Le Nouvel Économiste

Le temps de la SQY Tower n’est pas encore venu

Un projet reparti aussi vite qu’il est arrivé

- LUCAS HOFFET

Au cours de l’été, la communauté d’agglomérat­ion de Saint-Quentinen-Yvelines a surpris son monde en annonçant le projet de constructi­on d’une tour dont la hauteur serait comprise entre 180 et 250 mètres de hauteur. Soit potentiell­ement, un immeuble plus haut que l’iconique tour Montparnas­se ou que les gratteciel de la Défense – avant de rectifier la que hauteur maximale ne dépasserai­t pas les 180 mètres. Une idée soumise par des architecte­s lors du dernier MIPIM (Marché internatio­nal des profession­nels de l’immobilier) au président de la communauté d’agglomérat­ion, Jean- Michel Fourgous. Ce projet misait sur l’attractivi­té de Saint-Quentin pour les entreprise­s en leur offrant des

“locaux du futur”. Mais face à une levée de boucliers, le projet a été retoqué.

Une idée pas si folle ?

Cette tour, que Jean-Michel Fourgous voulait nommer ‘SQY Tower’, devait accueillir des bureaux dans ses étages supérieurs, mais aussi un hôtel 5 *, un palais des congrès ou encore un restaurant panoramiqu­e. “Nous avons de superbes entreprise­s, et pour en attirer d’autres, il faut offrir les meilleurs services”, expliquait JeanMichel Fourgous. Hubris, démesure ? À l’heure où toutes les métropoles de province quasiment sans exception, de Marseille à Lyon en passant par Strasbourg ou Rennes, projettent d’accueillir ou abritent déjà sur leur territoire des immeubles de grande hauteur. Si les tours fleurissen­t dans les métropoles, pourquoi pas en milieu périurbain, où l’étalement urbain est de plus en plus contesté et où l’artificial­isation des terres doit s’arrêter ? “Pour respecter l’environnem­ent, les villes qui se développen­t doivent aujourd’hui éviter l’étalement urbain. Pourtant, les projets architectu­raux de tours et de bâtiments en hauteur, qui semblent être une alternativ­e à l’étalement urbain, font encore débat auprès de nombreux citadins”, détaille Demain la Ville, site de réflexion et de prospectiv­e appartenan­t a Bouygues Immobilier. Si la densificat­ion verticale en hauteur semble acceptable en milieu dense, elle ne l’est pas (encore ?) en milieu périurbain.

Marketing territoria­l

Une tour implantée à SaintQuent­in- en- Yvelines fait sens si l’on observe l’image que l’exécutif local veut renvoyer de la ville nouvelle. Forte de la proximité de Paris- Saclay et de la présence de grands groupes industriel­s, la communauté d’agglomérat­ion a mis en avant depuis quelques années, son business- to- territory ( BtoT), en plaçant les plateforme­s d’innovation au centre d’une stratégie de développem­ent territoria­l. Une stratégie destinée à favoriser la croissance de PME au sein de la communauté d’agglomérat­ion. Ce marketing territoria­l vise à présenter Saint-Quentin-en-Yvelines comme un pôle d’innovation, et un projet de constructi­on d’une tour serait le parachever.

Du côté de l’opposition, le projet a été considéré comme inutile et imposé. “Il sera énergivore, augmentera la circulatio­n et les émissions de gaz à effet de serre, et coûtera cher aux contribuab­les.”

L’exécutif a-t-il tenté un coup à la Brende, du nom de cette ville danoise de 7 000 habitants qui devrait accueillir en 2023 le siège social du groupe de distributi­on de pr ê t - à - porter Bestseller ? L’immeuble en question, une tour de 320 mètres de hauteur, a été plutôt bien accueilli localement, obtenant l’aval de la municipali­té et l’approbatio­n des habitants.

Toujours est-il que si le temps des tours n’est pas encore arrivé en milieu périurbain, les tours ne sont pas toujours acceptées non plus en milieu dense. À Paris, le projet de tour Triangle, dont le lancement des travaux est espéré par la mairie en 2020, se fait toujours attendre.

A contrario, certains territoire­s concentrés dans les extrémités est, ouest et nord de la région ont vu leur qualité de vie s’améliorer globalemen­t. À noter que ceux situés en Seine-et-Marne ont profité d’une hausse du taux d’emploi et de la stabilité de ces jobs, ainsi que d’une baisse de la surrocupat­ion des habitation­s.

Pourtant, ces zones où il fait meilleur vivre, situées aux franges de la région, appartienn­ent souvent à une catégorie de petites communes défavorisé­es. Moins bien dotées en équipement­s et en transports en commun, le revenu médian est le plus faible de la région tandis que la mortalité y est la plus élevée.

Elles s’opposent ainsi à la “zone centrale” de la métropole du Grand Paris, très dense, où le revenu médian relativeme­nt élevé est nuancé par les importants coûts de la vie et du logement, avec des crimes et délits plus nombreux.

CNews - 22/10

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