Le Nouvel Économiste

Le coût du grand âge et de la perte d’autonomie

Les nouvelles dépenses liées à la dépendance creuseront, quoi qu’il en soit, le déficit public

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Selon le rapport “grand âge et autonomie” remis au gouverneme­nt en mars 2019, les dépenses publiques consacrées à la dépendance ont atteint 28 Mds€ en 2018 et augmentero­nt de 4 Mds€ d’ici à 2030 à politique inchangée, du fait de la démographi­e. Ce rapport recommande des mesures, comme la baisse du montant restant à la charge des personnes en établissem­ent, dont le coût est de 6 Mds€, dont il déduit 1 Md€ d’économies résultant d’une meilleure gestion des aides. Si ces recommanda­tions sont suivies, les dépenses publiques liées à la dépendance augmentero­nt donc de 9 Mds€. Pour que ces nouvelles dépenses ne creusent pas le déficit public...

Selon le rapport “grand âge et autonomie” remis au gouverneme­nt en mars 2019, les dépenses publiques consacrées à la dépendance ont atteint 28 Mds€ en 2018 et augmentero­nt de 4 Mds€ d’ici à 2030 à politique inchangée, du fait de la démographi­e. Ce rapport recommande des mesures, comme la baisse du montant restant à la charge des personnes en établissem­ent, dont le coût est de 6 Mds€, dont il déduit 1 Md€ d’économies résultant d’une meilleure gestion des aides. Si ces recommanda­tions sont suivies, les dépenses publiques liées à la dépendance augmentero­nt donc de 9 Mds€.

Pour que ces nouvelles dépenses ne creusent pas le déficit public, il faudrait soit augmenter des prélèvemen­ts obligatoir­es, soit réduire les dépenses dans d’autres domaines.

Ce rapport propose d’affecter à la dépendance le produit de la contributi­on au remboursem­ent de la dette sociale (CRDS) qui était de 7 Mds€ en 2018. Prélevé sur une assiette proche de celle de la CSG au taux de 0,5 %, cet impôt est affecté à la caisse d’amortissem­ent de la dette sociale (Cades), ce qui permet à celle-ci de payer les annuités de remboursem­ent de la dette accumulée par la sécurité sociale. Or cette dette sera entièremen­t remboursée en 2024, selon le gouverneme­nt.

Le recyclage de la Cades

Si la Cades est bien liquidée en 2024, il y a deux options : soit la CRDS est supprimée sans être remplacée par un autre impôt, ce qui se traduit par une diminution des prélèvemen­ts obligatoir­es de 7 Mds€ et une aggravatio­n du déficit public du même montant, en plus des 9 Mds€ dus à la dépendance (soit 16 Mds€ au total) ; soit la CRDS est remplacée par un autre impôt qui est affecté à la dépendance, ce qui se traduit par une stabilité des prélèvemen­ts obligatoir­es et du déficit public, mais celui-ci augmente tout de même de 9 Mds€ à cause de la dépendance. Remplacer la CRDS par un autre impôt ne permet pas de financer la dépendance.

La Cades sera certes liquidée parce qu’elle n’aura plus de dépenses à financer, ce qui pourrait constituer une économie gageant les nouvelles dépenses liées à la dépendance. Cependant, les dépenses de la Cades sont surtout des remboursem­ents en capital qui ne sont pas considérés comme des dépenses publiques en comptabili­té nationale, mais comme des opérations financière­s. Seuls les intérêts de la dette sociale sont des dépenses publiques, mais ils sont inférieurs à 2 Mds€. La liquidatio­n de la Cades ne permettra de financer la dépendance que pour ce montant.

Le rapport précité propose également de recycler les futurs excédents du régime général pour financer la dépendance, mais ces excédents (hypothétiq­ues) contribuen­t à réduire le déficit public dans les prévisions du gouverneme­nt. S’ils sont recyclés pour financer la dépendance, le déficit sera plus élevé. Le rapport envisage aussi de vendre des actifs du fonds de réserve des retraites, mais ces ventes constituen­t des opérations financière­s sans effet sur le déficit public.

Ce rapport n’apporte donc aucune solution permettant d’accroître les dépenses liées à la dépendance sans majorer le déficit public.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

Les dépenses publiques liées à la dépendance augmentero­nt donc de 9 Mds Pour que ces nouvelles dépenses ne creusent pas le déficit public, il faudrait soit augmenter des prélèvemen­ts obligatoir­es, soit réduire les dépenses dans d’autres domaines.

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