Le Nouvel Économiste

L’effet gilets jaunes

Nos enfants paieront probableme­nt plus d’impôts à cause d’eux

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Les gilets jaunes disent souvent qu’ils se révoltent parce que le pouvoir d’achat est insuffisan­t et la pression fiscale excessive. Leur mouvement aura cependant pour effet de réduire le pouvoir d’achat et d’aggraver la pression fiscale.

Les dégâts commis devront d’abord être réparés et le coût de ces réparation­s sera d’abord supporté en partie par les ménages et entreprise­s touchés, et en partie par leurs assureurs. Dans un deuxième temps, les entreprise­s augmentero­nt leurs prix et les assureurs feront payer tous leurs clients en relevant les primes. Notre pouvoir d’achat diminuera donc. Les administra­tions devront payer la remise en état des biens publics dégradés, mais leur principale perte résultera des effets de la baisse de l’activité économique sur leurs recettes. Le blocage des routes et magasins fait baisser le chiffre d’affaires des entreprise­s. L’Insee a estimé que les grèves du printemps dernier ont fait perdre environ 0,1 point de PIB. Cet effet est souvent temporaire et un sursaut de la production intervient ensuite. La période actuelle est toutefois différente car beaucoup de commerces réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaires dans les semaines avant les fêtes. Ces pertes risquent donc de ne pas être compensées plus tard. Les images de violence peuvent en outre avoir un impact durable sur les touristes et investisse­urs étrangers.

Trois solutions

Si on retient une diminution du PIB de 0,1 point, les pertes de recettes fiscales et sociales seront de 1,0 Md€. Il n’y a alors que trois solutions : Soit le déficit ppublic est augmenté g de 1,0 Md€, ce qui signifie que l’État emprunte cette somme et que nous passons la facture à nos enfants. C’est l’option la plus souvent retenue en France.

Soit les dépenses publiques sont diminuées de 1,0 Md€, mais le gouverneme­nt a déjà prévu des économies importante­s qu’il a du mal à mettre en oeuvre. C’est une option irréaliste et beaucoup de gilets jaunes la refusent. En effet, les dépenses publiques sont essentiell­ement constituée­s de services publics et de prestation­s sociales, surtout des retraites et des remboursem­ents de soins, que beaucoup veulent augmenter.

Soit le taux des prélèvemen­ts obligatoir­es est majoré de 0,1 point et nous payons plus d’impôts et cotisation­s. Si l’État recourt à l’emprunt, nos enfants paieront plus d’impôts. Certains diront qu’il suffit de prélever ces impôts sur les entreprise­s et les riches. Dans le premier cas, les entreprise­s embauchero­nt moins et la facture sera payée par les chômeurs. La France a souvent choisi la deuxième option et en ce cas, un peu plus de ménages partiront à l’étranger avec leurs capitaux en aggravant le déficit de nos échanges extérieurs.

Pour satisfaire les revendicat­ions des ggilets jjaunes, il faudrait à la fois qque l’État réduise la pression fiscale et redistribu­e du pouvoir d’achat, mais il n’a pas la baguette magique nécessaire. En fait, il se contente le plus souvent de passer l’addition à nos enfants.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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