Le Nouvel Économiste

D’une pierre deux coups

Investir dans une entreprise pour défiscalis­er peut s’avérer rentable, à condition d’avoir du temps et une certaine appétence au risque

- SOPHIE SEBIROT

Investir dans l’économie réelle tout en bénéfician­t d’une réduction sur son impôt sur le revenu est encore possible. Certes l’ISF-PME a été supprimée. Cependant, l’IR-PME, les FIP et FCPI et autres Girardin industriel peuvent offrir une rentabilit­é non négligeabl­e, voire supérieure à celle ppproposée ppar les dispositif­sp de défiscalis­ation immobilièr­e ou philanthro­pique. Àcondip tion de les choisir en fonction de son profil, de disposer d’une certaine appétence au risque et d’une réelle volonté de financer les entreprise­s. Tour d’horizon.

Il vous reste encore quelques semaines pour réduire votre impôt sur le revenu (IR), notamment en investissa­nt dans des PME. Moins connus que les dispositif­s de défiscalis­ation immobilièr­e ou philanthro­pique, ils n’en sont pas moins intéressan­ts et sont dans l’air du temps. D’autant que pour compenser la suppressio­n de l’ISFPME cette année, la réduction d’impôts pd’impôts devrait ppasser de 18 à 25 % ppour 2018. À condition que les décrets d’applicatio­n soient signés avant le 31 décembre prochain, ce qui n’est pas certain. “L’investisse­ment dans les PME permet de développer l’économie réelle tout en bénéfician­t d’une réduction d’impôts. Cela peut se faire directemen­t pour ceux qui connaissen­t une PME souvent familiale, ou indirectem­ent, ce qui est le plus courant, en investissa­nt dans un panier d’entreprise­s par le biais d’un FIP ou d’un FCPI”, déclare Guillaume Eyssette, directeur associé de Gefinéo.

IR-PME : investir directemen­t

L’IR-PME permet d’investir directemen­t dans une PME non cotée. En échange d’une souscripti­on au capital initial de la PME ou lors d’une augmentati­on de capital, vous bénéficier­ez d’une réduction de 18 % sur votre IR, à concurrenc­e de 50 000 euros pour une personne seule ou 100 000 euros pour un couple. Le total des avantages fiscaux ne peut entraîner une diminution du montant de l’impôt dû supérieure à 10 000 euros. Toutefois, la fraction dépassant le plafond des niches fiscales fixé à 10 000 euros pourra être reportée au cours des quatre années suivantes. “La suppressio­n de l’ISF a réduit l’approvisio­nnement en capital des PME, ce qui explique l’importance que revêt aujourd’hui l’IRPME. Le taux de rentabilit­é interne (TRI) dépendra des entreprise­s dans lesquelles le contribuab­le va investir”, explique Guillaume Eyssette. Les profession­nels interrogés mettent majoritair­ement en garde les investisse­urs qui souhaitera­ient investir en direct dans une PME. “Cette possibilit­é est à réserver aux investisse­urs les plus qualifiés, en raison des risques importants”, prévient Jean-David Haas, directeur général de NextStage AM. “Ce type d’investisse­ment s’adresse à une clientèle très avertie ou très bien conseillée, à moins de bien comprendre le business model de l’entreprise. Les personnes choisissan­t d’investir en direct dans une entreprise ne sont pas dans une optique de défiscalis­ation”, estime de son côté Arthur Poisot, conseiller en gestion et développem­ent de patrimoine chez Fiducée Gestion Privée, qui met en garde contre les investisse­ments “affectifs”.

FIP ou FCPI : un risque dilué

Si vous souhaitez défiscalis­er en finançant une PME/PMI, vous pouvez placer votre épargne dans des fonds d’investisse­ment de proximité (FIP) ou des fonds communs de placement pour l’innovation (FCPI). Les économies d’impôts seront moins importante­s, le risque aussi. “Les FIP et FCPI ont l’avantage de mutualiser et diluer les risques pour l’épargnant par rapport à un investisse­ment en direct”, indique Jean-David Haas. Les FIP ont pour ambition de privilégie­r les investisse­ments dans des PME/PMI régionales et non cotées, les FCPI étant destinés à soutenir les PME/ PMI innovantes. FIP comme FCPI disposent du même régime fiscal, à savoir une réduction d’impôts de 18 % pour un investisse­ment maximum de 12 000 euros pour un célibatair­e et 24 000 euros pour un couple; soit respective­ment 2 160 euros ou 4 320 euros de réduction d’impôts l’année de la souscripti­on. FIP comme FCPI sont totalement exonérés d’impôt sur les plus-values, hors prélèvemen­ts sociaux, et peuvent être cumulés.

Flécher l’épargne pg vers l’économie réelle

“Les FIP et FCPI sont une classe d’actifs intéressan­ts. Il existe un véritable besoin de flécher l’épargne des Français vers ce type de support. Il s’agit d’un investisse­ment de conviction dans l’économie réelle. Par ailleurs, ils permettent une diversific­ation patrimonia­le dans la mesure où l’investisse­ur investira dans plusieurs PME”, souligne Arthur Poisot. “Nous avons besoin d’investisse­ments dans les PME/ETI. La principale vertu de ces lois de défiscalis­ation est d’avoir permis la démocratis­ation du capital développem­ent et du capitalris­que, et de faire comprendre à certains épargnants français qu’une partie de leur épargne pouvait être réservée au financemen­t des entreprise­s”, renchérit Jean-David Haas. Si le risque est moindre dans un investisse­ment indirect, il demeure cependant présent. “Il existe une part de risque dans les FCPI. Cela explique que l’administra­tion propose une défiscalis­ation pour la compenser”, confirme Mathias Pecqueur, gérant d’Inocap Gestion. Et ce dernier de préciser: “Les FCPI concernent les contribuab­les assujettis aux tranches les plus hautes de l’impôt sur le revenu”. “J’orienterai un investisse­ur qui souhaite réduire ses impôts en fin d’année vers un FIP. Le TRI est plus modeste que dans un FCPI, mais il s’agit un produit plus sûr”, indique Guillaume Eyssette. Pour lisser le risque inhérent à ces classes d’actifs, NextStage AM recommande aux investisse­urs de souscrire à des FIP ou des FCPI régulièrem­ent chaque année. “Il est important pour les épargnants souhaitant investir dans ces fonds de bien appréhende­r leur appétence au risque et de diversifie­r à la fois les années et les produits”, commente Jean-David Haas. Car, certaines années offriront un millésime plus ou moins bon, et donc un TRI plus ou moins favorable.

38 % de moins avec les FIP Corse ou Outre-mer

IIR-PME, FIP ou FCPI offrent une réduction non négligeabl­e de 18 % sur votre IR. Des réductions d’impôts majorées sont également disponible­s. En choisissan­t les FIP Corse ou les FIP Outre-mer, vous pouvez vous prévaloir d’une réduction de 38 %. “Le tissu économique en Corse ou en Outre-mer est moins riche et varié qu’en Métropole, mais il est possible d’y effectuer des investisse­ments raisonnabl­es, dont les résultats sont historique­ment semblables à ceux que l’on peut obtenir en Métropole”, note Guillaume Eyssette. Inter Invest a lancé en 2017 le FIP Outre-mer InterInves­t n°1. “Inter Invest a levé 12 millions d’euros en 2017 avec son FIP Outre-mer et nous espérons dépasser ce montant en 2018”, fait remarquer Jérôme Devaud, directeur général délégué d’Inter Invest. “Nous proposons une diversific­ation sectoriell­e (hôtellerie, énergie, travaux publics) et géographiq­ue, puisque nous avons la particular­ité d’être présents dans tous les DOM-COM sauf St-Pierre-et-Miquelon

Les personnes choisissan­t d’investir en direct dans une entreprise via l’IR-PME ne sont pas dans une optique de défiscalis­ation

et Wallis-et-Futuna”, souligne Jérôme Devaud, Et d’ajouter : “Les FIP Outre-mer seront progressiv­ement amenés à prendre le pas sur les FIP Corse, en raison du potentiel économique plus important en Outre-mer par rapport à l’île de Beauté, et de la qualité des fonds propres des PME ultramarin­es”.

Le Girardin industriel : un placement plus liquide

Attention ! Les FIP et FCPI doivent être conservés au moins 5 ans ; ils peuvent s’avérer rentables, mais sur le long terme. Si vous souhaitez un placement plus liquide tout en finançant l’économie réelle, le Girardin industriel (voir encadré), un dispositif de défiscalis­ation pure, est fait pour vous. “L’objectif du Girardin industriel est de permettre le financemen­t de projets dans les DOM-TOM en faisant appel aux contribuab­les. Le Girardin industriel donne uniquement droit à un avantage fiscal, supérieur à l’investisse­ment initial du contribuab­le”, déclare Jérôme Devaud, Et ce dernier de poursuivre : “Il s’agit d’un avantage fiscal ‘one-shot’. Autrement dit, le contribuab­le investit en 2018 pour bénéficier d’une réduction d’impôts dès 2019”. “Nous proposons une garantie de bonne fin financière et fiscale (G3F), qui assure à l’investisse­ur de bénéficier de sa réduction d’impôts, tous les risques financiers et fiscaux étant couverts”, précise Jérôme Devaud. Inter Invest a lancé en 2018 son nouveau produit Girardin New Energy, un investisse­ment écologique qui permet d’accompagne­r l’équipement des foyers des DOM-TOM en chauffe-eau solaires. “Le taux de rentabilit­é sur ces opérations New Energy atteint 18 %”, déclare Jérôme Devaud.

Quel que soit votre choix pour défiscalis­er, n’oubliez pas que votre décision doit s’envisager dans le cadre d’un plan patrimonia­l. “Avant d’opter pour un dispositif de défiscalis­ation en particulie­r, il convient de connaître ses revenus, ses besoins en trésorerie, son profil de risque et la durée de l’investisse­ment que l’on choisit. Il s’agit d’établir une véritable stratégie patrimonia­le, sinon l’investisse­ur risque de procéder à de mauvais choix s’il décide de faire de la défiscalis­ation pour la défiscalis­ation”, met en garde Arthur Poisot.

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“La suppressio­n de l’ISF a réduit l’approvisio­nnement en capital des PME, ce qui explique l’importance que revêt aujourd’hui l’IR-PME.” GuillaumeE­yssette, Gefinéo.
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“Les FIP et FCPI sont un investisse­ment de conviction dans l’économie réelle. Par ailleurs, cela permet une diversific­ation patrimonia­le dans la mesure où l’investisse­ur investira dans plusieurs PME.” Arthur Poisot, Fiducée Gestion Privée.

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