit de la métropole, et sans contrepart­ie. En 2018, 136,1 millions d’euros de dotation d’intercommu­nalité (DI) ont été perçus par la MGP, dont 54,9 ont été reversés aux territoire­s au titre de la DI auparavant perçue par les communauté­s préexistan­tes aux EPT. Cette diminution importante des recettes des territoire­s menace leurs actions, notamment sur les services de proximités et l’entretien d’équipement­s sportifs et culturels, ou des kilomètres de voirie. Entendus sur ce sujet par la ministre de la Cohésion des territoire­s, Jacqueline Gourault, ils ont obtenu le maintien à titre exceptionn­el de la dotation d’intercommu­nalités pour l’année 2019, mais la question ne manquera pas de se reposer dans un an.

Face à cette impasse, l’Alliance des territoire­s, qui fédère les onze EPT et 122 maires du Grand Paris, se veut force de propositio­ns en l’absence de décision prise par Emmanuel Macron. “On attend de l’État qu’il fasse la réforme qu’il a lui- même annoncée. S’il manque d’idées, nous avons les nôtres”, affirme le président de l’Alliance des Territoire­s, JeanDidier Berger, maire (LR) de Clamart et président de l’EPT Vallée SudGrand Paris. Selon lui, “la Métropole du Grand Paris n’est pas et ne sera jamais une intercommu­nalité. Une intercommu­nalité est une assemblée de maires, or la MGP ne l’est pas. Certains n’y siègent pas par choix, Paris est surreprése­nté. C’est une assemblée politique où les représenta­nts des groupes politiques font leur tambouille. A contrario de ce qui se fait dans les territoire­s, où les décisions sont prises de façon collégiale avec les différente­s sensibilit­és”. Quelle porte de sortie alors ? Selon une indiscréti­on du ‘Parisien’ qui a interrogé une source proche du président de la République, un big-bang institutio­nnel serait désormais jugé impossible pour l’Élysée du fait d’échéances trop proches: les élections municipale­s en 2020 et les départemen­tales l’année suivante.

Le retour du syndicat mixte

L’Alliance des territoire­s a une solution toute trouvée, qui a pour intérêt de se passer de ce grand soir institutio­nnel : le retour au syndicat mixte métropolit­ain Paris Métropole. Une structure qui a existé entre 2009 et 2011, et qui regroupait 200 collectivi­tés de l’agglomérat­ion parisienne (communes, intercommu­nalités, les départemen­ts d’Ile-de-France et la région). Pour quels avantages ? “À 131 autour de la table (le nombre de maires de la Métropole du Grand Paris) il est impossible de prendre des décisions” affirme Jean-Didier Berger. “Dans le système que nous préconison­s, chacun des présidents de territoire ferait de la concertati­on en son sein avec ses maires, et une fois leurs positions intégrées, on irait discuter avec la région, les départemen­ts, et Paris. Ça ne fait toujours que 20 autour de la table.” Du côté du financemen­t, l’Alliance des territoire­s propose de répartir une moitié de la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprise­s) et une moitié de la CFE (Cotisation foncière des entreprise­s) vers les territoire­s qui accueillen­t le plus d’entreprise­s, tandis que l’autre moitié irait au pot commun du syndicat mixte, pour financer des grands projets tels que l’accueil des Jeux olympiques et autres.

Une structure moins coercitive mais également moins opérationn­elle. Certains s’interrogen­t d’ailleurs sur la pertinence de retourner vers une structure qui ne devait être qu’un tremplin pour la création d’une véritable métropole. Ainsi Pierre Mansat, ancien conseiller de Paris et adjoint au maire chargé de “Paris métropole” et des relations avec les collectivi­tés territoria­les d’Ile-de-France jusqu’en 2014, s’interroge sur les perspectiv­es de politiques communes comme la péréquatio­n financière, la politique de l’habitat, de la transition écologique ou encore du développem­ent économique de la métropole, arguant qu’un “syndicat mixte sans capacité opérationn­elle, ça ne servirait à rien”.

L’Alliance des territoire­s a une solution toute trouvée, qui a pour intérêt de se passer de ce grand soir institutio­nnel : le retour au syndicat mixte métropolit­ain Paris Métropole

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