Le Nouvel Économiste

Petit vent de modernité

Les nouveaux statuts typesyp validés par le Conseil d’État visent à fluidifier le fonctionne­ment et la gouvernanc­e des associatio­ns et fondations RUP

- MARIE LYAN

Le Conseil d’État a approuvé de nouveaux statuts types pour les fondations et les associatio­ns qui souhaitent être reconnues d’utilité publique (FRUP et ARUP), avec la volonté de moderniser et simplifier leur fonctionne­ment et d’apporter plus de transparen­ce. Avec une utilisatio­n accrue des nouvelles technologi­es, ainsi qu’une simplifica­tion du fonctionne­ment et la mise en place d’un processus pour accompagne­r la gestion des conflits d’intérêts,, ces nouvelles dispositio­nsp amenées par le Conseil d’État sont entrées en vigueur dès l’été 2018. Elles pourraient cependant avoir un impact contrasté sur leur fonctionne­ment, en fonction de leur degré d’avancement sur ces sujets.

Une réforme qui va dans le bon sens et qui répond à des évolutions que la pratique a essayé d’imposer avec le temps.” C’est en ces mots que Jean Buchser, vice-président de l’Institut des dirigeants d’associatio­ns et fondations (IDAF), résumait l’annonce de nouveaux statuts types pour les associatio­ns et fondations reconnues d’utilité publique ( ARUP et FRUP), réalisée par le Conseil d’État.

Cette décision intervient alors que l’on assiste depuis une vingtaine d’années à ce qu’Antoine Vaccaro, président du Centre d’étude et de recherche sur la philanthro­pie (CerPhi), qualifie d’un “encouragem­ent de la générosité”, avec notamment la loi d’août 2003 ayant élargi les possibilit­és de collectes de fonds aux grandes fondations, augmenté le plafond de déduction fiscale et instauré les avantages que peut proposer une fondation abritante à l’égard de fondations abritées.

“Il ne faut pas oublier que les acteurs associatif­s sont aussi des acteurs économique­s et représente­nt un grand pan du PIB, puisqu’ils

couvrent environ 80 % de l’économie sociale et solidaire (ESS)”, rappelle Dominique Chabas, fondateur du cabinet Chabas & Associés. D’après le Centre français des fonds et fondations (CFF), l’Hexagone rassemble, d’après les derniers chiffres disponible­s, près de 655 fondations RUP et 1 650 fondations sous égide, contre près de 2 900 fonds de dotation, le principal statut qui se positionne en concurrenc­e. Une place qqui jjustifiai­t donc un ppetit toilettage de la part du Conseil d’État, en vue de valider certaines évolutions déjà en vigueur en matière de fonctionne­ment.

Ces nouveaux statuts types, publiés le 6 août 2018, changent en effet la donne pour les ARUP et les

FRUP en consacrant un ensemble de bonnes pratiques qui étaient jusqu’ici en vigueur chez certaines associatio­ns et fondations qui avaient endossé le rôle de précurseur­s. Avec un point de vigilance cependant, puisque ces nouvelles règles ne concernero­nt dans un premier temps que les structures qui viendraien­t à se constituer à compter de cette date. “Les structures existantes seront aussi ciblées, mais dans un second temps, une fois qu’elles seront rendues à une étape de révision de leurs propres statuts”, ajoute Kathleen Mc Leod Tremaux, avocate au sein du cabinet EY Société d’Avocats.

S’adapter à l’ère numérique

Parmi les mesures annoncées, certaines auront probableme­nt un impact plus fort que d’autres sur le quotidien immédiat des structures. C’est par exemple le cas de la convocatio­n des adhérents par e-mail, qui n’était jusqu’ici pas possible au sein des FRUP, ainsi que la tenue des réunions à distance, qui est validée dans cette nouvelle mouture. En plus de générer des économies en matière de coûts de déplacemen­ts, Jean Buchser

rappelle que cela va simplifier la tâche des administra­teurs et des CA pour se réunir. “Beaucoup d’ARUP avaient des difficulté­s à réunir l’ensemble de leurs administra­teurs autour d’une même table, voire même à séduire de nouvelles recrues, car leurs activités ou déplacemen­ts s’avéraient compliqués.”

Sans compter qu’une telle mesure pourrait permettre aux CA de gagner en agilité, en convoquant plus facilement ses administra­teurs en cas d’urgence. Et d’offrir aussi une plus large palette de solutions aux représenta­nts de l’État pour assurer leur fonction de surveillan­ce au sein des conseils. “On a le souvenir de cas où les pouvoirs publics n’envoyaient pas toujours leurs représenta­nts et qui découvraie­nt certains éléments par voie de presse”, complète Antoine Vaccaro. Pour autant, l’entrée de ces nouvelles technologi­es “ne se fera que si les structures se sont dotées en amont d’un règlement en précisant les modalités, afin de s’assurer que le fonctionne­ment reste démocratiq­ue”, avance Anca Ilutiu, responsabl­e du Pôle juridique du Centre français des fonds et fondations (CFF). D’autres dispositio­ns, comme la possibilit­é de révoquer un

administra­teur après trois absences successive­s ou suite au non-paiement de sa cotisation annuelle, permettrai­ent également de fluidifier le fonctionne­ment des CA, “en évitant que des organisati­ons ne soient handicapée­s par la présence de personnes occupant un siège à titre honorifiqu­e”, souligne Antoine Vaccaro.

Ces nouveaux statuts types consacrent un ensemble de bonnes pratiques qui étaient jusqu’ici en vigueur chez certaines associatio­ns et fondations qui avaient endossé le rôle de précurseur­s

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“Les acteurs associatif­s sont aussi des acteurs économique­s et représente­nt un grand pan du PIB, puisqu’ils couvrent environ 80 % de l’économie sociale et solidaire.” Dominique Chabas, cabinetCha­bas & Associés.

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