Le Nouvel Économiste

Comment choisir sa banque privée ?

Relationne­l, confiance, performanc­e, valeur ajoutée… comment arbitrer ?

- SOPHIE SEBIROT

Un choix crucial puisqu’audelà de la simple gestion de votre patrimoine, il en va de sa valorisati­on et de la protection de vos actifs sur le long terme

Au-delà du ticket d’entrée qui constitue un premier seuil à franchir, le choix d’une banque privée repose sur plusieurs critères. Le relationne­l est bien sûr primordial, tout comme la performanc­e financière et la solidité de la banque en ces tempsp de taux au plancher. À vous ensuite de voir si vouspriq vilégiez les banques oeuvrant en architectu­re

ouverte, et si souhaitez ajouter une touche de digitalisa­tion. Cela afin de mener à bien vos projets en matière de valorisati­on et de transmissi­on de votre patrimoine.

Vous faites partie des privilégié­s qui peuvent et veulent confier leur patrimoine à une banque privée pour bénéficier d’une plus grande personnali­sation et d’un meilleur suivi ? Désormais, il convient de bien choisir votre établissem­ent. Un choix crucial puisqu’au-delà de la simple gestion de votre patrimoine, il en va de sa valorisati­on et de la protection de vos actifs sur le long terme. Certes, quelques impératifs vous aideront. Le montant de vos actifs disponible­s déterminer­a votre ticket d’entrée et imposera de facto une première sélection. Toutefois, avec l’arrivée des grands réseaux bancaires sur le segment des banques privées, celui-ci a diminué ces dernières années. En revanche, le ticket d’entrée donnant droit à la gestion de fortune demeure à un seuil minimal d’un, voire de plusieurs millions d’euros.

Ensuite, tout dépend de votre profil d’investisse­ur. Il est préférable de choisir la banque qui répondra le mieux à vos besoins en financemen­ts, votre internatio­nalisation ou celle de votre famille, mais aussi aux apports financiers familiaux potentiels, sans oublier l’aspect juridique et fiscal. “Il convient d’être prudent et de bien choisir un conseil. Il est essentiel de bien comprendre quel environnem­ent vous propose la banque privée. Cela ne se résume pas seulement à un ticket d’entrée, mais aussi aux projets que vous pouvez avoir en matière de transmissi­on et de développem­ent de votre patrimoine”, commente Cédric Goguel, responsabl­e du marché clientèle patrimonia­le & banque privée de Crédit Agricole SA.

Une relation privilégié­e

Bien comprendre l’environnem­ent d’une banque privée nécessite de prendre rendez-vous, afin de constater si l’établissem­ent est à la mesure de vos attentes et de tester le relationne­l. La banque privée est bâtie sur une relation de confiance qui s’inscrit dans la durée. Car à plus ou moins long terme, le banquier privé devient le confident de la famille. “Certains de nos banquiers privés en gestion de fortune suivent des familles depuis deux, voire trois génération­s”, fait valoir Yann Lhuissier directeur marchés et clients, banque privée et développem­ent immobilier de LCL. “La relation humaine est primordial­e pour le choix de la banque privée. Il est cependant important de souligner que le premier interlocut­eur que rencontrer­a un client ne sera pas forcément son banquier privé. Au-delà d’une seule personne, selon la nature de son projet, le client sera en contact avec toute l’équipe de spécialist­es de la banque privée”, souligne Cédric Goguel. Celui-ci estime que la qualificat­ion des interlocut­eurs de la banque privée est également cruciale : “il ne faut pas hésiter à poser des questions sur la qualificat­ion du personnel et son parcours”.

Le nombre de clients suivis par le banquier privé peut également constituer un critère de choix. La disponibil­ité et l’individual­ité de la relation comptent. “Certains conseiller­s suivent 300 clients ; la norme serait plutôt autour de 80 à 120 clients pour un conseil davantage personnali­sé”, estime Olivier Nigen, directeur d’Arkéa Banque Privée. Dans la gestion de fortune, le nombre de familles suivies sera inférieur à 50. “Le choix d’une banque privée est à la fois une histoire de relation humaine, mais aussi de raison d’être des établissem­ents et de sécurité. Les clients attendent d’une banque privée la protection de leur patrimoine et de leurs proches”, résume Cédric Goguel.

Une offre étendue et une architectu­re ouverte

Chaque banque privée propose un ensemble de services similaires, auxquels s’ajoutent certaines spécialité­s. Certaines banques seront davantage spécialisé­es dans l’internatio­nal, d’autres dans la gestion d’actifs ou l’octroi de crédits. Le choix d’une banque privée dépendra donc de votre profil patrimonia­l et de vos projets. “Avant de choisir une banque privée, il importe de vérifier au préalable si l’établissem­ent est en capacité d’offrir tous les services d’une banque, de la remise d’un chéquier à la gestion de patrimoine, en passant par l’accord de crédits. Certains établissem­ents se donnent le nom de banque privée, mais sont davantage des conseils en gestion de patrimoine”, fait remarquer Olivier Nigen. Et de poursuivre : “le premier critère de choix sera donc la palette de l’offre bancaire et la capacité de la banque d’effectuer des opérations mineures comme des opérations plus complexes”.

Les profession­nels interrogés recommande­nt de vérifier la capacité de l’établissem­ent à fonctionne­r en architectu­re ouverte. Autrement dit, si la banque privée utilise des fonds de placements d’autres institutio­ns financière­s. “C’est un gage d’objectivit­é et de performanc­es pour les clients. Regarder l’éventail de l’offre proposée qui ne se résume pas aux produits maison s’impose”, affirme Olivier Nigen. Une architectu­re ouverte largement plébiscité­e. “La banque Delubac fonctionne en architectu­re ouverte ; nous proposons différents services, comme l’octroi de crédit, l’affacturag­e mais aussi la mobilisati­on de créances. En raison de l’ancienneté de l’établissem­ent, nous disposons de la totalité des agréments bancaires”, fait valoir Serge Bialkiewic­z, associé gérant de la Banque Delubac & Cie. Même son de cloche chez LCL. “Pour LCL Banque Privée, être adossé à un grand groupe permet de bénéficier de l’expertise d’acteurs internes puissants comme Amundi ou CA Assurance. Pour autant, notre offre est en architectu­re ouverte avec également les solutions de partenaire­s externes” souligne Yann Lhuissier. “Certaines banques privées ne proposeron­t que leurs produits, alors que d’autres seront en architectu­re ouverte. Le futur client devra choisir sa banque privée en fonction de ses projets. Choisir une banque privée, c’est choisir une banque capable de mener à bien vos projets”, résume Cédric Goguel.

Performanc­e financière et sécurité

Dans un contexte de taux toujours au plus bas, synonyme notamment de baisse de rentabilit­é de certains actifs et source d’inquiétude pour les banques, la solidité d’une banque privée est primordial­e, tout comme sa performanc­e financière. Selon le 5e baromètre Swiss Life/Opinion

Way 2018, la solidité de l’établissem­ent est d’ailleurs l’un des critères qui a le plus augmenté entre 2017 et 2018 (+10 points à 24 %). “La solidité d’une banque privée est un critère de choix important. La banque Delubac, fondée en 1924, a survécu à toutes les crises”, confirme Serge Bialkiewic­z. Et de faire valoir : “la banque familiale Delubac dispose du statut de société en commandite simple ; elle est dirigée par des associés responsabl­es sur leur patrimoine personnel de l’avenir de la banque. C’est un gage de confiance très important pour nos clients. Nous sécurisons la gestion des patrimoine­s qui nous sont confiés, en conservant le capital et en obtenant du rendement. Nous proposons une gestion du patrimoine de ‘bon père de famille’ en privilégia­nt le moyen et le long terme au détriment de la rentabilit­é immédiate”. “La solidité financière d’une banque privée se regarde davantage qu’hier et constitue, à mon sens, l’un des critères de choix d’une banque privée”, renchérit Yann Lhuissier. Et d’ajouter : “la capacité d’innovation de la banque privée constitue un autre critère important”.

Une digitalisa­tion de plus en plus demandée

De fait, les nouveaux clients des banques privées, plus jeunes et plus autonomes, sont davantage demandeurs de digitalisa­tion. En outre, l’entrée en vigueur de MIF2 début 2018 incite les établissem­ents bancaires à faire preuve d’imaginatio­n pour prouver leur valeur ajoutée. “La transparen­ce des frais est désormais imposée aux banques privées. Ces dernières doivent donc démontrer la valeur ajoutée qu’elles apportent à leurs clients”, commente Bruno Zutterling, président fondateur d’EasyBuzine­ss. “Le secteur bancaire a changé de paradigme ; il est important que les banques privées apportent des réponses à ces changement­s et que l’établissem­ent retenu adapte ses services aux nouvelles demandes de ses clients, désormais plus autonomes, en quête d’immédiatet­é, et apporte davantage de personnali­sation et de conseils à valeur ajoutée”, confirme Béatrice Belorgey, directrice de BNP Paribas Banque Privée. “Les moyens digitaux d’une banque privée peuvent être déterminan­ts dans le choix. Le self-care est important pour les clients, car ils souhaitent reprendre la main sur leur patrimoine, tout en continuant d’avoir une relation avec leurs conseiller­s”, renchérit Cédric Goguel. “Il ne faut pas se priver d’intelligen­ce artificiel­le ou de robos-advisors pour des solutions de produits. Toutefois, pour le diagnostic, il est préférable d’avoir recours à un banquier privé. La banque privée est un métier d’intuitu personae. Le rapport humain est essentiel, ce que ne peut apporter l’intelligen­ce artificiel­le”, tempère Olivier Nigen.

Les nouveaux clients des banques privées, plus jeunes et plus autonomes, sont davantage demandeurs de digitalisa­tion

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à un ticket d’entrée.” Cédric Goguel, Crédit Agricole SA.
“Il est essentiel de bien comprendre quel environnem­ent vous propose la banque privée. Cela ne se résume pas seulement à un ticket d’entrée.” Cédric Goguel, Crédit Agricole SA.
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de choix d’une banque privée.” Yann Lhuissier, LCL Banque privée.
“La solidité financière d’une banque privée se regarde davantage qu’hier et constitue, à mon sens, l’un des critères de choix d’une banque privée.” Yann Lhuissier, LCL Banque privée.
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plus complexes.” Olivier Nigen, Arkéa Banque Privée.
“Le premier critère de choix sera la palette de l’offre bancaire et la capacité de la banque d’effectuer des opérations mineures comme des opérations plus complexes.” Olivier Nigen, Arkéa Banque Privée.

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